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L’humour dans la littérature algérienne : quelques exemples… passez la fomade!!!!!!

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En utilisant «l’humour», l’individu se communique sans ostentation. Il ne se plaint pas à voix haute. Il ne se livre à aucun éclat. Il se contient, puis explose. Dans une Algérie  de contrainte morale et de refoulement psychologique caractérisés, l’humour est un instrument d’émancipation, la soupape de sûreté du «self-control» de cette perpétuelle surveillance de soi, que le tempérament algérien hostile aux effusions et que «le conservatisme» ambiant imposent ! Rébellion morale, lyrisme intimidé, acrobatie verbale sous ces divers avatars, l’humour dans la littérature algérienne est  une forme égalitaire délibérée du déséquilibre.

A l’origine, «l’humour algérien» est une arme. Il a été utilisé par les poètes populaires au temps de la colonisation ottomane comme une «satire nationaliste». De satire, il s’est transformé, pendant la colonisation française, en «code de guerre». Malheureusement, les textes en notre possession sont très peu nombreux. Les colonisations successives de l’Algérie, les malheurs qu’a connus notre peuple et les méthodes orales de communication ont fait disparaître la majorité des textes humoristiques de notre littérature. Il faut ajouter à cela la censure de «la populace conservatrice» qui continue, au nom de «la morale religieuse», d’enterrer de beaux poèmes humoristiques. Le motif ? «Ils sont trop vulgaires» !

Dans le tréfonds de mon cœur, je me remémore ce beau poème de Si M’hand U M’hand où il tourne en bourrique un cafetier tunisien qui l’a agressé. Heureusement que Mouloud Mammeri l’a récupéré et traduit. Une belle satire à vous faire mourir de rire. Un vieux Kabyle qui connaît le poème en tamazight m’a dit, en ouvrant bien les yeux, qu’il est : «Impossible de déclamer ce poème en public ! » Cependant, « entre amis », on meurt de rire en le récitant. Cette même «barrière conservatrice» tient en otage les poèmes de Moufdi Zakaria écrits en arabe dialectal. Pourtant, notre grand poète n’a écrit ces poèmes que pour…  «faire rire ses amis» ; quelques vers humoristiques considérés aujourd’hui «comme vulgaires» ont été improvisés par Moufdi Zakaria pour «illuminer» les sombres nuits de la prison de Serkadji.

Militant de la première heure, emprisonné en 1933 (une année) à Bida, le créateur de l’hymne national algérien (à Serkadji) est aussi un bon poète humoristique. Malheureusement, le public (notamment les jeunes) ne connaît que ses poèmes «sérieux» ! Contemporain de Moufdi Zakaria, Ahmed Rédha Houhou a pu publier ses «satires humoristiques» dans son célèbre recueil intitulé  Avec l’âne d’El Hakim (1). Des chroniques qui ont été écrites dans les années quarante et qui sont constamment rééditées pour le grand plaisir du public algérien. Rédha Houhou «passe au vitriol» les comportements des Algériens colonisés. «Des malheureux à vous faire mourir de rire » comme dit le proverbe algérien.

Dans les années quatre-vingts, Mohamed Zettili a imité Houhou en publiant des chroniques littéraires qu’il a rassemblées dans un recueil intitulé : Le retour de l’âne d’El Hakim. Un regard burlesque sur «l’ouverture démocratique» en Algérie. On relisant Zettili, aujourd’hui, on peut rire même sur son propre comportement à l’époque . Tout dernièrement, Kamel Kerrour a publié Les malheureux de la République (2). Des nouvelles humoristiques écrites dans un arabe très proche du dialecte populaire. C’est très amusant de lire «les pensées politiques» des Algériens selon Kerrour.

En français, Chawki Amari et Abderrahmane Lounès sont les seuls à débiter, dans certains de leurs écrits, une sagesse narquoise qui n’est pas sans profondeur. Pessimiste souriant, Lounès est un poète qui jongle avec les mots, mord et emporte- pièce. Cultivant le génie du bizarre, voire de l’absurde, Amari sait faire chavirer des contes, basculer des portraits, dérouter et mystifier par des mots à double entente et à déclic, stupéfier par l’explosion d’un calembour. Nos autres écrivains sont «trop sérieux», même quand ils cultivent, parfois «le réalisme merveilleux». (3) +(4)
        
Note :

1) Première édition à compte d’auteur-Tunis 1949
2) Editions Casbah – 2009
3) Tels Boudjedra, Mimouni, Magani, M. Benfodil etc…
4) Les chroniques journalistes à caractère humoristique ne sont pas citées ici. Plus  nombreux que les écrivains, les caricatures et chroniqueurs de la presse algérienne méritent un essai plus étoffé.

Djilali Khellas

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