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L’amérique, le terrorisme et nous

 

Par : Mustapha Hammouche

Les premières fuites WikiLeaks, si elles ne contiennent aucune révélation notable pour ce qui concerne l’Algérie, révèlent que la coopération sécuritaire avec les États-Unis a été portée à un niveau bien plus élevé que celui avoué jusqu’ici. Elle dépasse le cadre de la formation et de l’équipement dont il est souvent question dans les déclarations diplomatiques. À peine quelques résistances “bureaucratiques” à un “échange de renseignements” qui, finalement, va des techniques d’infiltration à la surveillance aérienne des groupes terroristes dans le Sud.
En la matière, il n’y a pas de bon niveau de coopération. Tout est question de partage d’objectifs, de convergence stratégique, de confiance… Et de ce point de vue, les États-Unis et l’Algérie étaient prédestinés à une jonction dans la lutte contre le terrorisme islamiste pour la simple raison que les deux États ont constitué les premières cibles de groupes islamistes : le premier attentat d’Al-Qaïda est perpétré en 1993 contre l’Empire State Building ; seule l’Algérie l’avait précédé comme cible du terrorisme islamiste avec l’attaque de la caserne de Guemmar en 1991 par le MIA, ancêtre du GIA, ancêtre du GSPC, ancêtre… d’Al-Qaïda au Maghreb (si l’on excepte les attentats perpétrés antérieurement par des organisations directement liées à l’Iran et inspirées par lui). Les attentats des Twin Towers, après plusieurs attaques d’intérêt et de personnels américains à l’étranger, survinrent après que l’Algérie eut longtemps éprouvé seule les dégâts d’un doute largement partagé sur l’identité du véritable agresseur et du véritable agressé. Le 11 septembre, en enterrant le “qui-tue-qui”, malgré quelques résurgences occasionnelles, aurait dû promouvoir la lutte contre le terrorisme au rang de cause humanitaire. Les calculs tactiques et les considérations de politiques intérieurs des gouvernements ne le permettent pas encore.
Dans les pays musulmans, y compris dans ceux victimes du terrorisme, certains dirigeants intègrent l’idéologie qui légitime le terrorisme et d’autres la soutiennent par calcul politicien. Écartelés entre la nécessité de se défendre contre l’agression et le désir de se concilier avec  l’agresseur, ils sont inaptes à formuler une attitude cohérente contre un terrorisme qu’ils veulent dissocier de sa doctrine. En face, l’approche “communautariste” du monde musulman, aggravée avec l’avènement d’Obama rend d’abord service aux islamistes, alliés du terrorisme, en facilitant la confusion entre islamiste et musulman. Sans compter que la position pro-israélienne s’avère constitutive de l’identité américaine aux yeux du monde musulman et rend coupable toute franche entente avec les États-Unis.
Outre qu’un ennemi commun ne suffit pas à légitimer une alliance, l’Algérie, bien qu’étant la cible prioritaire du terrorisme islamiste, reste le creuset de l’anti-américanisme de discours. Dans ces conditions, une coopération algéro-américaine, apparemment nécessaire, est forcément vécue par le pouvoir comme acte honteux. Et la question palestinienne étant surdéterminante dans la relation avec les États dits arabes — elle en fixe les limites —, l’Amérique est condamnée, dans cette zone, à des alliances partielles, circonstancielles et, surtout, clandestines.

M. H.
musthammouche@yahoo.fr

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