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Les "clans adversaires" du Président sont-ils crédibles ?

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Dans sa dernière et pertinente livraison, Mr. Benchicou, évoquant le voyage de Nice de Bouteflika conclut que `la ruade arrogante (de Sarkozy) était presque de trop`.

Je pense qu`elle était calibrée et expédiée avec un timing approprié.
A bien les analyser, chaque attitude, chaque posture, chaque mot de Sarkozy est un message en soi.
Quand il crie sur tous les toits de la francafrique :`je lui ai dis je t`en prie viens`, on peut supposer que c`est Bouteflika qui, par vanité, lui a demandé de révéler leur échange téléphonique. Traduisez cette vanité en arabe: OuAllah hata` aad yhawal fiya bach rohtlou`.
Quand Sarkozy dit `est ce qu`il suffit que Bouteflika participe au sommet de Nice pour que tout a coup s`éclaire la relation entre la France et l`Algérie`, n`est ce pas là une traduction diplomatique de son fameux `dégage, pauvre con` ?

Mais pourquoi s`étonner de cet accueil ?
Comment, du point de vue de la France, peut-on donner du crédit à un Président dont les hommes forts dans le gouvernement ont été écartés par le DRS, ultime recours du pays, et que certains d`entre eux ont le couperet sur la tête pour de multiples affaires de corruption?
Comment faire acte de repentance à un Président – et le faire entrer par la même dans l`Histoire de son pays et celui de la France – quand celui-ci est arrivé et s`est maintenu au pouvoir par des putschs électoraux et le détournement permanent des richesses de son peuple au profit d`intérêts étrangers, de connivence avec une nouvelle caste de prédateurs algériens que sa politique aura sciemment créés …
Comment faire acte de repentance à un Président dont la géopolitique régionale a consisté à amarrer son pays – divine surprise - à la France, au lendemain même de son premier mandat, pensant stupidement qu`elle allait contribuer au développement de son pays.

La France a une compréhension fine des gestes symboliques et en particulier ceux destinés à entrer dans l`Histoire. Pour avoir si souvent manipulé et travesti sa propre histoire, avec un ingénieux dosage d`expertise, de mauvaise foi, et de contre-vérités, elle sait toutes les allées de l`écriture historique, et leurs destinations.
Il est totalement illusoire, inintelligent d`avoir pensé une seule seconde qu`en favorisant  le développement exponentiel de ses intérêts économiques et stratégiques en Algérie, on allait obtenir d`elle qu`elle fasse acte de repentance à un Président, à un système politique qui depuis l`indépendance n`a fait que saigner, usurper les symboles historiques de son propre peuple.

Certains journalistes algériens ont du mal à cacher leur amertune, eux qui ont toujours et fidèlement relayé avec plus ou moins de subtilité les `idéaux` de la France.
Ils se lamentent et regrettent à longueurs d`éditos amers que Sarkozy persiste à ne pas faire acte de repentance devant Bouteflika. Ceux-là et d`autres encore dans les diverses fonctions de l`administration algérienne font partie d`une classe d`algériens qui devrait se rendre compte que ce n`est pas en servant du vin à leur table, en donnant des prénoms occidentaux à leurs progénitures et en libéralisant les moeurs de leurs femmes, que la France va traiter avec eux `d`égal a égal`, sur les questions essentielles.
Le respect et la considération se méritent, Monsieur.
Tout le reste n`est que manipulation du `quant à soi`.

Sarkozy n`a `prié` Bouteflika d`assister au cirque de Nice que pour que l`exhiber comme une prise `bongo-isée`, achevant ainsi ses illusions d`homme d`Etat.

Triste déchéance pour un grand diplomate des années 1970, sous la férule de Boumediene, qui lors d`un petit déjeuner de travail à Paris, en 1975, avec Henry Kissinger faisait preuve d`une verve politique et d`une stratégie d`influence admirables pour faire passer les points de vue de l`Algérie, comme le montre la transcription de leurs échanges, déclassifiée récemment par la Maison Blanche.

Mais soyons lucides, ni Sarkozy, ni la France ne nous ont imposé les Bouteflika, Belkhadem, Khellil, Temmar, Benbouzid et tous les ministres en place depuis plus de dix ans.

Le dernier remaniement ministériel montre hélas qu`au-delà des mouvements de position qui renseignent sur l`état du rapport de force entre le clan du Président (dixit Chekib Khelil)  et les clans qui lui sont opposés, rien d`encourageant pour l`Algérie n`apparaît à l`horizon.

La reconduite des symboles de l`incompétence algérienne au sommet de l`état que sont les Rahmani, Sellal, Ghoul, Barkat et j`en passe, le rappel de Yousfi à un poste clé après avoir hiberné des années durant au Canada et ailleurs montrent que les `clans alternatifs à celui du Président` n`ont pas saisi les enjeux critiques du développement économique et politique auxquels fait face notre pays.
La compétition entre nations est devenue cruelle et impitoyable. Dans moins de 20 ans, c`est à dire demain matin, beaucoup de pays auront disparu de la carte géopolitique du fait de l`émergence de nouvelles forces et de la recomposition conséquente des zones d`influence, un peu partout sur la planète. Survivront ceux d`entre eux qui auront fait preuve de créativité et d`innovation (dans tous les domaines), et qui auront anticipé ces changements majeurs en les préparant dés aujourd’hui, avec des transformations de leurs sociétés, guidés par des responsables, professionnellement crédibles,  et des idées nouvelles.

En s`avérant incapables de retenir les leçons du passé – choix à contre temps de Bouteflika – et de donner ne serait-ce qu`un faible signal du renouveau de l`Algérie, à travers leur quota gouvernemental, les `clans alternatifs à celui du Président` altèrent leur crédibilité comme moteur de la transformation de l`Algérie. Ils révèlent, je le crains, un état d`esprit totalement déphasé par rapport aux ruptures stratégiques qui définissent et façonnent le monde d`aujourd’hui et de demain.
Et cela est très grave pour le pays.

SOFIANE

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