par Synthèse S. Ferdi, Le Quotidien d'Oran, 3 août 2010
Des espions américains en touaregs plus vrais que nature ? Ils existent bel et bien, selon Al Khaleej et ils savent tout, des langues aux alliances tribales.
Le Sahel grouille d'espions, ces «nouveaux chouyoukh». Al Qaïda sert de prétexte. L'otage français Pierre Camate, libéré dans une transaction avec l'AQMI, était-il un espion de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) ? Le service de renseignement français a officiellement démenti l'information donnée par des journaux à la suite, semble-t-il, d'un «lapsus» de Bernard Bajolet, coordinateur national du renseignement à la présidence de la République française. Toujours est-il que la région du Sahel ne manque pas d'honorables correspondants et d'agents en mission. A en croire le journal El Khaleej, les Etats-Unis ont envoyé en sous-marin des agents transformés en vrais bédouins connaissant parfaitement la langue, les us, les coutumes et les alliances tribales. Ils s'habillent comme les habitants du cru et ont trouvé le moyen de se brunir la peau au point d'être, en tous points, semblables aux habitants de la région sahélienne. Ces agents ont été envoyés dans la région sous le prétexte de combattre l'AQMI alors que des informations sûres évoquent des richesses minières inestimables. Ces agents américains sont «nés entre les gratte-ciels dans la Silicon Valley et n'hésitent pas, dans le cadre de la «mondialisation de l'Empire», à aller au Sahara, à se vêtir en tenue arabo-africaine et à vivre parmi les tribus du nord du Mali afin de mettre en place des réseaux de renseignements dans la région du Sahel.
Comme à Hollywood
Les officiers américains, écrit Al Khaleej, «appliquent des méthodes semblables à celles de leurs «collègues» de Hollywood, ils s'entraînent à s'habiller en tunique sahraouie, utilisent des mixtures particulières pour donner la bonne teinte à leurs peaux et ils ont appris le Hassania, la langue dominante dans la région. Il y aurait également des agents femmes, accoutrées en mauritaniennes qui ont écumé aussi la zone. Le journal cite un Mauritanien qui s'est marié avec l'une d'elles. Elle «connaissait mieux que moi les liens existants entre les familles mauritaniennes», a-t-il affirmé. L'intérêt de la presse mauritanienne pour les «blondes américaines dans le Sahara mauritanien» a rendu nécessaire de mettre fin à la visibilité des «nouveaux cheikhs et cheikhate». Dans leur travail, les honorables correspondants américains, explique le journal, ont veillé «à suivre les méthodes «stratégiques» d'Al Qaïda au nord du Mali. Ils ont veillé à établir de fortes relations avec des chefs de tribus et des réseaux de marchands dans la région sahélienne, lesquels sont devenus de véritables sociologues connaissant parfaitement la composition ethnique, linguistique et les langages vernaculaires des populations du Sahel».
Des espions qui copient l'AQMI
Il ne fait pas de doute, explique un des habitants de l'Azawad, «que les chefs de tribus dans la région sont aux ordres des services américains et français. Leur mission est de fournir des renseignements en contrepartie d'aides qui sont livrées de manière très intelligente». Selon lui, la région est maillée par les services et les informations sont transmises soit par téléphone cellulaire satellite, soit par le biais de voyages vers des pays voisins. Ce témoin évoque une compétition âpre entre les services algériens, mauritaniens, marocains, français et américains. L'action de l'AQMI a servi de prétexte à une présence plus forte des services français et américains. L'action d'Al Qaïda est venue renforcer la vision des «faucons» dans les services américains qui œuvrent à asseoir une présence militaire stratégique dans la région». Un homme politique mauritanien a rapporté à Al Khaleej les propos d'un officier américain : «La question d'avoir une base en Mauritanie est réglée afin de préserver notre sécurité. Les Français se sont opposés vivement à une présence militaire américaine au Sahel, ils ont été aidés par les positions de rejet de l'Algérie et de la Libye». Cependant, explique-t-il, l'arrivée de Sarkozy au pouvoir a transformé la compétition franco-américaine en «coopération stratégique». Dans la dernière opération franco-mauritanienne, les Américains ont été les principaux pourvoyeurs d'informations. Ce serait le résultat du «travail des «nouveaux chouyoukh» des tribus du Sahara»