L’affaire de l’assassinat du directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, n'a pas dévoilé tous ses secrets.
« Je n’ai pas tiré dans la tête de Ali Tounsi », a crié l'assassin présumé, Oultache Chouaïb, dont la nouvelle déclaration contredit complètement la version officielle des faits, celle de Zerhouni notamment. Qui a alors tiré dans la tête de Ali Tounsi ?
Hier lors de la reconstitution de la scène du crime, le colonel Oultache Chouaïb a relancé l'enquête. « J’ai tiré quatre balles du côté droit de la poitrine. En sortant, Ali Tounsi n’était pas mort », a-t-il affirmé, selon Khaled Bourayou, avocat de la famille de Ali Tounsi qui a assisté à cette reconstitution. « Le prévenu prétend également avoir entendu une voix en sortant du bureau de Ali Tounsi qui dit : achevez-les tous les deux », raconte encore Khaled Bourayou. « Cette déclaration ne correspond pas aux éléments contenus dans le dossier », explique-t-il à El-Watan. Mais, ajoute-t-il, cette reconstitution permet de soulever d’autres interrogations.
« Ce sont des faits nouveaux. Si ce n’est pas le prévenu, qui a tiré alors les deux balles dans la tête de la victime et qui l’ont achevé ? »s’interroge-t-il. Pour l’avocat de la famille, le juge devra, maintenant, poursuivre l’enquête pour établir la vérité. Commentant la reconstitution de la scène du crime, Khaled Bourayou estime qu’elle n’a pas été mise en valeur. « On n’a pas respecté le timing. On ne sait pas combien de temps il est resté dans le bureau de Ali Tounsi et quand il est ressorti. Ce sont des détails importants. La reconstitution n’était pas dynamique », souligne-t-il. Cela sur la forme. La reconstitution de la scène, enchaîne-t-il, a permis, toutefois, « de connaître les circonstances dans lesquelles le crime a été commis ». « La reconstitution porte sur deux volets : comment le crime a été commis et pourquoi il a été perpétré », explique-t-il.
Le premier volet est désormais connu, le deuxième demeure toujours un mystère. « On ne connaît toujours pas le mobile du crime », dit-il. Nous avons tenté de contacter les avocats de la défense pour avoir leur avis sur le sujet, en vain.
Pour rappel, , quelques heures après le meurtre, et pour faire taire les doutes, le ministère de l'Intérieur s’était empressé de déclarer, dans un communiqué hâtif, que « le décès de M. Ali Tounsi, Directeur Général de la Sûreté nationale est survenu lors d'une séance de travail, au cours de laquelle un cadre de la police, apparemment pris d'une crise de démence a utilisé son arme et a blessé mortellement le Colonel Ali Tounsi, après quoi il a retourné l'arme contre lui se blessant gravement et a été transféré à l'hôpital ».
Mais le 20 mai, le rapport des trois experts psychiatriques désignés par le tribunal de Bab El Oued révèle que Chouaïb Oultache , l’assassin présumé du colonel Ali Tounsi, n’est pas atteint de démence.
Ce rapport détruit la version avancée par le ministère de l’intérieur le jour des faits et conforte la thèse de la famille du défunt qui, dans un autre communiqué adressé à la presse, avait contredit Zerhouni et affirmé que Ali Tounsi « n'avait aucun problème personnel avec son assassin, ni d'ailleurs avec quiconque » et que le défunt « a été assassine froidement, lâchement et en toute conscience dans son bureau de la Direction Générale de la Sûreté Nationale, alors qu'il s'apprêtait à tenir une réunion avec les directeurs centraux. »
Contrairement à la version du ministère de l’Intérieur qui parle d’acte de démence, il s’agirait donc bien d’un acte réfléchi et froidement exécuté.
Qui a tué Ali Tounsi ?
L.M.