Combats meurtriers entre l'armée mauritanienne et islamistes d'Aqmi au Mali
Des combats meurtriers se poursuivaient samedi dans le nord du Mali entre l'armée mauritanienne et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), soupçonnée du rapt au Niger de cinq Français et de deux Africains, deux mois après un raid franco-mauritanien dans cette zone.
Les affrontements, qui ont débuté vendredi soir se sont interrompus dans la nuit avant de reprendre samedi matin à Raz-El-Ma, à 235 km à l'ouest de Tombouctou, selon une source militaire mauritanienne.
L'armée mauritanienne a engagé des avions dans les combats, a-t-on appris samedi de source sécuritaire algérienne et auprès de témoins dans la région. "Les Mauritaniens ont engagé des avions de combats dans la bataille. Il y en a au moins deux. L'objectif est de tenter de prendre le dessus, ce qui jusque là n'était pas le cas", a affirmé à l'AFP une source sécuritaire algérienne, sous couvert de l'anonymat.
Paris a démenti toute participation à ces combats, et les entreprises françaises opérant au Niger ont poursuivi l'évacuation de leurs employés des zones à risques.
Un responsable militaire mauritanien à Nouakchott a affirmé que cinq militaires mauritaniens avaient été tués et neuf blessés. "Notre armée a tué 12 terroristes armés et en a blessé des dizaines", a-t-il assuré à l'AFP.
Selon une source sécuritaire algérienne dans la région, le bilan serait "très lourd" pour les militaires mauritaniens. "Au moins cinq véhicules de l'armée mauritanienne sont tombés aux mains des islamistes et le nombre de (soldats mauritaniens) morts s'élève à au moins 15", a assuré cette source.
"Ce que nous ont dit les nomades qui sont revenus de non loin de là où les combats se sont déroulés hier (vendredi), c'est que beaucoup de militaires mauritaniens sont morts", a déclaré un élu du nord du Mali, convaincu qu'"Aqmi a entraîné les Mauritaniens dans le désert pour les pièger".
Cette opération se déroule près de deux mois après un raid franco-mauritanien contre une base des islamistes armés dans le désert malien, au cours duquel sept membres d'Aqmi avaient été tués.
Ce raid du 22 juillet visait, selon Paris, à libérer l'otage français Michel Germaneau, enlevé en avril au Niger. Aqmi avait ensuite annoncé, le 25 juillet, avoir exécuté M. Germaneau pour venger la mort de ses membres.
Une éventuelle implication française dans ces nouveaux combats avait été suggérée par des témoignages d'habitants de la région de Kidal (1.600 km au nord-est de Bamako) qui avaient indiqué vendredi avoir vu un avion de reconnaissance français survoler la zone à basse altitude.
Mais à Paris, un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a assuré "qu'il n'y a pas de forces françaises sur le terrain", et que ces combats "sont indépendants de l'enlèvement des employés du groupe français Areva" survenu dans le nord du Niger dans la nuit du 15 au 16 septembre.
Aqmi est soupçonnée d'avoir commandité ce nouveau rapt de cinq Français, un Togolais et un Malgache. Selon des sources nigériennes et algériennes, les sept otages seraient déjà dans le nord du Mali.
Les soupçons se portent sur l'unité d'Aqmi dirigée par l'Algérien Abdelhamid Abou Zeid, qui avait assassiné en mai 2009 l'otage britannique Edwin Dyer et a laissé mourir ou exécuté M. Germaneau en juillet.
Le Mali n'a pas participé à l'opération contre Aqmi sur son propre territoire. "Nous avons permis à tous les pays riverains de faire des poursuites ici éventuellement", a souligné le président Amadou Toumani Touré dans un entretien enregistré vendredi et diffusé dimanche par Radio France Internationale et TV5 Monde.
A Arlit (1.000 km au nord-est de Niamey), site d'extraction d'uranium où le dernier enlèvement a eu lieu, les groupes français Areva et Vinci avaient décidé dès vendredi d'évacuer tous leurs expatriés. Et 21 Français d'Areva sont rentrés vendredi et samedi à Paris.
Une quarantaine d'expatriés ou de personnes en mission pour Areva sont encore au Niger, dont la plupart ont quitté Arlit pour Niamey.