Bien plus que la méconnaissance de ses droits, c’est un certain attachement à l’exercice de ces droits qui fait défaut à l’Algérien comme citoyen. Ici client, il fait par conséquent un parfait dindon de la farce.
Devenue enfin possible pour un grand nombre d’Algériens à la faveur de la formule dite “crédit automobile”, puis réservée aux seules bourses pouvant payer cash, l’acquisition d’un véhicule neuf ne va pas sans quelques tracas. Pire, elle s’accompagne, quelquefois, de surprises désagréables, voire de regrets amers.
Les délais de livraison souvent inexplicablement prolongés, sans motif avéré ni préavis, le non-respect des spécificités du véhicule, telles que portées sur le bon de commande, sont deux des nombreux ennuis que l’acquéreur est souvent contraint à supporter.
Qui ne dit mot consent, dit-on. Dans la majorité des cas, les concessionnaires, encouragés par le silence de leurs clients pour lesquels c’est déjà un bonheur de s’offrir un carrosse flambant neuf, ne sentent pas le besoin d’améliorer leurs prestations. Du coup, ils ne s’amendent pas. Et pour cause, les acheteurs se plient volontiers aux conditions de vente telles que pratiquées et non telles que prévues par la loi.
Car il y a pourtant ce décret de juin 2007 qui se fixe pour objectif de codifier ce genre de transactions, en veillant à la sauvegarde des intérêts du concessionnaire et du client.
Certes, ce texte, comme bien d’autres, n’est pas suffisamment vulgarisé. Mais il n’est pas dit qu’en la matière sa simple médiatisation, fut-elle large, suffirait à changer la donne, c’est-à-dire à sensibiliser les concessionnaires à un service de qualité et à amener les acquéreurs à être plus regardants quant au respect de leurs droits. Bien plus que la méconnaissance de ses droits, c’est un certain attachement à l’exercice de ces droits qui fait défaut à l’Algérien comme citoyen. Ici client, il fait par conséquent un parfait dindon de la farce.
Car ici aussi, la loi de l’offre et de la demande semble avoir raison de toute autre considération. Et à ce jeu-là, décret ou pas, les concessionnaires partent largement favoris. Les droits, c’est comme les libertés : ils s’usent quand on n’en use pas.