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algerie

  • 5 juillet 2017

    Monti ! Dimonti ! Bricouli !

    Par Hakim Laâlam  
    Email : hlaalam@gmail.com
    Les autorités sont formelles : «En 2018, il faudra se ser-
    rer la ceinture.» Mais après 2018, ça ira mieux puisque 
    nous n’aurons plus de…

    … pantalons !

    Le ministre de l’Industrie menace à présent de fermer les usines de montage de voitures. Il les accuse, entre autres, de n’être au fond que des passerelles déguisées d’importation. Bien ! Très bien ! Comme l’industrie, ce n’est pas un vulgaire jeu Lego que tu achèterais au supermarché pour amuser tes enfants, rappel de quelques règles basiques. Si le prédécesseur de Bedda Mahdjoub a lourdement fauté en accordant à tour de bras des autorisations à des firmes automobiles fraudeuses, la première chose à nous communiquer, ce sont les dates de son procès. Je rappelle que s’il y a eu malversations quelconques, à ce niveau-là d’interlocuteurs, c’est-à-dire d’Etat à Etat, c’est la Haute Cour qui doit être saisie et c’est, entre autres, les crimes d’intelligence avec pays étranger et de haute trahison qui doivent être posés sur la table des juges. Si Bouchouareb n’a rien fait, est innocent, c’est alors plus grave. Avec une facilité déconcertante, on vient aujourd’hui sur la place publique offrir son nom en pâture. Mais tout cela n’est en définitive que périphérie et dommages collatéraux de la chose essentielle. La chose essentielle étant le peu de sérieux qui entoure la stratégie industrielle et de développement en Algérie. J’ai assisté, vous avez assisté, Bedda Mahdjoub a assisté «activement» au lancement de plusieurs usines de montage de voitures. Certaines l’ont été en moins en cinq mois ! Même au Japon, avec l’automatisation, et sans le boulet de la bureaucratie, cette performance est impossible à réaliser. J’ai vu, vous avez vu, Bedda Mahdjoub a vu «activement» les protocoles d’accords se signer avec ces marques et sociétés à la vitesse Usain Bolt ! Et aujourd’hui, alors que la météo est estivale, le soleil haut perché, les nuages chassés, on voudrait me faire croire que l’on découvre soudain-tout-à-coup que tout ça, c’est une vaste fumisterie ? Sidi khouya ! Dois-je, encore une fois, rappeler que nous ne manipulons pas des cubes de Lego ? Il s’agit d’usines ! Et il s’agit par-dessus tout de crédibilité. Demain, faudra pas se plaindre que les investisseurs des autres pays fuient le nôtre de bled. Perso, si j’étais une grosse firme étrangère, je ne viendrais jamais investir un centime dans une contrée où l’on monte et l’on démonte aussi facilement le si vanté MIB ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
    H. L.

     
  • Accusés, asseyez-vous

     

    Comme un corps atteint d’une maladie dégénérative, la crise du régime se poursuit devant une population médusée par tant d’affaires, ne voyant plus dans la représentation officielle de son Etat  qu’une association de malfaiteurs. Les scandales se suivent et se ressemblent, impliquant des ministres, d’anciens ministres, des officiers supérieurs et des personnalités de premier plan, cités, impliqués et accusés mais jamais inquiétés.

    Au mieux, ils gardent leur poste et continuent à faire des affaires, au pire ils s’en vont vivre à l’étranger avec quelques milliards en poche, ramassés sur l’argent public. Mais quel est le point commun entre tous ces hommes ? Ce sont des proches du Président qui les a nommés, les couvre et continue de leur faire confiance, ce qui reste inexplicable pour beaucoup.

    Car les avis sont partagés ; pour certains, c’est le bon roi trahi par son entourage, pour d’autres, c’est le roi ordinaire qui n’a trouvé comme façon de rester au pouvoir que de laisser son entourage s’enrichir pour en faire des soutiens. Et à la façon dont ses proches passent leur temps à rappeler à quel point le Président est merveilleux et comment il a sauvé le pays, on pourrait valider la deuxième thèse. D’après Benyounès d’ailleurs, qui affirme que sa tête fonctionne bien, le Président suit tous les dossiers.

    Pourquoi ne réagit-il pas, ne serait-ce qu’en menaçant par lettre tous ces pilleurs installés dans l’Etat comme il l’a fait pour les journalistes et l’opposition ? Parce que probablement, il sait que tous ces procès qui se suivent sont indirectement son procès à lui, de sa gestion, son règne, ses hommes et ses choix. Sorti du régime en 1979, il avait été condamné par la Cour des comptes en 1982. Pourrait-il être rejugé dans 10 ans avec effet rétroactif ? Non, car à ce rythme où s’enfilent actuellement les procès sensibles, dans 10 ans, tous les juges seront morts, victimes d’AVC.

    Chawki Amari
  • je compatis

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  • Algerie today

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  • 40 millions de manifestants

     

    A part les manifestations de la police, autorisées, toutes les autres sont interdites. Ce qui n'empêche pas les infirmiers, les Patriotes ou les mécaniciens de manifester, tout comme les repentis terroristes de la Mitidja encouragés par le congrès tenu par l'AIS à Jijel. Que demandent-ils ? De l'argent, sous une forme ou une autre, un bout du budget de l'Etat a être équitablement partagé de haut en bas et de droite à gauche. Mais d'où vient cette idée que l'Etat doit tout subventionner, logement, semoule, sucre et couffin du Ramadhan ?

    Au départ, il s'agissait d'une volonté généreuse au sortir de la colonisation dévastatrice, la révolution par le peuple et pour le peuple, l'argent pour tout le monde. Puis, par dérive autoritaire, il s'est agi, sur le modèle stalinien, de contenter les besoins de base de la population du moment qu'elle ne se mêle pas de politique.

    Enfin, dernière étape, tout donner pour durer, acheter les stocks de paix sociale au prix du marché parallèle pourvu que le régime ne soit pas remis en cause, inconfortablement installé sur le trône par des opérations plus ou moins frauduleuses. Le résultat est là, les Algériens sont d'accord pour ne pas se mêler de la décision, ne rien dire sur l'échec du développement ou la corruption endémique qui sévit dans les structures de l'Etat, en contrepartie de quoi, ils exigent tout et tout le reste.

    Ce qui explique ce nombre incroyable de manifestations et de revendications plus ou moins exagérées comme le raccordement au gaz de ville de la piscine communale ou le goudronnage de la piste qui mène au Paradis. Conséquence, l'Etat a pour la première fois puisé dans le fonds de régulation des recettes pétrolières, entamant sérieusement le futur du même coup. Dans quelques mois, ce sera le régime qui manifestera dehors pour exiger la fin des privilèges. Seule question, la manifestation sera-t-elle autorisée
    par la DGSN ?

    Chawki Amari
  • Criminalité en hausse : 10 agressions par heure

    Couteaux, épées, sabres, lames, poignards, barres de fer… les coups et blessures volontaires à l’arme blanche se banalisent. Ils représentent 45% du volume global de la criminalité, en continuelle hausse.

    Pour tout et pour rien, clashs, agressions et bagarres explosent au quotidien. Les Algériens semblent à bout de nerfs. Ils cèdent de plus en plus facilement aux actes de violence. Les bilans de la police donnent une moyenne de dix cas de coups et blessures volontaires à l’arme blanche par heure. De plus en plus, la violence se banalise et fait grimper le taux de la criminalité qui était, il n’y a pas si longtemps, l’apanage des marginaux et des grands bandits. «Le taux de criminalité a augmenté ces deux dernières années de 2%», a révélé le commissaire principal, Chaâbane Soualhi, chef du service de recherche et analyse criminelle à la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), dans une déclaration faite hier à la Radio nationale.

    Ce taux est expliqué par les actions préventives des services de police qui constatent une criminalité latente, ni affichée ou dénoncée», a-t-il encore expliqué. Et de rappeler que la moyenne annuelle d’infractions enregistrée varie entre 170 000 et 180 000 infractions, dont 45% sont des coups et blessures volontaires par arme blanche. Les atteintes aux biens représentent, quant à elles, 40% des infractions commises, suivies de la consommation de drogues et de psychotropes (6%). Un constat qui donne froid dans le dos.

    Pourquoi autant de violence ?

    Petit calcul pour mesurer l’ampleur de ce malaise social : plus de 80 000 cas de coups et blessures volontaires à l’arme blanche par an, soit plus de 6500 cas en moyenne par mois. Près de 220 par jour. Plus de 10 cas par heure. L’insécurité rythme la vie des Algériens et ne cesse d’évoluer sous diverses formes. D’où vient toute cette violence ? Des spécialistes ne cessent de décortiquer les raisons de ce malaise.

    «L’histoire tourmentée de notre pays et la violence qui a prévalu ces quinze ou vingt dernières années, la pauvreté grandissante du peuple et les inégalités sociales, l’injustice, la hogra, la corruption à tous les échelons de la société et dans la sphère du pouvoir, mais aussi la nature du système politique qui préside aux destinées de notre pays depuis l’indépendance, ‘un système qui bâillonne le citoyen, le prive de sa liberté, entrave son désir de s’organiser et de participer à la construction du destin commun’, sont les principaux éléments à prendre en compte pour bien comprendre le pourquoi de l’émergence et de la banalisation de la violence dans notre pays», expliquait récemment le docteur Boudarène, psychiatre et ancien député, dans un entretien accordé à El Watan. La violence sous toutes ses formes inquiète.

    Encore plus lorsqu’elle s’immisce dans les foyers. «Cette société est violente, secouée par des conflits dans ces lieux les plus intimes, alors que tous et toutes sont en quête de ‘hnana’ (tendresse) et de ‘qima’ (estime)», commentait pour sa part Fatma Oussedik, sociologue, membre du réseau Wassila. Pour le commissaire Soualhi qui s’exprimait hier sur les ondes de la Radio nationale, les causes de cette criminalité sont dues à, entre autres, «l’absence de l’autorité parentale, l’échec scolaire et l’oisiveté».

    Il a, à ce propos, mis en exergue «l’importance de construire des infrastructures de loisirs et de détente aux alentours des cités et des quartiers pour éviter ce genre de situations». En attendant, de nouvelles cités-dortoirs continuent à fleurir sur le territoire pour répondre à l’urgence qu’impose la crise du logement. Des cités-dortoirs qui approfondissent le terreau de toutes ces violences…

    Bouredji Fella
  • «L’Algérie est dans un statu quo mortifère»

    14 réactions

     
     
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    - La tenue de ce colloque sur le Printemps arabe signe-t-elle la (re)connexion de l’université algérienne à la société et les débats qui l’agitent ? 

    Nous sommes très heureux que l’université algérienne s’ouvre. Elle doit s’ouvrir à la fois sur le monde et sur sa société. Parce que c’est à l’université qu’on produit du savoir, qu’on le reproduit et qu’on le transmet. Elle est l’observatoire et veille sur les sociétés du point de vue des changements sociaux.

    Ceci étant, l’université algérienne commence timidement à s’ouvrir, mais je regrette personnellement que les universités ne soient pas autonomes dans leur décision quand il s’agit d’organiser un colloque. Il faut en référer au ministère et sur la thématique et sur les gens à inviter. Qu’est-ce que c’est que cela ?

    Le ministère serait-il plus habilité à gérer les universités que les universitaires eux-mêmes ? Alors que dans le monde d’aujourd’hui, on est dans la décentralisation et la déconcentration, nous, au contraire, on est presque dans un schéma de parti unique qui gère l’université. Tenez, par exemple, au sujet des équivalences, c’est toujours le ministère qui s’en occupe et non pas les départements censés recruter les jeunes diplômés des universités étrangères.

    C’est aberrant ! Aussi dois-je souligner que les recteurs ne doivent pas être nommés sur des bases clientélistes et d’allégeance mais selon les seuls critères de compétences scientifiques.

    - Revenons à ce colloque que vous venez d’organiser sur les «mutations arabes». Quelles sont les principales conclusions que vous en avez tirées ?

    Comme je l’ai dit à la fin des travaux, il faut se garder de faire des appréciations éthiques ou morales sur ces transformations dans le Monde arabe. Je crois qu’il faut les analyser d’un point de vue sociologique et anthropologique. Que pourrait-on en tirer aujourd’hui ? Eh bien, je crois que ce sont des processus longs, c’est-à-dire que ce n’est pas demain la veille que les choses vont changer.

    Je pense qu’il faut intégrer la variable que c’est fait d’allers et retours, de progrès et de reculs. Cela dépend des prises de conscience des forces sociales dans chacun de ces Etats dits du Printemps arabe dans le sens du processus de démocratisation. Un des résultats en est qu’il faut conforter les analyses par des travaux de terrain pour connaître nos sociétés.

    Et les politiques ne doivent pas avoir peur de ces enquêtes et de ces travaux de recherche parce que ce sont aussi des instruments d’évaluation. C’est à travers les conclusions des travaux des laboratoires de recherche que les politiques prennent leurs décisions sur un sujet donné.

    - Quand on observe les dynamiques politiques au Maghreb, on s’aperçoit qu’elles sont très différentes. Le processus de réforme est ainsi long au Maroc, bloqué en Algérie et presque abouti en Tunisie. Pourquoi, selon vous ?

    Il y a une variation parce qu’il faut d’abord prendre en compte l’histoire de ces trois pays, qui est différente. Il faut souligner que le Maroc et la Tunisie étaient des protectorats alors que l’Algérie était une colonisation de peuplement. Donc comme vous le voyez, le rapport à l’Etat est différent. Mais il y a également la société. Par exemple, en Tunisie, il y a cette modernisation léguée par Habib Bourguiba et un système d’enseignement modernisé bien avant l’arrivée des Français, en 1881.

    Il y a eu des réformes dans l’éducation, mais aussi à l’institution la Zitouna qui est un centre de rayonnement. J’ajouterais que malgré l’arabisation, les Tunisiens ont adopté des politiques d’enseignement avant-gardistes. S’agissant du Maroc, il y a plus de 20 établissements d’enseignement supérieur internationaux de qualité. Ils ont mis en place un système d’enseignement de qualité qui contourne ces universités de masse. Le fait est que dans les grandes écoles françaises, il n’y a presque pas d’Algériens alors que les Marocains représentent 20% des étudiants étrangers.

    - Est-ce fait exprès, selon vous, pour permettre au régime de se régénérer à travers sa seule clientèle ?

    Je dirais que la classe politique en Algérie – j’entends par là le pouvoir – a fait l’impasse sur un système d’enseignement efficient et performant qui puisse produire des jeunes de leur temps, qui s’insèrent dans le tissu économique, social et politique. Finalement, l’arabisation a été conçue comme un système de relégation pour la classe moyenne, alors même que ceux qui l’appliquaient envoyaient leurs enfants à l’étranger parce qu’ils ne faisaient pas confiance à l’enseignement en vigueur.

    Le résultat en est que ce sont des multinationales qui travaillent en Algérie. L’automobile c’est Renault, l’eau c’est Suez, la gestion de l’aéroport et du métro ce sont ADP et Alstom, la téléphonie ce sont des étrangers, l’autoroute et les travaux publics ce sont les Chinois, l’expertise et même les coffreurs sont ramenés de l’étranger. Finalement, tout se passe comme si le pouvoir n’avait rien à faire de la formation ! Tout ce qu’il veut, c’est la paix sociale…

    Le ministère, censé réfléchir sur une stratégie de l’enseignement supérieur ouvert sur le XXIe siècle, en est réduit à gérer le déménagement de l’Ecole du commerce vers Koléa !

    - Cette faillite de l’université ne risque-t-elle pas d’impacter négativement l’évolution globale du pays, notamment dans son aspect politique ?

    Oui, on est hélas mal parti. Quand on recrute 25 000 enseignants qu’on «forme» en trois ou quatre jours et qu’on les injecte dans le système scolaire, on ne doit pas s’attendre à des miracles. Je pense qu’il faut réfléchir à une «révolution» dans l’éducation et ne pas se gargariser de mots en faisant du rafistolage. Si on continue comme cela, on va droit dans le mur.

    - Un système d’enseignement archaïque couplé à des élites démissionnaires va donc plomber complètement le changement…

    J’ai une grosse crainte que ce changement se fasse par la violence. Tous les observateurs le disent : la société algérienne a besoin de réformes et d’une oxygénation parce que tous les secteurs présentent des dysfonctionnements. Qu’il s’agisse de l’éducation, de la santé, des transports ou de l’administration, il y a, hélas, des signes non pas d’une explosion, mais d’une implosion, à Dieu ne plaise. Le pouvoir est mis en demeure de réformer sans plus attendre car l’Algérie est dans un statu quo mortifère.
     

    Hassan Moali
  • sans comment

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  • Interventions militaires des États-Unis dans le monde

    Les interventions militaires des États-Unis dans le monde sont nombreuses depuis plus de 150 ans, comme celles de nombreux pays. Les causes sont parfois justifiées et parfois dénoncées par les institutions internationales.

    Cette liste comprend des interventions militaires directes (guerres, envoi de forces armées des États-Unis) et indirectes (soutien logistique à des gouvernements ou à des mouvements, activité des services secrets). Des activités comme la lutte contre la piraterie ou les divers trafics illégaux (commerce des esclaves, trafic d'armes et de stupéfiants) ne sont pas, sauf exception, retranscrites dans l'article. source    http://fr.wikipedia.org/wiki/Interventions_militaires_des_%C3%89tats-Unis_dans_le_monde

  • Un gouvernement package

    Restructuré, féminisé, rajeuni, ouvert sur la société civile et compact

     

     

    Par : Mounir B.

    Ce n’est pas le gouvernement consensuel voulu, ni le gouvernement-commando souhaité, mais un Exécutif package qui recèle quelques promesses et qui ne doit pas être condamné d’emblée.

    Si Bouteflika n’avait pas été Président, il aurait été chimiste. À l’analyse des dosages que comporte le gouvernement Sellal II, le président de la République a fait une petite révolution de palais.
    Le secret de la formule étant aussi bien dans la réorganisation de l’Exécutif que dans le choix des hommes et des… femmes.
    Car il faut se l’avouer. Dans la lignée des 30% des parlementaires femmes, Bouteflika poursuit sa “féminisation” du monde politique. 7 ministres femmes, presque un record, et ça, sans Louisa Hanoune. Le PT ayant refusé, autant que le FFS, le MSP et même le RCD, dit-on, à entrer dans le gouvernement, le choix d’un Exécutif d’union nationale a pris l’eau plus vite que le “Titanic”. Le recentrage devait se faire en moins de 72 heures.
    Sellal, apprenti-chimiste, ayant reçu la fiole empoisonnée de revoir la disposition de l’Exécutif en ne prenant plus en compte “l’opposition”, se devait de respecter, néanmoins, un cahier des charges précis : comment poursuivre les réformes politiques, accélérer la cadence, s’ouvrir sur la société civile, devenir efficace, économiser des budgets, restaurer la confiance et continuer à apaiser le front social et politique.
    Pour trouver la formule magique, il fallait d’abord garder les fondamentaux. C’est-à-dire ne pas bousculer la hiérarchie par le haut. Les ministères régaliens gardent leur titulaire avec la confirmation du général de corps d’armée, Ahmed Gaïd-Salah, avec la double casquette de vice-ministre de la Défense et de chef d’état-major de l’ANP (à noter que CEM/ANP est noté comme un poste à part entière dans le gouvernement ! Dans ce cas, on pouvait rajouter à Belaïz, ministre de l’Intérieur et tutelle de la DGSN et de la Protection civile !).
    De ce fait, Tayeb Belaïz, ministre de l’Intérieur, qui a su gérer avec calme et humilité l’élection du 17 avril, aura la lourde tâche d’organiser un référendum annoncé sur la Constitution. Discrètement mais avec autorité, Tayeb Belaïz est en train de prendre la mesure de ce poste pour faire oublier le très marquant Yazid Zerhouni. Pour le MAE, le dorénavant quasi-incontournable Ramtane Lamamra, rempile et enregistre le retour dans son équipe de Abdelkader Messahel, aux Affaires africaines et maghrébines, qu’il n’a jamais réellement quitté tant ils animaient ensemble des conférences de presse bicéphales. Il remplace Abdelmadjid Bouguerra qui est loin d’avoir démérité.
    La succession au ministère des Finances s’est faite de manière soft puisque l’ancien adjoint de Karim Djoudi, qui n’a eu de cesse de demander son remplacement pour des raisons de santé, a été finalement exaucé et relayé par Mohamed Djellab qui a eu le temps de se familiariser depuis une année avec le ministère en gérant le Budget.
    Mais c’est dans le secteur de l’énergie que la surprise est intervenue. Youcef Yousfi demeure ministre mais voit son département amputé du secteur des mines ! Une première depuis 1962. C’est Abdesselam Bouchouareb, propulsé à l’Industrie, qui hérite de la gestion des mines et qui prend là une petite revanche personnelle depuis que certains l’ont enterré après son éviction du conseil national du RND. Un jeu de chaises musicales dont on ne peut écarter la patte d’Ouyahia et non celle de Belkhadem dont les ministres FLN se sont fait laminer. Sans doute, les contrecoups des ravages de Saâdani sur le parti.

    Des demi-surprises

    Mais le gouvernement Sellal II se distingue aussi par quelques demi-surprises. Le souci qui semblait guider le Président est d’inventer un gouvernement issu d’une génération postindépendance, rajeuni donc, ayant des compétences dans leurs domaines respectifs et ne trainant pas de casseroles. La fameuse transmission du flambeau promis lors du discours de Sétif. Sur le plan organique, le choix de découper en deux le ministère de la Jeunesse et des Sports est contenu dans les promesses de Bouteflika. Si les sports gardent Mohamed Tahmi, c’est le fait de consacrer à la jeunesse un ministère à part entière qui est innovant. Ayant fait la matrice de son serment à l’égard des jeunes, le Président et son Premier ministre ont opté pour Abdelkader Khomri, homme des réseaux et proche du mouvement associatif pour gérer ce nouveau département. L’ancien ambassadeur d’Algérie à Varsovie quitte le froid polonais pour se consacrer, dorénavant, à la frange la plus brûlante de la société que sont les jeunes. Il faut s’attendre, dans ce cas, à une réelle politique de proximité, déjà initiée par Sellal lui-même, parfois à son détriment, pour renouer avec une jeunesse algérienne en rupture avec les gouvernants.
    Si Amara Benyounès pouvait prétendre à mieux que le commerce après avoir marqué son passage à l’industrie, il aura la tâche difficile de réguler un commerce laissé à l’abandon par Mustapha Benbada, qui a lassé son monde par des promesses de Ramadhan abordable et un nettoyage jamais réalisé des circuits informels. Avec l’énergie de Benyounès, le secteur qui impacte directement la qualité de vie et le pouvoir d’achat des Algériens est un enjeu politique et économique majeur et les émeutes du sucre et de l’huile de 2011 peuvent servir de   piqûre de rappel à ceux qui ont trop négligé les ravages de la dérégulation.
    Si Amar Ghoul, que tout le monde annonçait en disgrâce, garde les transports car ayant entamé des chantiers de réformes assez conséquents, la Fonction publique — qui connaît un petit tsunami en perdant le ministère qui la représente — perd également son ministre, Mohamed El- Ghazi, qui se voit coiffer de trois casquettes que sont le travail, l’emploi et la sécurité sociale que détenait Mohamed Benmeradi. Le ministère des Travaux publics voit aussi l’émergence de la classe des walis, comme celui de Relizane, Abdelkader Kadi, qui remplace le pourtant apprécié Farouk Chiali qui fait, ainsi, juste un tour sur la rocade du gouvernement sans en emprunter l’autoroute.

    La société civile en force
    Autre sortie remarquée du gouvernement, celle de Khalida Toumi, que certains envoient à l’Unesco, et qui se voit remplacée par Nadia Labidi qui n’est pas une inconnue dans le monde de la culture, du cinéma et de la production qui est une ancienne du CAIC et une sorbonnarde. Mais la sortie la plus marquante est celle d’Abdelatif Baba Ahmed, ministre décrié de l’Éducation qui n’a jamais pu répondre aux attentes des enseignants et des syndicats.
    La mission de mettre un peu d’ordre dans un secteur qui s’anarchise, vampirisé par la figure de Benbouzid, revient à l’ancienne directrice du Crasc d’Oran, Nouria Benghebrit, figure respectée de la société civile et qui aura besoin de toutes ses connaissances en sociologie pour tenter d’appréhender une éducation nationale traversée par des courants aussi antagonistes que budgétivores.
    Autre ouverture sur la société civile est la nomination de Hamid Grine, ancien journaliste reconnu, écrivain à succès et issu du secteur privé. Connu dans le monde des médias, il aura la tâche ardue de mener à bien la feuille de route du Président dans un secteur qui connaît une crise de croissance. Grine, qui maîtrise la communication de crise, aura besoin de tout son tact pour tenter d’y répondre.  Il en va de même d’une originalité comme celle de Aicha Tagabou, la benjamine de l’équipe à 35 ans, et originaire du Sud, qui sera ministre déléguée au Tourisme et à l’Arisanat.
    Ainsi, avec des ministères redynamisés et plus souples, avec un mélange d’anciennes et de nouvelles têtes, une équipe à la moyenne d’âge jeune, qui incarne une nouvelle génération de technocrates, féminisée, ouverte sur la société civile et équilibrée sur le plan régional, que Sellal doit négocier la relance de la machine. Ce n’est pas le gouvernement consensuel voulu, ni le gouvernement-commando souhaité, mais un Exécutif issu de la génération post-62 qui recèle quelques promesses et qui ne doit pas être condamné d’emblée. Bouteflika a fait ses dosages pour injecter la molécule de la jeunesse.

    M. B

  • LA DEMOCRATIE EN ALGERIE

    Opposition : Le retour de bâton

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    le 25.04.14 | 10h00 4 réactions

    diaporama | © El Watan Weekend
     
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    Manifestants poussés dans les escaliers, militants incarcérés pendant plusieurs jours, étudiants traînés sur le sol et frappés à coup de bottes. Depuis une semaine, les forces de l’ordre ne prennent plus de gants. Leur cible : les contestataires.

    La manifestation de Barakat mercredi dernier, la marche pour le 34e anniversaire du Printemps berbère, l’arrestation de deux militants… Depuis une semaine, le pouvoir a durci ses réponses à la contestation. Le politologue Rachid Tlemçani estime : «La gestion violente des événements de Tizi Ouzou, Ghardaïa ainsi que l’arrestation des membres du mouvement Barakat et des autres ONG ont révélé l’étendue de la crise au sein de la classe des oligarques et des intouchables.» Pour Halim Feddal secrétaire général adjoint de l’Association nationale de lutte contre la corruption, «le clan Bouteflika est très fragile et familial, il s’est octroyé tous les pouvoirs. Ce clan hermétique et restreint a réussi à rassembler tout le monde contre lui. Il s’est fait beaucoup d’ennemis à cause de la gestion catastrophique du pays : la mauvaise gouvernance, la corruption généralisée et le climat d’impunité.» Et d’ajouter : «L’élection présidentielle est cruciale : c’est un moyen de confirmer sa pseudo-légitimité vis-à-vis de l’étranger. Il s’est finalement attribué une légitimité par la fraude.» Rachid Tlemçani poursuit : «C’est la première fois qu’une opposition ferme, ouverte et publique s’est constituée contre le clan présidentiel.

    Le pouvoir se recroqueville sur lui-même et actionne les vieux réflexes du système autoritaire.» Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid,  fait le même constat : «Le pouvoir a été remis en cause. Il perd pied, la fraude a eu raison du soutien populaire.» Kamel Benkoussa, ex-candidat à l’élection présidentielle, estime, quant à lui, que «le régime a peur de se faire dépasser par la propagation des revendications citoyennes sur le territoire national. Nous assistons à la naissance d’un réel éveil citoyen en Algérie. Le régime qui ne comprend pas le peuple algérien, retombe donc facilement dans ses vieux travers en faisant usage de la force».

    Réponse politique

    C’est aussi l’avis de Moussa Touati, arrivé dernier du scrutin. «Le pouvoir a quelque chose à se reprocher. La fraude est la raison pour laquelle l’Etat veut empêcher toute manifestation avec une telle violence», développe-t-il. Selon Soufiane Djillali, la répression était prévisible : «Face à une opinion publique qui s’éloigne et à une opposition de plus en plus en forte, le pouvoir panique. Après une utilisation abusive des moyens de l’Etat durant la campagne, le peuple n’a plus confiance. On assiste à la mise en place de la phase finale impliquant la force brutale. Quand on a moins de carottes dans le panier, on multiplie les coups de bâton». Halim Feddal rejoint cette analyse : «Un régime sans légitimité populaire n’a que la répression comme moyen de dialogue avec le peuple.»

    La jeunesse et internet sont perçus comme une menace pour le pouvoir, selon Kamel Benkoussa : «Le régime a peur de cette société civile ‘‘virtuelle’’, qui est aussi capable de se mobiliser dans la rue. D’ailleurs la vitesse de propagation de la vidéo de Tizi Ouzou sur les réseaux sociaux a provoqué une telle indignation et les autorités ont dû réagir.» La violence à Tizi Ouzou était pour lui un choix calculé du régime. «Le pouvoir a fait le choix, sciemment, de réprimer la manifestation pacifique à Tizi Ouzou. Il ne pouvait pas empêcher avec force les manifestations dans tout le pays vis-à-vis de l’opinion internationale. Il se serait mis à mal avec ces puissances qui ont soutenu cette élection. Ainsi, les événements de Tizi Ouzou apparaissent simplement comme des dépassements locaux», soutient Soufiane Djilali.

    Pourtant, «le message est destiné à tous les Algériens», dit-il. Même si l’appareil sécuritaire a atteint ses limites depuis bien longtemps, la répression a été terrible à l’égard de jeunes manifestants pacifiques, regrette Rachid Tlemçani, qui insiste : «La violence n’est pas la solution.» Kamel Benkoussa se montre pessimiste : «Les répressions à venir seront très certainement l’élément déclencheur qui incitera les différentes formations politiques démocratiques à dépasser leur ego  et à se fédérer derrière la société civile et devenir, enfin, une réelle force d’opposition.» «La jonction entre le mouvement social d’une part et la récente contestation électorale politicienne d’autre part est en train de façonner une nouvelle dynamique conflictuelle. Il est de l’intérêt du clan dominant de prendre en considération cette nouvelle réalité, prévient aussi Rachid Tlemçani. L’Algérie de Bouteflika 4 est différente des précédentes. Elle est bien décidée à crever l’abcès. Le grand dérapage qui guette le pays deviendrait plus problématique que la crise sécuritaire des années 1990. La nouvelle conflictualité en perspective serait préjudiciable pour tous les Algériens, y compris ceux qui ont expatrié des capitaux à l’étranger au détriment de l’investissement national productif. Veut-on mettre le feu aux poudres ?»



     

    Tayeb Belaïz : «Des actes isolés»



    Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, a affirmé hier que les «dépassements» émanant d’agents de police le 20 avril dernier à Tizi Ouzou relevaient de comportements «exceptionnels» et d’«actes isolés». «Les corps de sécurité sont tenus par le respect rigoureux des lois de la République dans toutes leurs interventions», a précisé le ministre lors d’une conférence de presse qu’il a animée à l’issue d’une visite de travail et d’inspection à la direction des unités républicaines d’El Hamiz. Pour le ministre de l’Intérieur, «les corps de sécurité ont fait montre d’un haut degré de professionnalisme dans le traitement des émeutes, manifestations et marches dans certaines wilayas». «Le directeur général de la Sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel, a ordonné qu’une enquête soit ouverte à ce sujet et je pense que les personnes impliquées dans les dépassements ont été suspendues de leurs fonctions par mesure préventive», a indiqué Tayeb Belaïz.Selon lui «l’enquête suit son cours» et si des «preuves corroborent les faits signalés, ces personnes seront déférées devant la justice comme tous les citoyens». «L’Etat a accompli son devoir et les services de sécurité sont tenus par le respect de la loi. L’agent de police est le premier à qui incombe le respect de la loi et la préservation de la dignité des citoyens», a-t-il martelé. «A défaut de plainte, des sanctions administratives seront imposées aux personnes impliquées», a ajouté le ministre. Le DGSN a instruit, lundi, les autorités compétentes d’ouvrir une enquête urgente sur le contenu d’une vidéo montrant des agissements de policiers contraires à l’éthique professionnelle dans la wilaya de Tizi Ouzou.

    A Ghardaïa, un responsable mozabite sous contrôle judiciaire



    Il fait pourtant partie des «modérés», selon des observateurs des violences à Ghardaïa. Khodir Babbaz est membre du FFS et de la cellule de coordination et de suivi, qui observe les poussées de violence dans la ville. Cet habitant mozabite a également des responsabilités au sein de l’association locale des commerçants. Mardi, alors qu’il se rend au commissariat pour aider un habitant du quartier de Melika, il est arrêté par la police et incarcéré. «Je suis allé au commissariat n°1 pour demander les raisons de l’agression sur cet homme de Melika. Les policiers m’ont insulté et frappé et j’ai été arrêté», raconte-t-il.

    Les forces de l’ordre l’accusent d’avoir agressé et frappé des agents. Lui soutient que c’est tout le contraire : «Une fois à l’hôpital, un policier m’a dit : ‘Maudit soit l’Etat qui vous donne votre liberté, si j’avais le pouvoir je boirais ton sang.’ Le deuxième policier, un inspecteur, a poursuivi : ‘Celui pour qui tu as voté ne pourra rien pour toi’.» Après la visite médicale, Khodir Babbaz est ramené au commissariat où il passe la nuit de mardi à mercredi en garde à vue avant d’être présenté devant le procureur. Il est relâché mais placé sous contrôle judiciaire.

    Sur place, on ne comprend pas ce qui s’est passé. «Khodir Babbaz est un représentant mozabite correct qui n’a jamais appelé à la violence, contrairement à certains. Si lui est attaqué par les forces de l’ordre, ce sont tous ceux qui résistent à l’appel à la violence qui vont être fragilisés», commente un observateur. «Je n’accuse pas tous les officiers, mais il y a des policiers qui veulent que la situation s’empire. Je pense qu’ils ont pour but de l’aggraver», témoigne Khodir Babbaz qui met directement en cause le chef de la sûreté et cinq de ses hommes. Ces nouveaux événements accentuent le sentiment de manipulation de certains notables mozabites. «Cela fait 4 mois que la population demande une commission d’enquête et il n’y a rien. Tandis que des policiers ont eu des promotions après des bavures», déplore-t-il.

     

    Leïla Beratto

  • Ali Benflis : «Il n’y a eu que 6 millions de votants»sur 40millions

     

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    | © Lyès. H.
     
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    Franchement déterminé, infatigable, le candidat indépendant Ali Benflis a animé, hier, sa troisième sortie médiatique depuis ce qu’il qualifie de «forfaiture du 17 avril».

    La conférence de presse qu’il a organisée à son QG de campagne vient en réponse à la validation par le Conseil constitutionnel, avant-hier, des résultats qui donnent Abdelaziz Bouteflika vainqueur. La réaction de Ali Benflis est cinglante. D’abord, il affirme qu’il ne reconnaît pas les scores annoncés par l’institution présidée par Mourad Medelci, un proche parmi les proches du chef de l’Etat. Ensuite, Ali Benflis indique qu’il publiera dans les prochains jours «un livre blanc sur la fraude électorale du 17 avril». Le document, exhibé par le conférencier devant les journalistes, contient toutes les preuves d’une fraude généralisée et massive. «Ce sera un séisme», prévient Ali Benflis, qui donne «les vrais résultats du dernier scrutin présidentiel».

    Selon lui, il aurait remporté l’élection avec environ 4 millions de voix. Quant au taux de participation, il tournerait, dit l’ancien chef de gouvernement, autour des 6 millions de suffrages. Le candidat indépendant n’y est pas allé avec le dos de la cuillère dans ses critiques décochées au Conseil constitutionnel : «Ce n’est pas la première fois qu’il s’écarte de sa mission de défense de la Constitution et de la légalité.» Il rappelle qu’en 2008 déjà, cette institution a cautionné, sans état d’âme, le viol caractérisé de la Constitution qui a supprimé la limitation des mandats à cause duquel nous sommes, aujourd’hui, face à «une crise de légitimité de la première institution du pays, la présidence de la République».

    De toute évidence, considère Ali Benflis, «dans le processus électoral qui vient de s’achever honteusement, le Conseil constitutionnel est sorti de sa neutralité en adoptant un parti pris manifeste pour un candidat». Et d’ajouter : «Cette institution qui, dans tous les pays, est le défenseur vigilant de la constitutionnalité des lois, a été rabaissée au rang de simple appareil au service exclusif du régime en place.»

    «Je suis le vainqueur moral et politique du scrutin»

    Ali Benflis, qui regrette que «le Conseil constitutionnel ne s’est pas imposé comme une institution républicaine ne servant que l’Etat», l’accuse d’avoir «accepté et assumé sa dérive en donnant sa caution légale et morale à la fraude qui a été la caractéristique principale de ce scrutin présidentiel». L’ancien chef de gouvernement a posé une série d’interrogations qui valent affirmations : «Comment le Conseil constitutionnel a-t-il pu valider sans hésitation 4,2 millions de signatures de soutien au candidat du régime sans que l’énormité de cette prétention fallacieuse ne l’oblige à la retenue ? «Comment a-t-il déclaré recevable une candidature dont le dossier médical est manifestement contraire à une réalité visible et connue de tous ? Comment cette institution a-t-elle pu valider la déclaration de patrimoine du président-candidat qui ne satisfait pas aux conditions exigées par la loi ?» «Peut-on par ailleurs concevoir que le chef de l’Etat ne possède même pas un compte courant postal ou bancaire qui lui serve à percevoir son salaire ?» se demande Ali Benflis, qui estime que «ne pas déclarer ce compte aurait dû amener naturellement le Conseil constitutionnel à refuser le dossier du candidat concerné».

    «Je ne reconnais pas les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel, que je considère dépourvus de réalité matérielle et d’effets politiques ou légaux», tranche le candidat indépendant à la présidentielle du 17 avril. Affirmant sa «résolution inébranlable de continuer d’exposer et de dénoncer la fraude comme instrument de détournement des choix du peuple», le conférencier, qui considère que «ses droits ont été lésés», se dit «être le vainqueur politique et moral de ce scrutin présidentiel».

    «Je ne fais aucun appel à l’armée, seul le peuple est souverain»

    Ali Benflis indique qu’il poursuivra «avec détermination le combat politique pour se mettre au service de l’élan populaire qui s’est manifesté clairement en faveur du projet politique soumis à l’appréciation et au jugement de notre peuple». Le candidat a en effet les idées très claires sur son avenir politique et la dynamique suscitée dans la société par la présidentielle.
    Le parti politique qu’il mettra en place sera «démocratique et social». Ali Benflis affirme aussi jouer le rôle de coordinateur du pôle pour le changement créé avec les partis qui l’ont soutenu. Pas seulement. Il se dit prêt à travailler avec la classe politique qui a appelé au boycott de l’élection du 17 avril. L’ancien chef de gouvernement, qui annonce une rencontre dans les prochains jours, indique lui aussi avoir une plateforme à leur soumettre. «Nous discuterons les deux propositions et j’espère que nos  visions convergeront», souligne Ali Benflis qui répondait à une question sur une éventuelle guerre de leadership dans le camp démocratique.

    A propos de l’appel de certaines personnalités à l’intervention de l’armée, le conférencier tranche et affirme qu’il n’«appellera personne, seul le peuple est souverain». L’ancien chef de gouvernement considère que l’armée a laissé faire. Pour lui, «le pouvoir en place est un pouvoir de fait, la seule discussion qui vaille avec lui est le retour à la légitimité populaire et rien d’autre». «Ce système corrompu et vieillissant disparaîtra et tombera», déclare Ali Benflis qui, sur le ton de la dérision, propose de l’aider à partir dans «de meilleures conditions». Il affirme être «très touché» que le président Bouteflika soit allé se plaindre de lui auprès d’un dirigeant étranger et l’ait traité de «terroriste». «Moi je n’ai jamais été à cette école», peste Ali Benflis, soutenant que «celui qui n’a pas pu régler les problèmes de l’Algérie durant 15 ans lorsqu’il était en bonne santé ne peut pas les résoudre en étant diminué».

    Said Rabia
  • pas de manif en ALGERIE

    Des dizaines de personnes ont été empêchées par la police de se rassembler devant la faculté centrale d'Alger. Les forces de l'ordre, présentes en nombre, ont procédé à plusieurs arrestations

    4376162_6_b73f_les-manifestants-a-l-appel-d-un-groupe_06b9fb0fd23608eab7c423b163419845.jpg4376163_6_422d_des-dizaines-de-personnes-ont-ete-empechees_7b6c6fa4ad876a5674b273ac46f8a1fe.jpg

  • Au nom du peuple algerien

     

    Par : Mustapha Hammouche

    C’est une rafle dans les règles de l’art… de la répression que la police algérienne a réalisée aux dépens des manifestants anti-quatrième mandat.
    Il faut dire que face à de pacifiques braillards, dont des femmes et des vieillards, et à des journalistes…, la méthode n’était pas d’une difficile mise en pratique. La police s’occupe de mater les militants politiques et ses chefs politiques s’occupent de câliner les terroristes. Ainsi, une semaine avant la rafle de la “Fac centrale”, le Premier ministre, en campagne à Boumerdès, rappelait-il aux terroristes que “le pouvoir leur tend toujours la main”.
    Outre le fait que l’empressement avec lequel le gouvernement entoure les groupes terroristes se base sur une loi dont le délai légal d’application a expiré en… août 2006 (!), il y a, dans cet écart de traitement, un message politique : on peut se concilier avec les terroristes islamistes, mais on ne peut pas pactiser avec des citoyens qui aspirent à une démocratie.
    Il y a quelque temps, la publicité faite au démantèlement de certains services du DRS suggérait que le pouvoir voulait soustraire la vie publique à la pression et à la manipulation de la police politique. Or, la rafle musclée de samedi dernier vient confirmer ce que nous écrivions, le 5 février dernier, dans cette même rubrique :   “… Une loi de l’Histoire reste en vigueur : sans démocratie, tout pouvoir a besoin d’une police politique.” Qu’importe donc le sigle qui la désigne.
    Au lendemain de la manifestation réprimée contre le quatrième mandat, Bouteflika explique à ses détracteurs, dans un message lu en son nom, qu’ils n’ont aucune illusion à se faire sur  le résultat de la prochaine élection : “Le peuple algérien donnera, comme de coutume, une leçon de citoyenneté à ceux qui veulent nuire à notre chère patrie”, assène-t-il. “Ceux qui veulent nuire à la patrie” étant tous ceux qui, par le boycott ou par la remise en cause du quatrième mandat, veulent l’empêcher de se maintenir au pouvoir.
    En fait, nul besoin du peuple ; les institutions pouvant tout autant démontrer la vanité de l’opposition au système. Il suffit d’une instruction, même informelle, pour que les administrations et les entreprises publiques se mettent en rangs serrés pour remplir et signer les trois millions de formulaires désirés. La télévision du pouvoir se chargera alors de promouvoir le plébiscite avant terme ; et il ne restera plus qu’à le rééditer le 17 avril. Tout cela au nom du peuple. Ce faisant, ces institutions nous infligeront l’autre démonstration, celle d’une illusoire opposition qui assume le paradoxe algérien : attendre d’un système immuable, autoritaire et policier d’organiser une vie politique libre et démocratique !
    À entendre certaines figures du sérail, c’est à peine si elles ne plaignent le système d’être victime de l’entêtement de Bouteflika à se maintenir en selle. C’est pourtant ce même système qui, en 2008, trouvait qu’il n’avait pas à souffrir la contrainte constitutionnelle de devoir changer son Président tous les deux quinquennats.  
    Serait-il si important que “la personne la plus apte à diriger le pays” qu’il choisira pour nous en soit à son premier ou à son quatrième mandat ? Serait-il si utile pour le pays de se défaire de Bouteflika sans se libérer du système qui l’a imposé ? Au nom du peuple.