Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le général français Morillon, insulté par des proches de victimes, demande pardon à Srebrenica

Le général français Philippe Morillon, qui avait promis au nom de l'ONU la "protection" aux habitants de Srebrenica, deux ans avant le massacre de juillet 1995, est venu vendredi dans cette ville de Bosnie orientale pour demander "pardon" aux familles de victimes, au nom de l'"Europe".

Le général français Philippe Morillon, qui avait promis au nom de l'ONU la...

Le général français Philippe Morillon, qui avait promis au nom de l'ONU la "protection" aux habitants de Srebrenica, deux ans avant le massacre de juillet 1995, est venu vendredi dans cette ville de Bosnie orientale pour demander "pardon" aux familles de victimes, au nom de l'"Europe".
Il a été insulté par plusieurs femmes dont des membres de la famille ont été tués dans le massacre, lors d'une très vive discussion menée devant le "centre mémorial du génocide", à Potocari, près de Srebrenica.
"Je suis venu demander pardon pour l'Occident, pour l'Europe, pour ce que nous n'avons pas su faire (...), (pour ce) que nous n'avons pas été capables de faire", a déclaré l'ancien officier français qui avait commandé la Force de protection des Nations unies (Forpronu) en Bosnie, de septembre 1992 à juillet 1993.
L'ancien général, qui a pris sa retraite militaire en 1996, a ajouté qu'il ne se sentait "absolument pas coupable personnellement" du massacre de Srebrenica et qu'il était venu "participer" au "deuil" des familles de victimes.
L'officier français, dont le nom reste intimement associé au drame de Srebrenica, avait acquis une notoriété mondiale en mars 1993 en lançant aux habitants de l'enclave assiégée par les forces serbes bosniaques: "Vous êtes à présent sous la protection des forces des Nations unies... Je ne vous abandonnerai jamais".
Par la suite, Srebrenica avait été déclarée "zone de sécurité" de l'ONU sans que cette appellation ne modifie en rien le sort de l'enclave protégée par un bataillon de quelques centaines de soldats néerlandais dépourvus de moyens.
Deux ans plus tard, en juillet 1995, l'enclave tombait entre les mains des forces serbes de Bosnie conduites par le général Ratko Mladic, aujourd'hui recherché par la justice internationale. Dans les jours suivants, quelque 8.000 hommes et adolescents musulmans ont été exécutés sommairement ou ont trouvé la mort dans des embuscades.
Alors qu'il venait se recueillir au mémorial de Potocari, où quelque 4.500 victimes du massacre ont été enterrées à ce jour, M. Morillon, 74 ans, a été insulté par plusieurs femmes, dont certaines l'ont traité de "complice" du massacre, une accusation qu'il a fermement refusée.
Accompagné par une interprète, il a expulsé du mémorial par plusieurs femmes, avant de poursuivre un vif débat.
"Votre résultat est derrière vous", lui a lancé Hatidza Mehmedovic, présidente de l'association "Mères de Srebrenica", en montrant les stèles blanches du mémorial. "Ce lieu est sacré pour nous et c'est votre miroir! Sachez que Dieu ne vous pardonnera pas", a-t-elle crié.
Visiblement bouleversé par ces insultes et accusations, M. Morillon a répondu qu'il avait été "content d'avoir eu quelques minutes (...) pour prier".
"Parce que je suis croyant, je suis chrétien, je suis pratiquant, j'ai prié pour demander pardon".
Interrogé par la presse sur le point de savoir si le massacre de Srebrenica, qualifié de génocide par la justice internationale, aurait pu être empêché par la communauté internationale, l'ancien officier a répondu: "Oui, c'est pour ça que j'ai demandé pardon pour le monde occidental, mais à titre personnel".
"J'ai été relevé de mon commandement. Je regrette de l'avoir été (...) Ma mission s'était achevée le 12 juillet 1993. Tout ce qui s'est passé après, je comprends leur révolte, mais qu'elles me rendent responsable, ça, bien sûr, je ne peux pas accepter".

AFP

Les commentaires sont fermés.