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Mercredi 10 mars, jour J pour l’intersyndicale des praticiens de santé publique. Le rassemblement devant la présidence de la République était annoncé comme le point culminant de leurs actions de contestation.



Les blouses blanches réprimées

Sit-in des médecins près de la présidence

Les blouses blanches réprimées

Mercredi 10 mars, jour J pour l’intersyndicale des praticiens de santé publique. Le rassemblement devant la présidence de la République était annoncé comme le point culminant de leurs actions de contestation.



Le sit-in du dernier recours, de la dernière chance. Et de tous les risques. La météo est clémente en ce jour et aux abords de la Présidence, un dispositif de circonstance, musclé, a été mis en place. Quelques manifestants étaient présents bien avant l’heure du rassemblement, afin de prendre la « température ». Si certains ont été empêchés d’accéder au rond-point du Golf, les policiers les ayant interceptés et « bloqués » dans une des nombreuses ruelles qui y mènent, d’autres se retrouvent juste en face de l’imposant bâtiment de la Présidence, encerclés par des voitures et des fourgons de police. Parmi eux, les présidents du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) et du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), les docteurs Lyes Merabet et Mohamed Yousfi. Avant même que les troupes ne soient au grand complet, les deux « chefs » sont déjà en pourparlers avec les responsables de la sécurité. Les praticiens assurent qu’ils ne tenteront pas de s’approcher de l’édifice ou d’organiser une marche. « Mais il faut que nos confrères coincés plus haut puissent nous rejoindre pour le sit-in », conditionnent les présidents. Les commissaires rétorquent qu’ils les laisseront faire, dans le calme, à la condition qu’ils se rassemblent dans la ruelle Ali Haddad, en contrebas du rond-point et de la placette d’El Mouradia. L’accord passé, les praticiens y convergent et des barrières sont dressées « pour éviter les débordements ». Puis, à mesure que les minutes passent et que la foule confinée dans l’étroite rue grossit, les éléments des forces de l’ordre augmentent. Des gendarmes et la Garde républicaine viennent prêter main forte aux policiers.

Puis, une brigade antiémeute fait son apparition. Les membres de l’unité prennent place en face de l’attroupement calme et silencieux. Et, sans que rien ne le laisse présager, la haie bleue commence à se mouvoir en intimant l’ordre aux manifestants de reculer. Des cris fusent, empoignant les médecins, ils essaient de les faire reculer, en soulevant la barricade, qui fait office de bélier contre les contestataires. Ceux-ci tentent désespérément de résister, repoussant de toutes leurs forces les assauts des policiers. Des mêlées entre les deux camps s’ensuivent, durant lesquelles les blouses blanches sont violemment poussées, bousculées, chahutées, parfois tout bonnement chargées et agressées. Des femmes s’effondrent, ne résistant pas à la pression de ce corps à corps agressif. Un policier en civil s’extirpe difficilement du bloc compact, en boitant. Et la topographie, tout en pente, de la ruelle n’est pas faite pour arranger les choses. Dans la cohue et la bousculade, de nombreux manifestants trébuchent, entraînant dans leur chute d’autres confrères. Dans la répression, même les journalistes et les photographes de presse ne sont pas épargnés, vertement pris à partie ou carrément bousculés. Choqué par la tournure des événements, le Dr Yousfi hurle à un commissaire : « Nous avions un accord ! Nous ne nous étions pas entendu pour que les choses se passent ainsi ! », avant d’être réduit au silence par un tamponnage frontal. Les praticiens tonnent des slogans hostiles au pouvoir et brandissent des pancartes. Sur l’une d’elles, l’on peut lire « Monsieur le président, après Zizou, c’est à notre tour. Nous sommes de la même famille. Etes-vous disponible ? »

Les représentants syndicaux reçus à la Présidence

L’intersyndicale de la santé publique avait introduit, en date du 10 février dernier, une demande officielle d’audience auprès de la présidence de la République. Et il aura fallu un sit-in qui dégénère à El Mouradia pour que les deux présidents syndicaux soient enfin reçus par un conseiller du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Un conseiller « chargé des relations avec les citoyens » a reçu les deux présidents. Ce « médiateur », qui a longuement écouté les doléances des grévistes, a assuré que la Présidence « prendrait en charge les revendications des médecins grévistes ». Les docteurs Yousfi et Merabet ont bon espoir après cette entrevue. « Notre interlocuteur s’est engagé à étudier le dossier et à nous contacter afin de chercher ensemble les solutions pour régler définitivement ce conflit qui dure depuis plusieurs mois », a déclaré le président du SNPSSP. Toutefois, la grève ouverte est maintenue, et ce jusqu’à la satisfaction totale des revendications. Car ce n’est pas la première fois que des garanties de déblocage sont données aux praticiens contestataires, mais sans résultat. « Nous avons pu avoir accès, officieusement s’entend, au canevas du régime indemnitaire préparé par la chefferie du gouvernement et la direction de la Fonction publique », a expliqué le Dr Merabet. « Il est plafonné à 32%. Ce qui diffère du tout au tout de nos revendications ou de ce qui a été dit lors des réunions de conciliation », ajoute-t-il.« D’ailleurs, pourquoi prennent-ils la peine de faire semblant de discuter et de parlementer avec les représentants syndicaux s’ils ont d’ores et déjà tout ficelé, sans prendre en considération nos demandes ! », s’est insurgé le président du SNPSP. En attendant de voir des avancées se concrétiser, les représentants syndicaux n’excluent pas de réitérer leur action devant la Présidence. « Pour qu’ils ne nous oublient pas… »



Par Ghania Lassal

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