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Espionnage industriel : La France au banc des accusés

Par Mokrane Ait Ouarabi

L’intelligence économique, pratique aussi vieille que le monde, est devenue le sport favori de la France qui semble bien partie pour battre tous les records.


Selon le journal norvégien Aftenposten, qui se base sur des câbles diplomatiques de WikiLeaks, repris par l’Agence France Presse (AFP), la France est en tête en matière d’espionnage industriel en Europe. Elle surclasse la Russie et la Chine, deux pays connus pour leur dense et large activité d’espionnage économique à travers le monde. «L’espionnage français est tellement étendu que les dégâts pour l’économie allemande, dans leur totalité, sont plus importants que les dégâts provoqués par la Chine ou la Russie», est écrit dans une note non datée de l’ambassade des Etats-Unis à Berlin, reprise partiellement par Aftenposten, qui a obtenu par un moyen non connu en décembre la totalité des 250 000 documents diplomatiques de WikiLeaks. 

Si l’on se fie au contenu des mémos diplomatiques américains diffusés par WikiLeaks, l’Allemagne est l’une des principales cibles des espions français. Berry Smutny, directeur général du fabricant allemand de satellites OHB Technology, est allé jusqu’à qualifier la France de l’«empire du Mal», l’accusant d’avoir occasionné des pertes colossales à l’économie allemande. «La France est l’empire du Mal en ce qui concerne le vol de technologies, et l’Allemagne le sait», aurait-il déclaré en octobre 2009 à un diplomate américain. Mais l’Allemagne, toujours selon le même responsable, avec son gouvernement décentralisé, ne serait pas disposée à contrecarrer les activités françaises d’espionnage industriel. OHB Technology, a précisé l’AFP, s’est fait connaître du grand public en janvier 2010 en remportant aux dépens d’Astrium, filiale du géant EADS, un contrat pour la construction de plusieurs satellites destinés au programme de navigation Galileo, futur «GPS» européen. Aftenposten avait déjà fait état d’une concurrence franco-allemande en matière de satellites espions, a souligné l’AFP. Selon des notes obtenues par WikiLeaks, l’Allemagne chercherait à développer, avec l’aide des Etats-Unis, son propre programme de satellites d’observation optique (Hiros) malgré les objections de la France qui pilote les efforts européens dans ce domaine avec ses satellites Hélios. Si les Américains s’inquiètent de l’espionnage industriel chinois, considéré comme une «menace nationale, voire internationale», les Européens devraient ainsi se méfier de leur partenaire français qui cherche par tous les moyens le progrès. Premier fournisseur de l’Algérie, la France s’est dotée de satellites espions capables d’intercepter les communications téléphoniques, fax, e mails...


Des satellites qui lui permettent d’écouter le monde entier. En 2003, le ministère français de la Défense avait mis en service un système d’écoute électronique spatial que seuls les Etats-Unis et la Russie possèdent. Ce système a été dénommé Essaim. Il permet à la France de surveiller l’activité radio et radar de la planète à partir d’une orbite située à 680 km d’altitude. La DGSE dispose actuellement de l’un des plus grands centres d’écoute du monde. Il s’agit de la base de Domme, Sarlat. Ce centre est considéré comme les «grandes oreilles» de la République française. Elle permet aux services d’espionnage français d’écouter quotidiennement des centaines de milliers voire même des millions de discussions téléphoniques, d’accéder à des e-mails, des fichiers et des fax, dans les quatre coins du globe. On dit gouverner, c’est prévoir. Et pour prévoir, il faut bien savoir... par tous les moyens, même en abusant de la confiance d’un partenaire ou d’un allié.

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