Depuis 1962,le monde a beaucoup changé. L'Europe après 1968 est passée à une autre étape de son histoire. Elle est passée d'une démocratie nationale à une démocratie multiculturelle et multiethnique. Les Algériens bénéficiant des accords d'Évian ont pu accéder au marché de travail français. De L'autre côté, en Algérie,on voyait s'installer des coopérants de toutes les nationalités, notamment des français, en nombre restreint sans commune mesure avec la masse d'algériens qui émigraient en France. Malgré cela, le mouvement de circulation entre les deux pays étaient là. Le désir de dépasser la tragédie du passé semblait très fort. On se souvient du voyage de Giscard D'Estaing en Algérie 1973. Un voyage qui ne fut accompagné d'aucun changement substantiel dans les relations économiques:La France ne répondant pas aux demandes de l'Algérie quant à un soutien solide pour son développement économique. Cela dit, malgré la réaction d'une extrême droite s'opposant à l'émigration, la popularité de l'Algérie au sein de la gauche était grande, d'autant plus que la majorité des Français avait un complexe de culpabilité par rapport aux événements de la guerre d'Algérie. Dans l'ensemble, les relations entre les deux pays étaient positives. Un état qui atteint son summum avec la visite de Chadli en France et Mitterrand en Algérie (année 80). Les relations semblaient sur le point de passer à une étape supérieure:une circulation intense entre les deux pays aussi bien des Algériens vers la France que des Français vers l'Algérie et éventuellement leur installation. Mais coup de tonnerre. Les événements des années 90,en Algérie allaient mettre fin à cette évolution:125 étrangers furent tués en Algérie dans les années 90, parmi lesquels des Français dont les moines de thibirine. Les attentats à Paris, par des Algériens accentuèrent la régression. Ces événements mettent fin à un projet:le dépassement, comme ce fut le cas entre l'allemagne et la France, du passé tragique entre la France et l'Algérie. Un nouvel état d'esprit français face au passé colonial commençait à émerger en France. Le sentiment de culpabilité des dirigeants français s'estompait progressivement: il fut ouvertement exprimé par le président Sarkozy qui affirma que les Français d'aujourd'hui ne se sentaient pas responsables des erreurs de leurs ancêtres.l es français changent de ton par rapport à l'Algérie, et affichent ouvertement leur irritabilité face aux revendications de type islamique des associations musulmanes et de certains individus(voile islamique). Les Musulmans de France n'ont pas compris que toute l'histoire de la France s'est construite sur la base de la laicité et que la religion n'avait pas de place dans l'espace public. Une affirmation dont les tenants de l'idéologie moderniste se firent un devoir de mettre en évidence, en accusant les Algériens de refuser de s'intégrer. La montée des mouvements islamiques dans le monde enflamma les banlieues et l'on vit défiler en permanence des personnalités ou intellectuels musulmans( Tarik, Ramada, Malek Chebel...)sur les plateaux de télévisions françaises. L'effet boomerang eût lieu:1)- Un rejet mental des musulmans étant donné la réticence des Français à l'expression de la religion sur la place publique. Les valeurs communes autour desquelles se meuvent les individus sont des valeurs de modernité. La religion est tolérée mais elle ne doit pas s'exprimer dans l'espace public. Elle le fût par des personnalités musulmanes, mais elle s'est retournée contre elles et contre tous les musulmans, plus précisément les Algériens, qui en raison des événements en Algérie, perdent toute la crédibilité et la sympathie ayant découlé de la guerre d'algérie. 2)- La France moderne est multiculturelle, comme d'ailleurs toutes les démocraties occidentales. C'est le nouveau visage du libéralisme. La conception de la vie en société se fait sur une base territoriale. On vit dans le même espace donc, on s'accepte. Les étrangers disposent des mêmes droits que les citoyens de souche. Entre les gens, existent un rapport a-religieux. C'est la nouvelle philosophie des démocraties libérales. Une vision hautement civilisée du monde nouveau:un pays qui ne s'y conforme pas tombe dans la marginalisation, l'oubli et le désintêret, plus encore, il est perçu comme un pays pratiquant l'ostracisme:c'est le cas de l'Algérie. Deux sources de cet ostracisme:La construction de la société sur une base communautaire d'essence musulmane et religieuse, excluant ouvertement ou tacitement les non-musulmans.La société est divisée en croyants et Kafirs(mécréants).2)-Le pouvoir est d'essence islamique et intolérant:il pourchasse les pratiquants des autres religions et surtout, une chose qui étonne les occidentaux qui, eux, au contraire acceptent les musulmans et leur financent même leurs mosqués, l'impossibilité pour les Chrétiens de construire des églises. Deuxième effet boomerang:ils ne nous acceptent pas, ils ne sont pas tolérants donc nous n'avons aucune raison d'être ouverts avec eux, d'autant plus que la construction de l'Europe permet, le cas échéant, de se pourvoir en main-d'oeuvre dans les nouveaux pays, proches culturellement. Deux conclusions ressortent de cette évolution:1)-Les Musulmans de France ont pêché par orgueil jusqu'à pousser le gouvernement français, irrité au plus haut point, à prendre des mesures de fermeture des frontières.2)-L'Algérie n'a pas évolué vers une démocratisation qui aurait permis le dépassement de la conception communautaro-islamique et la mise en place d'une société multiculturelle, à l'européene, à l'américaine, à la japonaise, à la canadienne,etc...dans laquelle toute personne, quelle que soit son origine, même française, aurait pu vivre. Le rejet des Algériens en France, la fin des accords priviligiés d'Évian est l'échec de l'Algérie sur le plan de la démocratisation. Le responsable algérien qui dit que, dans l'article que ''les Français oublient que l'Algérie est un pays particulier du fait de l'histoire entre les deux peuples et de l'importance de la dimension humaine entre les deux nations''émet un slogan dépassé par la réalité.1-) Il ne comprend pas que le passé colonial n'est plus un paramètre pour le gouvernement français dans sa définition des relations avec l'Algérie.2)- La ''dimension humaine'' n'est vrai que dans la mesure ou elle a lieu de l'Algérie vers la France. Cette phrase deviendra une réalité à double sens entre les deux pays le jour ou l'Algérie deviendra une démocratie. ARISTOTE