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président de la laddh sur le cas de mouhib khatir

  • Lettre ouverte à Maître Bouchachi, président de la Laddh sur le cas de Mouhib Khatir

     

    Par
     Mouhib Khatir, maire de Zéralda, victime d'un cabale croupit en prison.

    Mouhib Khatir, le maire élu de Zéralda, croupit en prison sous des accusations fallacieuses. Il est à sa deuxième grève de la faim. L'administration pénitentiaire le soumet d'une façon ignoble à un chantage. Aussi, Maitre Bouchachi est interpellé dans cette lettre sur son silence.

    Cher maître,

    J’ose vous rappeler que lorsque notre société, il y a quelques années de cela a viré vers le terrorisme dit "islamiste", elle s’est étonnée de voir ses fils en tenue afghane égorger le fœtus dans le ventre de sa mère. C’est à ce moment même que les sociologues nous rappelaient qu’il n’y a pas de peuple pire qu’un autre. Qu’est-ce qu’elle a fait ? Elle s’est retournée vers les fuqahas, Ahl El’ilm pour l’orienter, pourquoi ? Parce que face à ces horreurs, elle perdit ses références. Ces oulémas se sont exprimés et les sociétés dans le monde en général et l’Algérie en particulier "se purgent" petit à petit. D’énormes progrès ont été réalisés sur cette question.

    Votre silence sur le cas Khatir interroge

    Il se trouve qu’aujourd’hui, on est en face d’un phénomène similaire dans notre système judiciaire. Dans tous les pays du monde, il existe des dérives judiciaires, la question est de connaître son degré et qui œuvre pour son équilibre ? L’opinion publique qui a suivi durant l’été dernier le feuilleton du maire de Zéralda a pris connaissance par la presse nationale et internationale que vous avez été interpellé sur ce cas. Accompagné d’un médecin, vous vous êtes déplacé jusqu’à la prison de Hadjout. Vous vous êtes entretenu avec ce prisonnier en grève de la faim. Vous l’avez convaincu de se nourrir et il l’a fait. Etant lui-même militant de la cause de la défense des droits de l’homme, il y a cru. Depuis, plus rien, aucun communiqué n’est sorti de votre section jusqu’à faire douter l’opinion publique qui attendait votre verdict. Les questions sont nombreuses mais nous nous limiterons à celles d’ordre général et qui peuvent arriver à n’importe quel citoyen. On se base sur le principe que la loi est la même pour tous les citoyens et que nul n’est au-dessus d’elle.

    Est-il concevable d’arrêter un citoyen par une brigade anti-terroriste à l’insu de sa famille, l’humilier pour juste le présenter comme témoin devant un juge d’instruction ? C’est justement ce qui est arrivé au citoyen Khatir Mouhib.      

    Trouvez-vous normale qu’après son acquittement public sur cette affaire grave, il retourne en prison pour une broutille de 3 portables.   

    Trouvez-vous logique que l’accusé qui crie haut et fort son innocence et insiste sans concession pour être jugé en public sur cette affaire de portables ne trouve aucun écho à son appel depuis le 8 septembre 2011.

    Trouvez-vous normal qu’en dépit d’une ferme sommation du président de la cour de Blida, une simple juge se dérobe à ses responsabilités sous des prétextes fallacieux (maladie de sa mère, congé de son greffier, son congé etc.) pendant que l’accusé croupit en prison ? Confirmez-vous que nos juges sont indépendants au point de désobéir aux ordres de leur hiérarchie ? Si tel est le cas, alors on n'a plus rien à craindre de pire. A moins que le système ressemble au troupeau sans berger.

    Trouvez-vous réglementaire que maintenant qu’il entame sa deuxième grève de la faim et que dans son quinzième jour l’autorité pénitentiaire le fasse chanter "ou il se nourrit ou il n’est plus autorisé à recevoir de la visite".

    Est-il admissible comme dit l’adage populaire lorsqu’on n’arrive pas à atteindre le propriétaire on s’en prend à son âne. La partie civile qui visiblement perd du terrain sur le fond de toutes les affaires dont on accuse le maire s’en prend à son épouse. Qui y a-t-il d’anormal de réagir face à une injustice quitte à utiliser la tribune d’une chaîne étrangère pour défendre l’honneur de son époux ? Aujourd’hui, on reproche à cette mère de six enfants, opérée du cœur avec un double pontage coronarien, d’avoir touché à la dignité de la dame qui gère cet hôtel, objet de toute cette mascarade. Le harcèlement saute aux yeux, sinon comment  quelqu’un en position de force qui se sent touché dans sa dignité et qui le brûle de l’intérieur attend plus de trois mois pour se manifester. Cette dame est très au courant de l’état de santé de l’épouse du maire et si des propos l’ont atteint, elle aurait pu utiliser la citation directe pour éteindre ses blessures morales. Non ! Elle a préféré utiliser des procédés langoureux pour achever une femme fragile. 

    Vers qui voulez-vous que l’opinion publique se tourne sinon vers le type d’organisation que vous présidez pour se rassurer de la situation du développement de notre système judiciaire ? Sur quelle base le citoyen peut-il avoir une référence, s’il n’y a aucune communication sur ces cas ? Devrons-nous nous résigner ou nous réfugier dans des fatalités ? Ou espérons-nous un petit signe de votre part pour comprendre ce qui se passe autour de nous ? Sommes-nous dans la voie de l’équilibre ?

    En clair, l’opinion publique est en droit de connaître votre expertise de l’affaire du maire de Zéralda.

    Conscient des difficultés de la tâche qui est la vôtre face à un pouvoir sourd, je reste convaincu du progrès.

    Ce n’est pas à vous, cher maître, de vous apprendre que c’est  Franklin Roosevelt qui a inspiré la Charte des Droits de l’Homme. Lors de la signature de la lecture de la Déclaration, ce grand bienfaiteur de l’humanité a insisté pour que tous les membres du Comité signent avec lui la Déclaration d’Indépendance des USA en 1776 dont il était pourtant le principal artisan, en se justifiant : "Oui, nous devons tous serrer les coudes si nous nous voulons pas qu’on nous serre le cou à chacun séparément".

    J’espère que mon message trouve un écho favorable de la part de l’institution que vous présidez et qui représente le dernier espoir pour beaucoup d’innocents qui sont en train de pourrir en prison dans l’indifférence totale.

    Bien à vous

    Reghis Rabah, chercheur-universitaire