En Algérie, les personnes placées en garde à vue subissent parfois des sévices et autres brutalités et sont soumises à de fortes pressions psychologiques n’ayant aucun rapport avec les faits qui leur sont reprochés.
En visite d'inspection lundi à Biskra, le Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), le général-major Abdelghani Hamel, a promis de "veiller au respect des droits de l'homme lors du placement de toute personne en garde à vue". Une promesse que les Algériens prennent toujours avec des pincettes car dans les commissariats, les maltraitances et les abus sont encore légion.
Au cours d'une conférence de presse tenue au siège de la 8ème sûreté urbaine de la cité Sidi Ghazal, à Biskra, Abdelghani Hamel est revenu encore une fois sur les conditions de la garde-à-vue. Conscient de la mauvaise image dont jouit la police au sein de la population Algérienne, le Directeur général de la DGSN s'est engagé, une nouvelle fois, à lutter fermement contre toutes les dérives "déshonorantes".
Mais pour les organisations de défense des droits de l’homme qui ont rendu public plusieurs rapports accablants sur les graves violations commises dans les commissariats, le scepticisme est de mise puisque les promesses tardent toujours à voir le jour. A travers tout le pays, les abus se multiplient et les sanctions disciplinaires lourdes se font toujours rares sauf si les violations relatives à la garde-à-vue ont fait éclater des scandales relayés par la presse indépendante.
Pour mettre fin à tous les dépassements, des commissions d'enquêtes de la DGSN ont été dépêchées ces derniers mois dans tous les postes de police du pays pour surveiller et améliorer les conditions de garde-à-vue. Néanmoins, le patron de la DGSN n'a donné aucun bilan des activités d'enquêtes de ces commissions. Ont-elles réellement permis d'inculquer la culture du respect des citoyens aux policiers ? Ont-elles contribué à faire cesser le recours aux diverses formes de torture ? Pour l'heure, ces questions demeurent sans réponse.
Et jusqu'à présent, ce sont les émeutes déclenchées par les citoyens qui ont acculé les pouvoirs public à enquêter sur les sévices et autres brutalités auxquelles sont soumis les Algériens placés en garde à vue. Pour s'en convaincre, il suffit de revenir sur les cours des évènements qui ont mené à l'éclatement du scandale de la mort d’un homme, le 17 décembre dernier, dans un commissariat de Constantine.
Après plusieurs jours d'affrontements avec des citoyens en colère lors des protestations populaires déclenchées dans les rues, une commission d’enquête dépêchée par la DGSN s'est rendue sur les lieux pour avouer enfin qu'il y a eu bel et bien "des fautes très graves constatées". Des sanctions ont été prises par la suite et un procès-verbal a été établi et transmis à la justice.
Ce scénario risque-t-il de se répéter ? Certainement oui car la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH) n'a pas manqué de tirer la sonnette d'alarme en affirmant tout haut que dans les cellules de garde à vue, "les droits des Algériens, tels que prévus par le code de procédure pénale, ne sont pas respectés" !
Pour la CNCPPDH, le salut des citoyens viendra d'un amendement du code de procédure pénale pour une "protection effective" des droits de la personne gardée à vue "dont l’intégrité ne doit être violée ni par l’officier de la police judiciaire ni par les agents de ce service".
A défaut d'un contrôle sérieux des lieux de la garde à vue, seul cet amendement permettra de veiller à ce que les droits de la personne gardée soient respectés. C'est dire enfin que dans ce contexte, les promesses Abdelghani Hamel risque donc d'être un coup d'épée dans l'eau...