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12 jours après le piratage du navire blida au large de la somali

  • 12 jours après le piratage du navire Blida au large de la Somalie Aucune demande n’a été formulée par les ravisseurs

     

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    Depuis le 5 janvier dernier, aucun contact n’a été établi avec les ravisseurs somaliens qui retiennent le vraquier Blida, avec à son bord 27 membres d’équipage, dont 17 Algériens. Le navire est au large de la côte somalienne, à plus de 2000 km du lieu du rapt. Pour la première fois, les pirates ont utilisé des chalutiers de haute mer pour aller aussi loin à la recherche de navires otages…

    Douze jours après la capture du vraquier Blida par des pirates somaliens au large du golfe d’Oman, aucune demande n’a été formulée par les ravisseurs. Le 5 janvier dernier, les pirates avaient pris attache par téléphone avec le patron de International Bulk Carriers (IBC), l’exploitant du navire, lequel a exigé de parler au commandant ukrainien du navire. «La discussion a tourné autour de l’état de santé des 27 membres d’équipage qui étaient à bord. A l’exception de quelques-uns, tous ont été autorisés à rassurer leurs familles, toujours à l’aide d’un téléphone remis par les ravisseurs pour un temps très court», a révélé le directeur général de IBC à Alger, Nasreddine Mansouri.


    Depuis, c’est le silence radio, précise-t-il. Néanmoins, il explique que c’est la première fois que les pirates s’aventurent aussi loin des côtes somaliennes en recourant à de nouveaux procédés. «Ils ont enlevé des chalutiers en haute mer sur lesquels ils ont chargé leurs petites embarcations dotées de moteurs très puissants. Le navire avait quitté le port de Salalah (sultanat d’Oman) vers 1h, dans la nuit du 31 décembre, après avoir chargé 26 000 tonnes de clinker pour le compte de la Compagnie de trading de ciment (CTC). Il devait se rendre vers le port de Dar Es Salem, en Tanzanie. Il a évité la zone dite dangereuse en remontant très loin vers le nord, au lieu de longer la côte somalienne. Il a fait plus de 16 heures de  navigation avant que les pirates ne le prennent d’assaut. Une fois qu’ils ont pris le contrôle, ils ont coupé tous les équipements radio et l’ont acheminé vers la côte somalienne, à plus de 2000 km, soit à peu près à cinq jours de navigation. Le Blida a été détourné dans une zone sûre. Il a fait un immense détour pour éviter d’être pris au piège. Mais les pirates avaient un autre plan. Nous ne savons pas s’ils l’avaient suivi depuis le port de Salalah, ce qui est vraisemblable, ou qu’ils l’attendaient à plus de 16 heures de navigation. C’est la thèse la plus plausible pour l’instant», révèle M. Mansouri. Un exploit, selon les spécialistes qui surveillent les actes de piraterie au large de la Somalie. «Ce qui veut dire que les auteurs ont changé de stratégie. Ils évoluent selon la riposte des frégates militaires qui escortent les navires transportant l’aide humanitaire destinée à certains Etats africains. Ils ont profité du relâchement du contrôle en ces fêtes de fin d’année pour agir. D’ailleurs, du 20 décembre au 1er janvier, ils ont enlevé 10 navires, dont le dernier est le Blida. Il y a actuellement 28 navires en captivité avec à leur bord 664 marins. Ils ont tous été piratés entre le 29 mars 2010 et le 1er janvier 2011», indique une source sécuritaire sous couvert de l’anonymat. Celle-ci rappelle qu’en 2009, les rançons payées aux pirates en contrepartie de la libération des navires ont atteint la somme de 110 millions de dollars. Une manne qui, finalement, encourage les actes de piraterie et fait de la région la zone la plus dangereuse du monde. 


    Pour ce qui est de l’état de santé des membres de l’équipage du MV Blida –composé de 17 Algériens entre officiers et marins, d’une équipe de 3 techniciens de maintenance (2 Philippins et un Jordanien), de 5 Ukrainiens, d’un Jordanien et d’un Indonésien – M. Mansouri se dit optimiste : «Ce qui nous réconforte, c’est que jusqu’à présent, les pirates n’ont pas utilisé la violence contre leurs otages. Ils attendent le moment opportun pour faire connaître leurs demandes. Notre seul souci, pour l’instant, c’est de préparer les familles à l’éventualité que l’affaire puisse durer. La détention peut durer quelques semaines comme elle peut aller jusqu’à neuf mois (cela a été le cas d’un navire) sans oublier que le voilier d’un couple allemand est entre les mains des pirates depuis plus d’une année.» Ce dernier tient néanmoins à rendre hommage au «courage» des familles des marins en disant : «Ces familles sont d’une dignité extraordinaire. Elles n’ont pas paniqué et sont restées très sereines face à la tragédie. Nous les appelons tous les jours. Les responsables de l’entreprise tiennent à ce que chacune des familles reçoive la visite des cadres pour les rassurer et leur apporter un soutien moral et financier. Ce que nous faisons depuis le début de la crise.» Pour ce qui est des otages, le directeur général d’IBC affirme qu’ils ont «suffisamment» de provisions et de moyens pour vivre «assez longtemps», même s’ils sont «coupés» du monde. «L’équipage a fait le plein au port de Salalah, au sultanat d’Oman. Même s’il est mis hors champ en matière de télécommunications, il a suffisamment d’énergie pour la climatisation, d’eau et de provisions pour vivre assez longtemps à bord du navire. Néanmoins, nous espérons que leur captivité prenne fin le plus tôt possible. Nous restons à l’écoute, nous attendons les prochains contacts des ravisseurs», précise le responsable.


    Aujourd’hui, des visites à quelques familles des otages qui résident à l’ouest et à l’est du pays seront effectuées par des cadres de IBC, en attendant des jours meilleurs. A signaler que IBC est une société mixte de droit algérien, filiale du groupe CNAN. Elle est détenue à 49% par un groupe jordano-saoudien (24,5% par le groupe saoudien Pharaon spécialisé dans la production et le transport de ciment et 24,5% par des Jordaniens), à 49% par le groupe CNAN et à 2% par l’Algérien Laradji Mustapha, en sa qualité de personne physique.
    Ce qui a permis à la nouvelle entreprise de conserver une majorité algérienne de son capital et, de ce fait, maintenir les navires qu’elle exploite sous pavillon algérien.

    Salima Tlemçani