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Côte-d’Ivoire : hommage à une commission électorale

 

Par : Mustapha Hammouche

Les commissions électorales “indépendantes” sont l’apanage des “démocraties” tricheuses et autoproclamées. La Côte-d’Ivoire n’a pas échappé à la règle. Ni à la contrainte, puisque la commission en question était prévue par l’accord de Marcoussis et de Pretoria.
Habitués que nous sommes, dans le tiers-monde, à la très relative indépendance de ces institutions, toujours agencées et motivées, de manière à ce qu’elles s’arrangent pour faire jaillir le résultat exigé par le maître à réélire, il ne nous a pas échappé cette entorse à la règle observée dans le cas des récentes élections en Côte-d’Ivoire.
Rappelons-nous que l’élection présidentielle ivoirienne devait se tenir, aux termes de l’ultime accord avec les Nations unies, en mars 2010. Mais des soupçons de manipulation de la part de la Commission électorale indépendante, dénoncés par le camp du président Gbagbo et “avérés”, selon le représentant de l’ONU, ont remis en cause l’impartialité de la commission alors présidée par Mambé Beugré. Il a fallu le remplacer par Youssouf Bakayoko, ancien ministre des Affaires étrangères, et se remettre à l’ouvrage, notamment en ce qui concerne la confection des listes électorales.
Tous ceux qui l’ont vue devraient se remémorer cette scène, familière pour nous, mais scandaleuse pour une démocratie, où des hommes en costume gris, se présentant comme mandataires du président en exercice — Gbagbo, dans ce cas-ci — s’emparent, devant les caméras de télévision du monde entier, des fiches du président de la CEI qui s’apprêtait à déclarer les résultats du scrutin, les froissent et les jettent par terre. Après un tel “incident”, il fallait certainement une dose d’audace à ce monsieur Bakayoko pour s’en tenir au résultat qu’il devait annoncer, c’est-à-dire la défaite de Laurent Gbagbo. Bien sûr, peut-être est-il assuré d’une protection internationale, mais nous avons vu des “personnalités”, “choisies” pour peupler les commissions, qui couraient bien moins de risques que Bakayoko, et dont la situation requérait bien moins que cela la mansuétude du pouvoir en place, se coucher devant les exigences arithmétiques de l’élu programmé.
Il lui suffisait de faciliter la tâche à une Cour constitutionnelle aux ordres pour se préserver de toutes représailles et peut-être s’assurer les récompenses qu’appelle ce genre de services rendus. Au lieu de cela, il n’est même pas “rentré chez lui à dix heures du soir”, comme dans nos CNISEP de triste mémoire !
Ceux qui, chez nous, par exemple, ont eu à militer dans l’opposition savent en effet la violence résolue d’une dictature établie qu’on veut déposer, même par le vote, et la force de persuasion de ses offres. Ils savent aussi la fonction “ustensilaire” généralement dévolue par cette même dictature au président et aux membres de cette commission et de ses démembrements locaux.
Peut-être que les résultats des élections ivoiriennes ne reflètent pas la réalité du choix populaire. Mais rien que pour n’avoir cédé ni à la terreur d’un pouvoir arbitraire ni à la tentation de l’arrangement, Bakoyoko mérite, plus que l’Onu, et plus que les suivistes de “la communauté internationale” occasionnellement convertie à la démocratie, cet hommage.

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