Par : Azzeddine Bensouiah
Dans un pays où l’on continue à faire des transactions à coups de milliards en liasses, où la “chkara” détrône allègrement le chèque bancaire, ce sont les petites gens qui sont les proies des vautours.
L’évolution inquiétante du trafic de la fausse monnaie pose le sempiternel problème des difficultés éprouvées par le système financier à s’adapter aux mutations de la société et de son économie.
Dans un pays où l’on continue à faire des transactions à coups de milliards en liasses, où la “chkara” détrône allègrement le chèque bancaire, ce sont les petites gens qui sont les proies des vautours.
Jadis pratique marginale, le trafic des faux billets est passé au stade de phénomène, avec l’entrée en lice de maffias bien organisées. Que ce soient des nationaux ou des étrangers, c’est en quantités “industrielles” que la fausse monnaie circule.
Les trafiquants ont été plus rapides que les services de contrôle, en introduisant des scanners et des appareils d’impression sophistiqués, avant que ce type de matériel ne soit soumis au strict contrôle. Si, a priori, le contrôle n’a pas été fait, a posteriori, non plus. Les banques, censées disposer de détecteurs de faux billets, restent impuissantes devant ce phénomène.
Il est vrai que des banquiers pourraient vous dire que les faux billets circulent en dehors du circuit bancaire. Mais dans ce cas, où sont passées toutes les décisions prises par le gouvernement pour réglementer le mouvement des capitaux ? Pourquoi le chèque reste le parent pauvre dans les transactions commerciales ? Pourquoi n’arrive-t-on pas à maîtriser le flux de la masse monétaire qui circule dans le marché ?
Devant toutes ces incohérences, on se borne, encore une fois, à sanctionner le pauvre citoyen. Ce dernier, si par malheur se retrouve avec un faux billet, est passible de prison.
Comment un citoyen ordinaire pourrait détecter le faux billet ? Comment peut-il suppléer à la force publique ? Comment, enfin, peut-il être tenu pour responsable d’un trafic dont il est la première victime ? Au lieu de protéger le citoyen, on est en train de l’incriminer et de l’enfoncer.
Livrés à eux-mêmes, les citoyens craignent présentement d’aller dans les marchés aux bestiaux, à l’approche de l’aïd, tout comme ils soupçonnent tout billet qu’on leur tend. C’est la psychose qui s’installe.