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Pédophilie: l'Eglise de Belgique lève le voile sur des centaines de cas

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L'Eglise catholique de Belgique, secouée depuis des mois par des scandales de pédophilie, a levé vendredi un coin du voile avec la publication du rapport d'une commission comprenant les témoignages inédits d'une centaine de victimes d'abus sexuels de prêtres.

 

L'Eglise catholique de Belgique, secouée depuis des mois par des scandales de pédophilie, a levé vendredi un coin du voile avec la publication du rapport d'une commission comprenant les témoignages inédits d'une centaine de victimes d'abus sexuels de prêtres.
Le rapport de la "Commission pour le traitement des plaintes pour abus sexuels dans une relation pastorale", mise sur pied par l'Eglise mais dirigée par un pédopsychiatre indépendant, Peter Adriaenssens, indique qu'elle a reçu, entre janvier et juin 2010, 475 plaintes.
La plupart concernent des faits de pédophilie commis des années 50 à la fin des années 80 par des ecclésiastiques, mais aussi des professeurs de religion ou des accompagnateurs de mouvements de jeunesse. Deux tiers des témoignages proviennent d'hommes, pour un tiers de femmes, en moyenne âgés de 50 à 60 ans aujourd'hui.
Certains d'entres eux ont attendu des dizaines d'années pour rendre public leur calvaire, qui a commencé pour la plupart lorsqu'ils avaient 12 ans, mais pour certains alors qu'ils n'étaient âgés que de 2 ou 5 ans. Le rapport relève également un "nombre élevé de suicides".
Ce texte de 200 pages, disponible sur le site www.commissionabus.be, contient les témoignages anonymes de 124 "survivants d'abus sexuels", selon le terme utilisé par la commission. Ces récits, souvent dramatiques, sont publiés dans leur langue originale, dont une grande majorité est le néerlandais.
La description du pédophile est souvent imprécise --"était-il prêtre, père, frère, actif ou non"--, mais la commission a établi "qu'aucune congrégation n'échappe à l'abus sexuel de mineurs par un ou plusieurs de ses membres", disent les auteurs.
Une femme, qui a été abusée à l'âge de 17 ans par un prêtre, explique avoir tenté de se confier à un évêque en 1983. Il a répondu: "Cessez de le regarder, il vous laissera tranquille", dit-elle.
La plupart de ces plaintes, en principe prescrites du point de vue pénal, sont parvenues après la démission forcée le 23 avril de l'évêque de Bruges (nord-ouest), Roger Vangheluwe, qui a reconnu avoir abusé sexuellement de son neveu mineur entre 1973 et 1986.
"Les victimes attendent et méritent une Eglise courageuse qui ne craint pas d'être confrontée à sa vulnérabilité, de la reconnaître, de coopérer à la recherche de réponses équitables", estime le professeur Adriaenssens, dont la commission s'est dissoute après que ses dossiers ont été saisis par la justice.
Selon la presse belge, le nombre de victimes identifiées serait en fait de "plus de 800".
Après d'autres pays --Etats-Unis, Allemagne, Autriche...--, la Belgique a été à son tour rattrapée par les scandales de pédophilie au sein de l'Eglise. L'ancien primat de Belgique, le cardinal Godfried Danneels, a été accusé d'avoir tenté d'étouffer plusieurs de ses affaires pour protéger l'image de son institution.
Mais l'enquête judiciaire entamée pour vérifier s'il y a eu dissimulation a subi un coup d'arrêt jeudi avec l'invalidation de perquisitions spectaculaires effectuées le 24 juin au siège de l'Eglise belge, au domicile du cardinal Danneels et au sein de la commission Adriaenssens.
Selon la justice, ces perquisitions ont été disproportionnées et les dizaines de dossiers saisis doivent être rendus à leurs propriétaires.
L'Eglise doit présenter lundi prochain une nouvelle "initiative" pour continuer l'accompagnement des victimes de prêtres.
Godfried Danneels a fait cette semaine son mea culpa en reconnaissant qu'il aurait dû encourager plus tôt la démission de l'évêque de Bruges.
La pression s'accroît également pour que l'ex-évêque de Bruges, qui s'est retiré dans une abbaye après sa démission, soit "défroqué".


AFP

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