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laa jiche ! laa chaab ! : les révoltés anonymes face aux négocia

  • LAA JICHE ! LAA CHAAB ! : Les Révoltés anonymes face aux négociants de l’ombre !

    Zineb AZOUZ

    La tempête et l’explosion que tout le monde craignait et que beaucoup espéraient secrètement, sonnent à nos portes hermétiques.

    Cette colère que nous n’avons pas été capables ni d’insuffler ni d’encadrer n’est à l’évidence portée ni par un mouvement organisé, ni par un syndicat, ni même par des comités de quartier.

    Les effluves mêlées de colère et de bombes lacrymogènes sont l’œuvre des jeunes, même des très jeunes, ceux qui n’ont connu ni le FIS, ni les élections annulées, encore moins le 5 Octobre, ceux dont personne ne veut, ceux qui n’ont rien et n’attendent rien ni du pouvoir ni de ses sujets !

    Pendant que nos analystes programmés parlent d’émeutes du sucre, de l’huile et des bols vides, ces chardons juvéniles qui ne sont pas concernés directement par les prix de ces produits, nous expliquent à leur façon, les émeutes du ras le bol, de la dignité bafouée, de la haine de soi, à cause de prédateurs qui leur ont sucé leur enthousiasme et leurs ambitions d’une vie normale, avant même qu’ils ne soient nés.

    Ces Algériens nés pour la plupart après 1992, à travers les mairies qu’ils ont brûlées, entre autres états civils qui témoignent du jour où ils ont été livrés à cette jungle des « SI Flène », et des « Si Feltène », ne font que vomir leur rejet profond d’une société d’assimilés es-kfaza, et d’un pouvoir sadique qui les humilie jusque dans les cènes qu’il leur offre, de fils de riches, qui roulent en 4X4, qui couinent en français, qui mangent au resto chic du coin, et qui parlent des affaires de papa chez les sauvages. Ils ont en eu marre de prendre racine pendant des heures, et de baigner dans la sueur des files d’attentes, pour pouvoir retirer un certificat de chômeur ou un bon de « Panier de Ramadan ».

    Ces jeunes ne connaissent ni le FMI ni l’OCDE ni les leurs courbes de la honte que nos experts sont fiers de singer avec ces assurances parfois péremptoires, toujours risibles, des perroquets et des eunuques.

    Ils ne connaissant pas non pus l’AQMI que le correspondant d’El Jazeera s’est senti obligé de citer en nous rappelant l’adresse de sa succursale Algérienne ou sa résidence secondaire en Kabylie, une Kabylie qu’il connaît si bien qu’il lui a annexé, lors de son reportage, la ville de Constantine

    Mais ce qui est fort intéressant et à relever, est que ces jeunes ne cherchent pas à s’encombrer du ou des noms de leurs tyrans, et ils n’ont que trop raison ! Ils n’en ont rien à faire. Ils sont trop jeunes, et trop pleins de vie, pour s’encombrer la tête de noms de vieilles crapules finissantes.

    Curieusement, c’est toujours la foire aux célébrités de circonstance, en ces temps de trouble, lorsque la vase remonte à la surface. C’est toutes les impuretés qui remontent avec.

    C’est aussi, bien souvent, que retentissent les trompettes de la retraite stratégique. Celle des vieux briscards qu’on met au devant de la scène pour mieux les sacrifier. Kbeche el Aïd.

    Un savant dosage de boucs émissaires, prélevés dans le bétail du Jich, et celui du Chaab, qu’on envoie faire leur traversée du désert, après avoir tant brouté dans les pâturages du peuple. C’est le moment de fourguer la pilule, entre stigmatisations qui ne disent pas leur nom, et nomination de technocrates miraculeux. La potence ou à la retraite anticipée pour les uns, le tapis rouge, en toile synthétique pur Taïwan pour les autres.

    Sauf que cette rue qu’on méprise et qu’on ignore, n’aime ni les uns ni les autres, et qu’elle n’a jamais hurlé « jich, chaab, maak ya flene » Tout comme elle se fiche comme de sa première reffa de chemma, de ces élites qui ne savent plus à quel saint patron se vouer, en attendant d’être logées au Georges V.

    Ces anonymes qui vivent dans la rue et de la rue ne connaissent ni les citadelles du pouvoir ni leurs accès, il leur a suffi d’en subir les affres au quotidien, Depuis qu’ils ont vu le jour dans ce pays.

    Ils laissent les intrigues de palais à ceux qui font les révolutions dans les salons feutrés, qui roulent dans les voitures blindées et se pavanent dans les réceptions des ambassades, réservées aux beggaras,

    Ces beggaras qui se prennent au sérieux, parce qu’ils ont réussi à voler quelques centaines de millions de dollars, qui veulent encore nous faire croire qu’il suffit de changer de têtes pour changer de système, ceux qui, une fois de plus souhaitent brader le sacrifice de nos victimes, nos souffrances et notre histoire, ceux dont le rôle premier est de maintenir la nation et ses richesses sous le joug des places financières internationales et des bon points qui vont avec, ceux qui savent qu’ils ne doivent leur survie Boulitique qu’à leur coefficient de platitude internationale, ces proconsuls et ces chambriers de « PIPE LINE » qui ne mûriront jamais et ne sortiront en aucun cas de leur statut de nains et de mineurs pour ne pas dire d’eunuques et qui sont certainement en train de se moquer de ce qu’ils appellent un chahut de voyous.

    Forts de leurs soutiens d’outre-mer, de leurs accointances fétides avec les gendarmes du monde et leurs dogmes, au pire ils pensent qu’ils vont encore négocier des mandats de survie et nous lâcher en retour quelques subventions sous forme réductions d’impôts pour le plus grands plaisir des barons de l’économie, saupoudrées de remaniements avec, pourquoi pas, des fossiles ressuscités ou des leaders flambant neufs sortis des éprouvettes du système.

    La rue est en ébullition, personne n’est capable de prévoir ce qui va en sortir ou en rester, des anonymes font l’actualité pendant que l’opposition fait profil bas, que le peuple ferme les yeux et que les filous non identifiés continuent de négocier avec le pouvoir camouflé.

    Face à l’absence de discours, face à ce vide politique et éthique, face à ce Maghreb qui ne veut pas se relever et exister en dehors de son statut d’indigène-land, les exclus de l’école, ceux que le pouvoir croyait occuper un temps avec les matchs de foot, sont en train de construire sans le savoir, la future expression identitaire de leur pays.

    La rue a tout résumé en scandant tout à l’heure : LAA JICHE ! LAA CHAAB !

    A bon entendeur salut.