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Elections aux USA: Qui perd gagne ?

par Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med

Ce n'est pas la première fois qu'un président américain se retrouve, à mi-mandat, avec une opposition au Congrès. C'est même la règle depuis quelques décennies. Quoi de si particulier, alors, pour Barack Obama ?

 Deux ans après sa conquête de la Maison Blanche, Barack Obama entame à partir d'aujourd'hui la seconde partie de son mandat présidentiel avec un Congrès qui lui est hostile. Faut-il en déduire que le président ne pourra plus mener à terme les grands chapitres de son projet politique, et que ses chances pour un second mandat présidentiel ne sont plus à l'ordre du jour ? Peut-être, et ce serait bien la première fois dans l'histoire moderne des USA qu'un président ne fasse pas deux mandats, si l'on considère Barack Obama naïf et peu «bosseur». Ce qui, au regard du bilan de ses deux premières années aux commandes du pays, est loin d'être le cas. Une première remarque : Obama est arrivé à la Maison Blanche en pleine tempête financière américaine, la seconde de par son ampleur dans l'histoire des USA. Cela veut dire que le programme économique et financier sur lequel il avait bâti sa campagne électorale était «mort-né». Il a fait face, dès sa prise de fonction, à son premier test d'envergure pour redonner la confiance et un sens à son mandat. Il a montré une capacité d'adaptation rare chez les hommes politiques dans de telles circonstances. Bien mieux encore, puisque c'est dans ces circonstances budgétaires drastiques qu'il a réussi, quelques mois à peine après, à faire voter une loi sur la sécurité sociale qui protège, désormais, les 46 millions d'Américains qui en étaient exclus. Lorsqu'on sait que depuis plus d'un siècle, les présidents américains successifs ont tenté, dans des conditions d'aisance économique nationale, de faire pareil sans réussir, il faut lui reconnaître une habilité politique exceptionnelle. Au plan international, le retrait des troupes de combat américaines d'Irak dès août 2010, avec la perspective d'un retrait total en fin 2011, est un autre acte de fidélité à ses engagements électoraux. Ce ne sont là que deux exemples qui démontrent sa capacité à se jouer des équilibres politiques internes aux USA. Il aurait très bien pu se saisir de l'occasion de la crise financière internationale et de la recrudescence du terrorisme international pour fermer le jeu et abonder dans une démagogie de circonstance. Son prédécesseur, George Bush, n'a fait que cela et a décroché un second mandat présidentiel.

 Revenons à la question principale : que va faire Obama du reste de son programme et comment va-t-il travailler avec un Congrès (Chambre et Sénat) qui ne lui est pas acquis ? Une seule stratégie inévitable s'offre à lui : amener publiquement le Congrès à assumer sa responsabilité sur les grands dossiers économiques, diplomatiques et, par dessus tout, ceux liés au département de la Défense. Tout recul ou échec économique, diplomatique ou militaire sera aussi assumé par les républicains, majoritaires au Congrès. Et les dossiers qui les attendent sont lourds : sur le plan interne, juguler l'inflation, relancer la croissance, diminuer le chômage, réguler et contrôler les marchés financiers, protéger le dollar, etc. Sur le plan international : sortir de l'enfer afghan, déjouer la crise iranienne, relancer le processus de paix au Moyen-Orient, requalifier les relations avec le monde musulman, calmer les Russes sur le sujet du redéploiement des armes stratégiques nucléaires et rouvrir avec eux le partenariat au sein de l'Otan, etc. Ce ne sont encore là que des exemples parmi les plus apparents.

 En d'autres termes, si les républicains ont surfé sur quelques échecs (réduction du chômage, processus de paix au Moyen-Orient) pour se refaire et gagner ces élections de mi-mandat, ils devront faire mieux, ce qui n'est guère dans leur logique, sinon les assumer au côté du président Obama. Ce dernier n'hésitera pas à mettre en avance leurs «oppositions» pour justifier tout retard ou échec à venir dans la mise en œuvre de son programme. Les républicains ne pourront plus accuser le président de tous les échecs. Maintenant que l'on connaît l'habilité politique de Barack Obama, il est fort à parier que ce sera lui qui leur fera porter le chapeau des défaites. Après tout, la gestion des affaires de l'Etat aux USA est partagée entre le président et le Congrès. Ce n'est pas une «cohabitation» à l'européenne où le président peut passer, outre l'Assemblée ou le Sénat, grâce au pouvoir que lui confère la Constitution. Enfin, rappelons que Nixon, Reagan, Clinton ont vécu la même expérience à mi-mandat, et jusqu'à George W. Bush avec ses guerres, sans rater une deuxième fois la conquête de la Maison Blanche américaine. Le jeu politique aux USA n'en sera que plus passionnant et Obama aime bien ça.

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