Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Mémoire et populisme

L’erreur fondamentale n’était-elle pas d’avoir baptisé l’université d’Alger au nom de Benyoucef Ben Khedda avant de se rendre compte que l’on a oublié l’essentiel, à savoir le volet pédagogique ? L’objectif de toute baptisation étant d’honorer et d’entretenir la mémoire d’un illustre personnage disparu, ne pouvait-on pas donner le nom de Ben Khedda à quelque grand édifice institutionnel ou infrastructure culturelle ?

Le décret exécutif paru au Journal officiel de juillet dernier et portant changement de dénomination de l’université d’Alger pose problème aux yeux de l’Organisation nationale des moudjahidine. Le décret en question stipule que ladite université ne portera plus le nom du défunt président du GPRA, Benyoucef Ben Khedda. Chez les moudjahidine, l’incompréhension et le courroux sont d’autant plus grands que la cérémonie de baptisation officielle au nom de cette personnalité historique, organisée il y a quelques années, avait été rehaussée par la présence du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. De ce fait, les membres de l’ONM d’Alger ne trouvent pas d’explication au fait qu’une telle mesure ait obtenu l’approbation du même président de la République, laquelle mesure a fait l’objet d’un décret exécutif signé par le Premier ministre.
Certains vont trouver là matière à crier à un “second coup d’État contre la GPRA”, ce que l’ONM se refusera à faire. D’autres feront montre d’un souci de pragmatisme et argueront que la débaptisation de l’université d’Alger a été dictée par des considérations strictement techniques, pédagogiques ou organisationnelles. La mesure semble répondre, en effet, à une revendication des étudiants que les mentions            “université de Dély-ibrahim”,                “université de Bouzaréah”…, portées en haut de leur diplôme ou certificat de scolarité, n’agréaient point, de telles mentions ne faisant pas sensation lorsqu’il s’agit de se présenter à quelque grande école française.
Se pose donc une question essentielle : l’erreur fondamentale n’était-elle pas d’avoir baptisé l’université d’Alger au nom de Benyoucef Ben Khedda avant de se rendre compte que l’on a oublié l’essentiel, à savoir le volet pédagogique ? L’objectif de toute baptisation étant d’honorer et d’entretenir la mémoire d’un illustre personnage disparu, ne pouvait-on pas donner le nom de Ben Khedda à quelque grand édifice institutionnel ou infrastructure culturelle ? Après tout, nos aéroports ne sont-ils pas plus nombreux que nos défunts présidents ?
Si le populisme n’avait pas, comme toujours, pris le pas sur le pragmatisme, on aurait certainement procédé autrement. Ce qui aurait eu pour effet d’assurer la pérennité de l’hommage rendu à Ben Khedda tout en nous épargnant une polémique qui, peut-être, ne fait que commencer et qui s’alimentera, à son tour, de populisme.

Les commentaires sont fermés.