L’Algérie, une puissance énergétique en matière de solaire
La première centrale solaire est née



Au moment de la descente de l’aéronef sur l’aéroport de Hassi R’mel,  les deux champs solaires sont visibles à partir du hublot sur le flanc  droit de l’appareil. Les deux ensembles formés par des milliers de  panneaux sont situés des deux côtés des autres installations de la  centrale électrique, l’un au nord et l’autre au sud formant une sorte de  figure géométrique en forme
 de grand S.
Hassi R’mel.
 De notre envoyé spécial
 
 L’installation très imposante des panneaux représente la première  construction qui va produire à une grande échelle de l’énergie à partir  des rayons solaires qui enveloppent le désert algérien. La production  des deux champs devrait être de 30 MW, mais, en moyenne, on préfère  parler de 25 MW sur les 150 MW que pourra produire l’ensemble de la  centrale électrique en y ajoutant les installations de production de  l’électricité à partir du gaz naturel en cycle combiné.  L’histoire de  cette réalisation a commencé en 2004 avec le lancement d’un appel à  manifestation d’intérêt. A l’époque, on ne parlait pas beaucoup de  solaire. Il existait très peu d’installations dans le monde et seuls des  pays comme les Etats-Unis, l’Espagne ou l’Allemagne s’étaient investis  dans le solaire.
 Au mois de juin 2005, ce sont 12 cahiers des charges qui ont été  retirés après l’avis d’appel d’offres et le cadrage du projet avec le  choix technologique. Au mois de mai 2006, au cours de la cérémonie  d’ouverture des plis, Abener, une compagnie espagnole, a remporté le  projet grâce à un meilleur prix de cession du KWh proposé à 3,122 dinars  contre 3,244 dinars pour Cobra, une autre compagnie espagnole. Le  projet a pu être lancé du fait que l’électricité qui sera produite par  la centrale de Hassi R’mel sera vendue à Sonatrach dont les besoins sont  importants dans la région de Hassi R’mel.
 L’attribution du marché s’est faite sous la forme du Built Own Operate  (B.O.O). Le projet devait être implanté sur une assiette de terrain de  130 hectares. Il devait disposer d’environ 250 collecteurs solaires de  150 mètres de longueur chacun et de 5 mètres de diamètre.
 La surface dédiée au champ solaire était de 90 hectares. La production  de cette centrale proviendra, pour environ 130 MW, à partir des turbines  à gaz et pour 25 MW à partir du champ solaire. La centrale sera détenue  à hauteur de 66% par Abener et 34% par Neal et la Banque extérieure  d’Algérie. Neal, qui a été créée en 2002, est une SPA propriété de  Sonatrach et de Sonelgaz avec 45% chacune et le groupe privé SIM avec 10  %. C’est le premier projet industriel lancé par Neal. La centrale de  Hassi R’mel était le premier projet hybride au monde au moment de son  lancement. Le Maroc a suivi juste après avec un projet à Aïn Beni  Mathar, au sud d’Oujda.
 Le projet est confié à Abener, filiale d’Abengoa, la même compagnie qui  a remporté le projet à Hassi R’mel. Mais pour la partie solaire, la  centrale produira 20 MW seulement pour une capacité totale de 472 MW. La  différence sera produite en cycle combiné avec du gaz naturel.
 Des financements locaux
 Comme pour précéder son voisin, l’Algérie, le  Maroc a lancé à la fin  2009 un programme de 2000 MW d’origine solaire pour un montant de 9  milliards de dollars. Le projet de Hassi R’mel a pu être lancé grâce à  la nouvelle loi sur l’électricité, le décret spécifique aux énergies  renouvelables (coûts de diversification) et le prix de cession du gaz  pour les investisseurs.
 La mobilisation du financement s’est faite localement. Le succès de ce  projet a pu être facilité par la présence du gaz sur le site, la  présence aussi du soleil et d’un marché qui est en l’occurrence celui de  Sonatrach qui utilise l’électricité pour ses installations. Le lieu  dispose aussi de l’eau avec un débit de 3000 m3/jour. Au début du mois  de novembre 2007, la cérémonie de pose de la première pierre a été  organisée au lieu-dit Tilghemt, dans la wilaya de Laghouat, à environ  une trentaine de kilomètres de la ville de Hassi R’mel.
Les contrats relatifs à la construction de la centrale (EPC) et à la  maintenance ont été signés au mois d’août 2007 entre le partenaire du  projet, la société espagnole Abener Energia, et la société Power Solar  Plant 1, la joint-venture composée d’Abener, Neal et la BEA.
 Elle détient 66% du capital, en association avec Neal qui en possède  20% et le groupe privé SIM et en association avec la BEA qui en détient  14%. L’investissement total pour le projet serait de 315,8 millions  d’euros, dont 256,5 pour la construction de la centrale qui disposera,  entre autres, de 224 collecteurs solaires pour un délai de réalisation  de 33 mois.
 La compagnie espagnole est partenaire dans le projet et en même temps  le constructeur de la centrale. Trois ans après, les travaux sont au  stade des finitions et des essais ont déjà eu lieu. Si la partie «gaz»  de la centrale est achevée, il reste des finitions sur la partie  «solaire» au niveau d’un champ.