L'Algérie commémore également le 8 mai 1945, début des massacres perpétrés par l'armée française qui ont fait 45.000 morts.
L'Algérie célèbrait elle aussi le 8 mai 1945, ce vendredi, mais pour des évènements plus tragiques: le pays commémorait les massacres perpétrés par l'armée française qui ont fait 45.000 morts à Sétif, Guelma ou Kherrata selon Alger.
Abdelaziz Ziari, président de l'Assemblée nationale algérienne, a estimé que la France devrait "faire repentance" pour les "crimes" commis durant le colonialisme "en Algérie et ailleurs", et que cela "serait tout à leur honneur" lors d'une émission à la radio francophone Chaîne III. Même si "la France refuse tout acte de repentance" "cela se fera un jour" a affirmé le président de l'Assemblée nationale, tout en qualifiant "d'ignoble" la répression du 8 mai 1945 en Algérie.
Ces massacres avaient cependant été considérés en 2005 de "tragédie inexcusable" par Hubert Colin de Verdière, ambassadeur de France alors en poste en Algérie. Son successeur, Bernard Bajolet avait pour sa part qualifié ces massacres d'"épouvantables" en 2007.
Tourner une "page noire"
Abdelaziz Bouteflika, président algérien, après avoir fustigé à de nombreuses reprises le passé colonial de la France, a prôné une "voie originale" pour tourner "la page noire" de l'histoire avec la France et "surmonter les traumatismes causés au peuple algérien par l'Etat colonial français". Dans ce message lu jeudi 7 mai lors d'une conférence à l'université de Sétif, il a estimé que cette "voie originale" permettra d'établir "entre l'Algérie et la France, entre le peuple algérien et le peuple français des rapports authentiques d'amitié sincère et véritable". Il a également précisé que cela se ferait dans une "coopération où chacun trouvera son intérêt et des raisons d'espérer dans l'avenir".
Pour Abdelaziz Bouteflika, ces traumatismes "continuent, souvent inconsciemment, à modeler (leurs) consciences et (…) manières d'agir"
La ville de Sétif a été le théâtre, les 8 et 9 mai 1945 d'émeutes qui ont été réprimées dans le sang. Les historiens font état d'un bilan oscillant entre 10.000 et 20.000 morts. Ce jour là, en Algérie, des drapeaux algériens furent brandis et des slogans réclamant l'indépendance lancés au cours de manifestations pacifiques organisées pour célébrer la victoire face au régime nazi, entraînant une répression sanglante durant plusieurs semaines.
Un discours moins virulent
Le chef de l'Etat algérien reste néanmoins fidèle à sa position antérieure au sujet l'article 4 de la loi du 23 février 2005 sur "le rôle positif" de la colonisation, qu'il avait fustigé à l'époque.
Rompant avec ses précédentes diatribes sur le système colonial, parlant notamment de "génocide", Abdelaziz Bouteflika concède cependant qu'on ne peut "pas faire porter au peuple français tout entier la responsabilité des malheurs et des souffrances qu'en son nom le colonialisme français nous a imposés".
Il passe sous silence également la "demande de pardon" et le "devoir de repentance", deux conditions posées jusqu'à récemment comme préalable par Alger pour concrétiser "le processus de refondation des relations bilatérales" cher à Jacques Chirac.
Epousant le discours prononcé par Nicolas Sarkozy en décembre 2007 à l'université de Constantine, Abdelaziz Bouteflika estime que l'essentiel est de "construire pour nos jeunes un avenir de paix et de prospérité". Selon les observateurs, le changement de ton du président algérien sur ces questions coloniales, ne serait pas sans lien avec sa prochaine visite officielle en France, qui aura lieu normalement en juin prochain.