De toute l’histoire des rassemblements des différents corps de la Fonction publique tenus devant la Présidence de la République, c’est la première fois que les protestataires ont pu accéder à l’intérieur de la première instance du pays.
Enfin, un geste de la part des pouvoirs publics. Les praticiens de la santé publique, qui ont saisi auparavant toutes les autorités du pays en vain, ont fini par être reçus par les conseillers du Président Abdelaziz Bouteflika chargés des organisations et des relations avec le citoyen.
De toute l’histoire des rassemblements des différents corps de la Fonction publique tenus devant la présidence de la République, c’est la première fois que les protestataires ont pu accéder à l’intérieur de la première instance du pays. Rejetés par le Premier ministre et par le ministre de la Santé lors des sit-in précédents, les praticiens de la santé publique ont porté leur voix plus «haut» dans le rassemblement d’hier.
Néanmoins, c’est après une longue bousculade avec les forces de l’ordre qu’une délégation de médecins a été invitée à s’entretenir avec les responsables de la Présidence de la République.
A 10h du matin, tous les abords menant vers le siège de la Présidence de la République à El-Mouradia étaient barricadés par les forces de l’ordre.
En civil ou en uniforme, les policiers procèdaient systématiquement à la vérification de l’identité et au contrôle les allées et venues. Malgré le froid glaciel, les médecins, pharmaciens et chirurgiens dentistes étaient nombreux à répondre favorablement à l’appel de l’Intersyndicale des praticiens de la santé publique.
Les premiers groupes de médecins grévistes ont tenté de se rassembler en contrebas du siège de la Présidence, mais les protestataires ont été empêchés d’atteindre l’accès de la Présidence. Dès lors, les manifestants ont été stoppés à la rue Ali Haddad, en face de la mairie d’El-Mouradia. Les médecins ont alors scandé des slogans hostiles à leur tutelle ainsi qu’au Premier ministre. «Après Zizou c’est nous.
Nous sommes aussi de la famille. Est-ce que tu peux nous recevoir monsieur le Président ?», lit-on sur une pancarte brandie par les manifestants, allusion faite à la dernière rencontre qui a eu lieu entre Bouteflika et la star mondiale du football Zidane.
A un moment donné, un officier de police, servant de médiateur entre les deux parties (manifestants et Présidence), informe les Drs Mérabet et Yousfi, respectivement président du SNPSP et du SNPSSP, que «personne n’a voulu vous recevoir» et exige des manifestants qu’ils quittent les lieux.
Sur un toit d’un fourgon stationné qui servait de tribune, le Dr Yousfi prend la parole et demande à ses camarades de rester sur place. Les policiers passent à l’action et tentent de séparer les manifestants.
Les médecins ont été alors repoussés, réprimés et bastonnés par les forces de l’ordre. Une femme médecin, qui a reçu des coups de matraque, a été évacuée à l’hôpital sous le regard offusqué des habitants du quartier.
Le médiateur apparaît pour une deuxième fois et lance un appel aux deux syndicalistes et les conduit au siège de la Présidence. Le calme et le silence reviennent alors que leurs camarades sont reçus par des responsables de la Présidence. Dans l’attente d’une réponse, les protestataires expriment leur révolte devant les journalistes et les policiers.
Une heure après, Mérabet et Yousfi rejoignent l’assemblée sous les applaudissements de la foule. «Nous avons été reçus par un conseiller de la Présidence. Nous avons exposé notre plateforme de revendications aux responsables de la Présidence. De leur côté, ils nous ont promis de relancer le dialogue et de prendre en charge nos doléances au niveau de la Présidence», dira le Dr Mérabet. «La Présidence a pris contact avec nous.
On s’est mis d’accord sur les procédures à suivre afin de régler nos problèmes. Nous avons demandé l’intervention du président de la République pour régler notre conflit avec le ministère de la Santé. Nous espérons bien que cela va se faire dans les plus brefs délais», ajoute le Dr Yousfi.
Par ailleurs, les deux syndicalistes annoncent la poursuite de la grève, entamée depuis plus de trois mois, jusqu’à la satisfaction effective des revendications des médecins. Un autre plan d’action sera annoncé samedi prochain, à l’occasion du point de presse hebdomadaire de l’Intersyndicale des praticiens de la santé publique.
Hocine L. LE JOUR D'ALGERIE 11/03/2010