Vieil ami de la famille Merbah, je sors atterré de la lecture, dans Echourouk, d’un article mensonger, qui se veut une « révélation » sur les arcanes de la Sécurité militaire et un hommage à feu Kasdi Merbah, signé par l’ex-capitaine Hicham Aboud supposé pourfendeur du régime, qu’on croyait banni mais qu’on retrouve bizarrement dans les colonnes d'un journal proche de ce même régime.
Il faut vraiment que les services algériens soient atteints de déliquescence pour promouvoir les radotages d’un ex-sbire en « révélations ». Car Hicham Aboud, agent subalterne sous les ordres du général Betchine, n'est au courant de rien. Il reprend à son compte des brèves de comptoir et les érige en secrets d’Etat. Le procédé trouve toujours preneur au sein de la presse française et je n’aurais certainement pas réagi à ce qui s’apparente à une opération de « réhabilitation » d’un agent des basses-œuvres qui, il y a à peine un an, se répandait en insultes et avanies sur son pays, dans les colonnes de la presse française si le sieur Hichem Aboud n’avait exploité honteusement la mémoire de feu Kasdi Merbah pour se refaire une virginité, mélangeant les larmes de crocodiles et les contre-vérités.
Hicham Aboud évoque « l’enfant du Djurdjura, Abdallah Khalef », « son habileté à mener les hommes », « son ingéniosité dans l’évaluation des situations », sa « profonde vision stratégique » Ce qu’il ne dit pas, c’est que lui, Hicham Aboud, a participé, en tant que vil exécutant du duo Belkheir-Betchine, au complot anti-Merbah de l’été 1989, qui visait à évincer Merbah du poste de Premier ministre, pour le remplacer par Hamrouche.
Hicham Aboud a orchestré, entre autres, la machination de la fameuse dépêche APS qui porta un coup sévère à Kasdi Merbah.
Dès le printemps 89, Larbi Belkheir voulait se débarrasser au plus vite de Kasdi Merbah qui avait affiché ouvertement sa volonté de s'attaquer aux « rats du système », c’est-à-dire aux voleurs. Il va mettre au point le complot qui va affaiblir Merbah et conduire à cette journée du 10 septembre 1989 où Kasdi Merbah est empêché de rentrer dans son bureau au siège du gouvernement. La campagne de dénigrement est menée en association avec le général Mohamed Betchine, ancien responsable de la Direction centrale de la sécurité de l'armée (DCSA) qui venait de remplacer le général Lakhal Ayat à la tête de la Délégation générale de la prévention et de la sécurité (DGPS). Il s’agit de préparer l’opinion publique mais surtout Chadli à l’élimination de Merbah du poste de Premier ministre. Les relais dans la presse sont activés. Il s’agit de véhiculer des clichés sur Merbah : « manquements aux devoirs », « homme des intérêts de la France », « un adversaire des réformes », « un personnage du système ancien » et, surtout, « un ambitieux qui rêve de prendre tout le pouvoir ».On retrouve toutes ces idées dans l’éditorial d'Algérie-Actualité du 11 mai 1989 et rédigé par le directeur Kamal Belkacem, homme de Belkheir, numéro d’Algérie Actualités que Kasdi Merbah commit l’erreur de censurer. Il est aussitôt attaqué par les élites et même au journal télévisé où l’on parlera de retour à la « censure sauvage »
Ces idées, soufflées par le duo Belkheir-Betchine, on les retrouvera, curieusement, dans une dépêche de l’APS, agence officielle !Le coup fut monté par un certain…Hicham Aboud que Betchine avait trouvé dans la DGPS et qui deviendra son homme des basses œuvres.Betchine avait chargé Hicham Aboud d’inviter quelques journalistes dont un éditorialiste de l’APS, dans une villa à Club des pins, autour de quelques bouteilles de whisky. La mission : faire écrire par l'éditorialiste de l'APS, un article « crédible » contre Merbah, en reprenant les idées force dictées par Belkheir. Hicham Aboud était aidé dans son travail de persuasion par des journalistes hamrouchiens, dont Amar B. Hicham Aboud rendait compte de sa besogne, au fur et à mesure, à Betchine qui attendait à quelques mètres de là, au restaurant Bentchouala.
C’est Hicham Aboud qui accompagna le journaliste Z.S. au siège de l’APS où l’article fut balancé, provoquant un séisme dans le pouvoir.
Kasdi Merbah en fut meurtri.
Conjuguée à d’autres manœuvres (grèves, adoption de loi anti-populaires…), cette manigance conduisit Belkheir à convaincre Chadli de l'imminence d'un coup d'Etat préparé par Kasdi Merbah. Le 9 septembre, il est limogé comme un va-nu-pieds.Ceci pour rétablir les faits et recadrer le sieur Hicham Aboud dans sa vraie personnalité, lui qui cherche à se redorer le blason en écrivant « je n’étais pas de la même pâte que les auteurs qui se laissent dicter leurs écrits et dénigrent l’Algérie, malgré la dureté de mes critiques envers le système algérien »
Quant au reste, ce n’est que fabulations. Comme cette histoire d’infiltration de « l’Etat français et jusqu’au secrétariat général du Palais de l’Elysée » par « l’officier Rachid Tabti» qui aurait « séduit la première responsable du staff des dactylographes » en se faisant passer pour un émir arabe.Hicham Aboud, qui n’est au courant de rien, confond avec l’épisode « Tony », orchestré par Merbah et qui a séduit non pas la secrétaire du staff de l’Elysée (quelle prétention ! ) mais celle du chef de la délégation française lors des négociations de 1970 sur le pétrole. Tony recevait de la belle les documents secrets qui servaient à Boumediene pour contrecarrer les arguments français et faire durer les pourparlers jusqu’à ce que le pays soit prêt à annoncer les nationalisations.
Je vous fais grâce de tout le reste.
L. MOUHIB