Par : Mustapha Hammouche
Le Conseil consultatif de l’UMA a achevé sa septième session. Il a élu son nouveau président. C’était le tour d’un Algérien, pour cette fois-ci.
Le Maghreb n’existe pas parce que, dans l’actuel contexte maghrébin, il ne peut exister. Mais l’existence et le fonctionnement organique du Conseil consultatif prouvent qu’une institution peut exister indépendamment de son objet. Il a son siège, son budget, certainement, et il se justifie par la virtualité d’un Maghreb politique.
L’hétérogénéité des régimes de l’Union dite du Maghreb arabe est un des éléments qui hypothèquent le projet, mais ce qu’ils partagent, leur nature autocratique, contrarie encore plus ce mirage : du point de vue despotique, une frontière, c’est fait pour s’enfermer, non pas pour s’ouvrir. Chacun voulant être maître absolu chez lui, comment concevoir un espace libre fait de plusieurs carcans ?
Les membres du Conseil, élus nationaux reversés à l’institution régionale, savent que le Conseil a pour mission d’exister. Sans plus. Ils se rappellent donc à notre existence quand les statuts le leur commandent en se gardant bien de se mêler de ce qui ne les regarde pas, c’est-à-dire la politique.
Il ne sera donc pas question de frontières fermées, de circulation de biens et de personnes, du Sahara occidental. Cela, c’est l’affaire des souverains et chefs d’État. Et comme ces questions qui font la problématique du Maghreb ne sont pas à l’ordre du jour, elles ne sont pas non plus dans celui du Conseil.
Celui-ci, conscient de cette impuissance, botte en touche et appelle “les institutions maghrébines” à jouer “pleinement leur rôle dans la réalisation des aspirations des peuples maghrébins à l’intégration, ce qui permettra de créer un ensemble économique intégré et efficace, un bloc politique cohérent et une force régionale influente”.
Le Conseil appelle donc à jouer ce rôle qu’il ne peut pas jouer. Les limites d’une unité maghrébine sont à ce point immédiates qu’elles sont perceptibles dès qu’il est question de Maghreb. Cela n’empêche pas les États d’être solidaires dans la fuite en avant et de se donner des institutions supposées traduire les aspirations des peuples maghrébins à l’unité. Cela ne coûte qu’un budget, quelques sièges et de menus privilèges de faire fonctionner des institutions à vide.
D’autres institutions, comme l’UME (Union maghrébine des entrepreneurs), sont réputées concourir à l’intégration régionale. Mais à observer le niveau de rapprochement économique, on est contraint de penser qu’elles se contentent d’une existence budgétaire.
Le retard politique qui caractérise chacun des régimes des pays maghrébins est, paradoxalement, à la base de ce consensus pour faire du Maghreb un objet de discours, plutôt qu’une finalité stratégique. La rhétorique unitaire prend parfois le relais du discours nationaliste qui, pourtant, se nourrit souvent des oppositions intermaghrébines.
Si à la décharge de chacun des États, des raisons objectives peuvent compléter l’explication de cette impossibilité maghrébine, il reste que l’échec collectif du Maghreb est d’abord le couronnement des échecs individuels de chaque régime.