1.- En affirmant que le taux d’inflation est d’environ 4,5% en 2010 alors qu’il était de 5,5% en 2009, le taux de chômage de 10% conte 11% en 2009, l’organisme de la statistique depuis qu’il est sous la coupe de Hamid Temmar, qui promettait aux Algériens monde et merveille au moment où il dirigeait le Ministère de la promotion de l’investissement, vivent –ils en Algérie ? Que nos responsables déconnectés de la dure réalité du vécu des Algériens aillent faire le marché et visitent l'Algérie profonde où des centaines de milliers de jeunes jalonnent les murs ou s ‘adonnent à des ventes à la sauvette. Depuis six mois ils constateront une flambée des prix sans égal sachant que 70% des salariés ayant un revenu ,en termes réel inférieur à 20.000 dinars net par mois consacrent plus de 80% de ses revenus aux besoins de première nécessité, la cellule familiale, la sphère informelle et les transferts sociaux (10% du PIB, mais mal ciblés et mal gérés permettent une paix sociale fictive éphémère grâce aux recettes des hydrocarbures , la machine économique étant en panne des dizaines de milliers de personnes étant en emplois temporaires faire et refaire des trottoirs ou désherber els routes sans création véritable de valeur ajoutée et donc que le taux croissance irrigué par les hydrocarbures en presque totalité et le taux de chômage déclarés son des taux fictifs. En fait l’Algérien ne vit-il pas un drame schakespérien, en pensant à ce monde imagé par le célèbre écrivain KAFKA, dominé par l’absurde et l’irrationnel. L’intelligence ne suppose t-elle pas l’adaptation aux situations, ou la débrouillardise, les passe-droits sont devenus la règle, expliquant fondamentalement cette corruption, cette maladie du corps social qui tend à se généraliser et à se socialiser ? Et c’est là que nous retrouvons les fondements des œuvres à la fois du grand philosophe allemand KANT et des anthropologues sur la rationalité qui est relative car historiquement datée et du psychiatre FREUD et n’avons pas plus besoin de psychiatres pour décoder la société algérienne ? Combien des milliers d’exemples peuvent être cités qui peuvent être généralisées dans maints segments de la sphère sociale, loin des schémas théoriques des bureaux climatisés des bureaucrates algériens. Ce divorce Etat citoyens est favorisé d’ailleurs par l’effritement du système d’information où nous assistons à un dialogue de sourd et comment ne pas se rappeler cette image de la télévision algérienne où à une question sur le taux de chômage un Ministre en 2009 affirmera que les enquêtes donnent 11% et qu’un journaliste lui répliqua : êtes vous sur de vos données. Oui répond le Ministre. C’est à quoi le journaliste répliqua sous l’œil amusé de la présentatrice non convaincue d’ailleurs, qu’il irait faire un tour dans les quartiers Algérie et qu’il dirait aux chômeurs que dorénavant leur appellation n’est plus chômeur mais travailleur. Car comment avec un taux de croissance avoisinant 2/3% entre 2006/2010 peut-on, afficher un accroissement de l’emploi utile supérieur aux années précédentes inférieur au taux de croissance de la population active, où le taux était 5%. Cela contredit les règles élémentaires de l’abc de l’économie. Cela ne fait –il pas rappeler vers la fin des années 1980 et après la grande pénurie que connaissait le pays après la crise de 1986, à l’ ENTV où un Ministre algérien avançait avec assurance que le marché était saturé selon les données en sa possession, la présentatrice lui rétorquant s’il a fait un jour le marché et que la population algérienne ne mangeait pas les chiffres.
2.- Pourtant l’Algérie reste un pays dynamique plein de vitalité et comment ne pas constater l’enthousiasme de cette jeunesse qui au moment de certaines victoires du football (hélas oublié avec le retour en force des harragas) déferlée de joie à travers toutes les rues de l’Algérie loin de toute manipulation politique et brandissant avec joie et fierté l’étendard, le drapeau Algérie. Et comment donc ne pas penser un seul instant qu’elle constitue une force dynamique de développement, beaucoup plus importante et pérenne que toutes les ressources en hydrocarbures. Comment enfin ne pas penser à son devenir car l’Algérie dans trente (30) ans c’est -à dire demain, avec une population qui approchera 50 millions d’habitants avec l’épuisement des ressources en hydrocarbures. L’âge moyen de nos filles et garçons d’environ 20 ans en 2009, sera dans 30 ans de 50 ans et entre temps ayant une exigence comme tout Algérien avoir un emploi, un logement, se marier et donc avoir des enfants, donc une demande sociale croissante Aussi, il faut à tout prix éviter d’avoir un mépris pour ce grand peuple et le considérer comme un peuple mineur car la jeunesse algérienne est capable de miracles pour peu que les gouvernants lui tiennent un discours de vérité grâce à une nouvelle communication et une gouvernance rénovée. Car, en raison de la défiance nourrie à l’endroit du militantisme partisan et ses satellites, les formations politiques actuelles ont de plus en plus de difficultés aujourd’hui de faire un travail de mobilisation et d’encadrement efficient, de contribuer significativement à la socialisation politique, et la solution de facilité est de bureaucratiser la société qui constitue un facteur paralysant. Or, le fondement du système entre 1962 à 2010 reposant sur la rente reste le même, impliquant donc une profonde mutation systémique si l’on veut lever les contradictions et être au diapason du monde moderne. C’est que face tant aux mutations mondiales qu’internes à la société algérienne, cette jeunesse “parabolée”; a une autre notion des valeurs de la société. Cela se constate à travers l’éclatement de la cellule familiale, la baisse progressive du poids des tribus, de certaines confréries religieuses et de certaines organisations syndicales,(ces dernières mobilisant uniquement pour des revendications sociales et non pour des actions politiques), du fait de discours en déphasage par rapport aux nouvelles réalités mondiales et locales. En fait cela renvoie à la refonte de l’Etat conciliant la modernité et la préservation de notre authenticité, dont l’objectif stratégique serait plus de liberté, d’efficacité économique, de justice sociale et de moralité des institutions. Le passage de l’Etat de « soutien contre la rente » à l’Etat de droit « basé sur le travail et l’intelligence » est un pari politique majeur car il implique tout simplement un nouveau contrat social et un nouveau contrat politique entre la Nation et l’Etat. Sans la prise en compte de ces éléments stratégiques et les moyens d’y faire face concrètement, loin des discours démagogiques, il y a fort risque d’un discrédit des discours qui accélérerait le divorce État /citoyens qui aura un impact évident sur le développement futur du pays.
Docteur Abderrahmane Mebtoul, expert international
20 décembre 2010