Le débrayage des paramédicaux, largement suivi à travers le territoire national, a pénalisé sérieusement les malades hospitalisés. Quant à ceux ayant rendez-vous, après des mois d’attente, ils se sont vus remballer en raison du débrayage des généralistes et des médecins spécialistes.
« C’est le pourrissement au sens propre du terme », lance un médecin qui s’insurge contre le mutisme des pouvoirs publics. Tous les hôpitaux du pays étaient paralysés hier et ils le seront encore aujourd’hui, mais cette situation n’a pas inquiété nos dirigeants. Les malades hospitalisés nécessitant des soins intensifs sont carrément livrés à eux-mêmes. « Mon père a subi une opération chirurgicale, cet acte nécessite une prise en charge quotidienne, mais les infirmiers ont refusé, hier, de changer ses pansements. Ils sont en grève. Que doit-on faire ? Où est l’Etat ? », s’est exclamé ce citoyen rencontré à l’hôpital Parnet. Même scénario au CHU Mustapha. Mais là, les paramédicaux se défendent. A travers cette grève, ils veulent démontrer à qui veut les entendre que sans l’infirmier, toute la chaîne est chamboulée. « Ce n’est pas de notre faute si les malades sont livrés à eux-mêmes. C’est à l’Etat d’assumer ses responsabilités. Cela fait plus d’un mois que les généralistes et les spécialistes sont en grève, mais ni le ministre de tutelle, ni le Premier ministre et encore moins le président pourtant interpellé n’a daigné les écouter », a fulminé un infirmier, qui estime que pour arracher ses droits, il est nécessaire de faire des sacrifices et de se battre jusqu’à la satisfaction de ses revendications.
Le porte-parole du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP), M. Ghachi, a avancé hier que près de 90% des paramédicaux algériens ont réagi favorablement au mot d’ordre de grève. Dans la cour de l’hôpital Mustapha, les infirmiers en blouse blanche portant une petite inscription « paramédical en grève », discutent de leurs problèmes. Le ras-le-bol est à son paroxysme. « Nous travaillons dans des conditions catastrophiques et nous sommes tout le temps sous pression », peste une infirmière qui qualifie de « ridicule » la stratégie de l’administration qui préfère, à chaque fois, refaire la peinture et la faïence au lieu d’améliorer les conditions de travail du personnel médical, confronté à un manque flagrant de protection contre les maladies contagieuses. De leur côté, les responsables du ministère ont réagi à la grève du SAP en l’invitant, pour aujourd’hui, à une réunion de travail. Parallèlement à la grève, le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) et le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) animeront aujourd’hui un sit-in dans l’enceinte du CHU Mustapha ; des rassemblements similaires seront organisés dans plusieurs autres régions notamment Oran, Bel Abbès, Annaba et Constantine. Cette action, la deuxième du genre, sera suivie d’un mouvement de protestation dans la rue si le pouvoir continue à tourner le dos aux deux syndicats. Pour le SNPSP, la lutte pour la dignité du médecin, du chirurgien-dentiste et du pharmacien de santé publique se maintient et se renforce de jour en jour pour exprimer le ras-le-bol d’une corporation blessée dans son amour-propre et sacrifiée, en l’absence de prise en charge effective de ses revendications légitimes.
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