La wilaya d’El Oued enregistre chaque année des milliers de cas d’envenimation scorpionique, souvent avec décès.
Selon les services de la prévention, près de 3000 piqûres de scorpion ont été signalées depuis le début de cette année, soit autour de 450 piqûres/jour. Ce chiffre dénote le danger que constitue cet arthropode pour les habitants de la wilaya. En effet, pour le seul mois de juillet, l’on a déploré pas moins de 4 décès. Les services de la santé imputent, depuis toujours, le problème à la dégradation de l’environnement. Des sources locales ont indiqué que le manque de sérum antiscorpionique et l’absence d’ambulances au niveau de certains centres de santé ont davantage compliqué la situation.
Le problème se pose surtout quand les piqûres de scorpion ont lieu la nuit, car c’est à ce moment-là que ces animaux venimeux sortent, sans doute à la recherche de fraîcheur et de pitance. Les services de la prévention ont indiqué que le sérum antiscorpionique (SAS) n’est pas disponible dans chaque unité et salle de soins. Ce qui veut dire que des localités lointaines sont, et seront toujours, privées de cette substance vitale. Par conséquent, en cas d’envenimation, les victimes des localités enclavées doivent faire un trajet de plus de deux heures pour rejoindre l’hôpital. Malheureusement, tout ce temps perdu permet au venin de se propager dans tout le corps, rendant le plus souvent les secours dispensés par les services de santé inutiles, comme ce fut le cas pour cette jeune fille décédée la semaine passée suite à une piqûre de scorpion. Elle n’avait que 21 ans ! Elle habitait une localité relevant de la commune frontalière de Ben Gacha, à 140 km au nord-est d’El Oued. Le père, un quinquagénaire, fellah de son état, était bouleversé en voyant sa fille souffrant de douleurs atroces accompagnées de vomissements. Il l’avait emmenée la nuit à la salle de soins de sa commune dans le véhicule de son voisin. Hélas, sur place, il n’y avait ni ambulance ni sérum antiscorpionique.
Deux heures pour rejoindre un hôpital
Ce dernier est introuvable depuis deux ans au niveau de ladite salle de soins, et les services de santé ont reconnu le problème. Le malheureux père s’est dirigé vers le point le plus proche pour tenter de sauver sa fille. Il l’a évacuée au centre de santé de Negrine, dans la wilaya de Tébessa, à 70 km, dans la commune de Ben Gacha. L’état critique de la victime a obligé les médecins de l’orienter vers l’établissement hospitalier Tidjani Haddam de Bir El Ater (Tébessa), à 60 km de Negrine. Mais hélas, Theldja rendra l’âme avant même son arrivée, à cause du venin qui avait eu tout le temps de se répandre dans son frêle corps et de s’attaquer au système nerveux. La mort de la jeune fille a jeté l’émoi dans sa famille. Depuis, la population locale réclame une sérieuse prise en charge en matière de santé. Le deuxième cas, survenu également au mois de juillet dernier, est aussi tragique qu’émouvant. Il s’agit d’une fillette âgée de onze ans, Karima, qui a trouvé la mort suite à une piqûre de scorpion dans son domicile sis à la localité de Djedaïda, dans la commune de Magrane, à 30 km d’El Oued.
Des sources médicales ont indiqué que la fillette a été piquée plusieurs fois, et simultanément. Elle a été évacuée à l’hôpital de Debila, mais son état critique a poussé les médecins à l’orienter vers l’établissement hospitalier d’El Oued. La fillette avait été prise de convulsions à bord de l’ambulance. Notre source a précisé qu’au moment où son frère la tenait dans ses bras en pleurant, un scorpion est sorti de sous les vêtements de la malheureuse et l’a piqué à son tour. Heureusement, cet arachnide, qui a semé la panique, avait déjà injecté tout son venin dans le corps de la fillette. Selon les statistiques des services de la prévention, la wilaya d’El Oued a enregistré durant la dernière décennie près de 63 000 piqûres de scorpion (une moyenne de 6300 piqûres/an) et des dizaines de décès. La plupart des victimes sont des enfants. Selon la même source, l’année 1997 a été l’année la plus dramatique où l’on a déploré 17 morts et plus de 3000 piqûres. En 2007, la wilaya a recensé près de 7500 piqûres. Les communes les plus touchées par l’envenimation scorpionique durant le 1er semestre de l’année en cours sont Debila (457 cas), Hassi Khalifa (318 cas), Reguiba (253 cas) et Guemmar (242 cas). La commune du chef-lieu de wilaya a enregistré 122 cas.
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