Symbole de la guerre de Libération nationale, le sigle du parti FLN semble aujourd’hui avoir été vidé de sa substance. Des voix s’élèvent, de façon plus ou moins sporadique, pour demander à ce que le sigle du Front de libération nationale soit rendu à l’histoire. Est-il possible que le FLN trouve sa place au musée ? Tous ceux qui ont tenté d’introduire des requêtes en ce sens se sont heurtés à un refus catégorique.
Le débat sur le FLN remonte à l’ère Boumediène. Il se disait que l’ancien président algérien avait l’intention d’en faire « un parti d’avant-garde » avec un changement de sigle. A l’ère du parti unique, le FLN s’appuyait sur son aura pour interdire tout mouvement politique. Les partis d’opposition étaient condamnés à œuvrer dans la clandestinité. Une attitude contestée par des membres fondateurs du FLN historique, à l’exemple de Hocine Aït Ahmed et de Mohamed Boudiaf, qui s’appuyaient sur les textes fondateurs du FLN pour étayer leurs critiques. Pour eux, la mission du FLN devait prendre fin en juillet 1962. Du temps de Liamine Zeroual, une commission mixte, composée de partis politiques et de membres du gouvernement qui planchaient sur la loi sur les partis politiques (publiée en mars 1997), avait suggéré que le FLN change de nom. L’idée était d’ôter toute connotation religieuse ou historique aux partis politiques.
Un « collectif pour la sauvegarde du sigle FLN » s’était alors constitué pour réclamer la « restitution du sigle au patrimoine algérien ». Les espoirs nés d’après-octobre 1988 n’ont pas mené non plus à une dissolution du vieux parti algérien. Cent fois, on l’a cru mort, cent fois il a ressuscité. Puisant sa force de « la légitimité historique », le FLN a toujours réussi à renaître de ses cendres. Peu de gens se soucient de savoir si le parti est toujours attaché aux idéaux de la Déclaration de novembre. Le FLN, cité dans l’hymne national, ne ressemble guère à celui qui mobilisait les troupes en 1954.
Les vicissitudes du temps et les bouleversements qu’a connus l’Algérie ont terni son image. Fraîchement élu pour un deuxième mandat, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait donné l’impression de « lâcher » le FLN en décrétant, devant l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), « la fin de la légitimité historique ». En ce temps-là, le FLN qui traversait une grave crise, l’on soupçonnait le président de vouloir se venger de ceux qui avaient soutenu son rival dans l’élection présidentielle. Mais l’image du FLN était écorchée depuis longtemps déjà et les Algériens suivaient d’un œil désabusé les clivages qui déchiraient le parti.
l faut dire que le vieux parti avait perdu quelques-uns de ses ténors avec la disparition de Mohamed Chérif Messaâdia et l’insoumission de Abdelhamid Mehri et de Mouloud Hamrouche. « Le FLN est aujourd’hui ligoté, chargé par les complots qui se succèdent contre lui. Son patrimoine historique et populaire est dilapidé, sa précieuse expérience militante est soumise aux passions et aux calculs politiques à courte vue », écrivait M. Mehri, en 2004. Le FLN, qui est entré dans l’histoire par la grande porte, pourrait bien sortir par une issue de secours.
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