Par Hakim Laâlam Email : laalamh@yahoo.fr |
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Ce qui n’était qu’une rumeur se précise de plus en plus. A la … le sang va couler ! Personnellement, je n’aime pas trop être pris pour une buse. Sauf, bien sûr, si la personne en face me prévient et me dit «tu sais, là, Hakim, dans un petit instant, je vais te prendre pour une buse, un corniaud, un taré. Te voilà donc prévenu !» Ce que n’a pas fait Tayeb Belaïz, ministre de la justice de son Etat et surtout pas du mien. Il ne m’a pas prévenu, il n’a pas levé le fameux panneau indicateur sur lequel doit être inscrit «là, je vais te prendre pour un imbécile !» Et donc, sans prévenir, le garde des sots que nous sommes a affirmé devant des confrères et des consœurs «je vous défie de me donner un seul nom de journaliste qui a été mis en prison pour délit de presse et si, malgré tout, vous en trouvez un, j’irai à sa place». Hafnaoui Ghoul, M’sieur ! Un nom déjà. Case prison, Monsieur le ministre de la justice oublieuse. Vous devez aller en prison, Monsieur Belaïz. Vous vous y êtes engagé publiquement ! Hafnaoui Ghoul a été mis en prison pour des articles de presse. Allez ! Moi aussi je vais me mettre au goût du jour et faire montre de rahma, de réconciliation et de pardon. En vertu des pouvoirs qui ne me sont pas conférés, je vous amnistie Si Tayeb ! En vérité, c’est une amnistie intéressée. Eh oui ! Ça ne m’arrange pas que vous alliez en prison maintenant, là, tout de suite, alors que j’ai d’autres noms à vous communiquer. Des noms de journalistes mis en prison, en détention. Benchicou Boualem, dit Mohamed, Moh pour les intimes. Directeur d’un journal assassiné dans le cadre d’un vaste ratissage anti-journaux non-exemplaires. Deux années d’emprisonnement. Djillali Hadjadj. Journaliste, médecin et responsable d’une antenne locale de Transparency International. S’il vous plaît, Monsieur Belaïz, je vous en supplie, Allah yarham waldik, pour une fois, levez le panneau sur lequel est inscrit «là, tu vois, Hakim, je vais encore une fois te prendre pour une triple buse et je vais me foutre de ta tronche !» Faites-le, car si vous ne le faites pas, je me sentirai vexé, blessé au plus profond de mes réserves presque à sec d’intelligence. Car je vous entends déjà me dire que ces deux-là n’ont pas été mis à l’ombre pour des délits de presse. Non ! Pas ça. Plus ça, Monsieur Belaïz. Surtout pas ces histoires de bons de caisse ni de certificats médicaux de complaisance. Vous savez bien que nous savons que vous savez ce que nous savons, hein ? Alors pas de ça entre gens qui savent. Vous avez mis des journalistes en prison pour leurs écrits. Voilà ce que des gens adultes et qui se respectent doivent se dire. Moi, Tayeb Belaïz, j’ai mis le journaliste Mohamed Benchicou en prison pour délit de plume. Toute autre déclaration ne serait que du foutage de gueule. Sans même le panneau indicateur ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. |