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Les émeutes en Algérie de janvier 2011 : que faut-il faire maintenant ?

     

Habib Souaïdia, Paris, 13 janvier 2011

Pourquoi devons-nous toujours subir les événements, rester passifs et impuissants face aux événements ? Qu’on nous explique comment l’opposition a pu accepter ce rôle !

Je tiens à dire que la révolte de ce début d’année n’est pas le fruit des traditionnelles « luttes de clans » au sein du pouvoir, mais bel et bien une explosion de la rue que tout le monde prédisait. Malheureusement, nous n’étions pas là.

Déçus, dépités, rageurs et impuissants comme si on sortait d’une cérémonie funéraire ? Devons-nous parler de fatalité ? Non ! D’incapacité ? Oui ! L’opposition algérienne, notre opposition, s’est montrée incapable, exposant à la face du monde ses limites, ses tares et, surtout, ses lacunes. En quatre élections présidentielles, le régime a usé des mêmes artifices et stratégies pour passer en force, et quatre fois l’opposition a cédé, ne trouvant pas de riposte. Jusqu’à quand allons-nous continuer de pleurer tous ces morts, connus ou anonymes, qui jalonnent le parcours combien cahoteux de notre marche vers la liberté et la démocratie ? Ils sont tombés pour que renaisse et vive notre chère patrie. Comment pouvons-nous consoler ces mamans, ces veuves et ces orphelins qui ont perdu des êtres chers et dont le sacrifice est passé inaperçu, comme un fait divers ?

L’opposition algérienne a besoin de nouveaux visages pour renaitre de ses cendres. Il faut une nouvelle génération de politiciens, intrépides et courageux, fermes et souples, rigoureux et efficaces. Et, surtout, désintéressés et patriotes. Le peuple est fatigué des jérémiades de ses leaders. Ce que nous voulons aujourd’hui, c’est des actes et rien que des actes. Nous sommes fatigués de la corruption, des massacres et de l’état de non-droit. Nous voulons le changement.

Il n’y a pas de péché à essayer de changer le cours des choses. Ce n’est jamais un péché que de renverser l’arbitraire et l’injustice. Le péché ici serait plutôt de ne pas essayer du tout. D’ailleurs, il vaut mieux mourir en tentant l’impossible que de rester résignés, puisque dans tous les cas, ils sont en train de nous tuer. Ce régime fondé sur la terreur, la peur, la corruption, le mensonge, l’intimidation, la force brutale, l’emprisonnement et l’assassinat ne saurait perdurer.

Tout le monde a prévu une révolte, mais personne n’a su la transformer en révolution. Pourquoi ? Parce que nous somme restés dans le vieux schéma. Dans l’acceptation du régime, de la fausse opposition qui parle en notre nom, de ces journalistes et intellectuels véreux. Il faudra que ce mouvement nous serve de leçon pour s’organiser de manière urgente et efficace et pour oublier les luttes intestines qui nous déchirent et déchirent l’Algérie. Il nous faudrait des hommes et des femmes capables de transformer l’essai en chef-d’œuvre.

L’opposition doit sortir de cette sorte de stupeur outrée où l’ont plongée les exactions décomplexées et les arnaques éhontées et répétées du régime. Vous faites bien de souligner qu’on a affaire non pas à un parti politique, animé d’une éthique et d’un projet de société, mais à une bande d’assassins qui avancent sauvagement, aveuglément, envers et contre tout, en faisant fi des règles élémentaires de la pratique politique. Jouer les colombes face à tant de cynisme, c’est faire le jeu d’une dictature résolue à détruire le pays.

À moins de souffrir de myopie politique et de croire que la manne viendrait d’ailleurs, quelle solution l’extérieur a apporté à notre problème ? Aucune, absolument aucune. Voilà un président élu par des généraux et salué par la communauté internationale à trois reprises, qui utilise sa fonction pour nous faire avaler des pilules amères, légalisant au passage la corruption et les pratiques féodales.

La communauté internationale vers laquelle nous nous tournons souvent quand nous appelons au secours et qui s’est érigée en donneuse de leçons de démocratie, préfère soutenir, envers et contre tout, en déroulant le tapis rouge sous leurs pieds, des assassins.

Enfin, hier soir à Paris, présent à l’appel au soutien du peuple tunisien à la Bourse du travail de Paris, j’ai vu une salle comble où hommes et femmes scandaient : « Ben Ali assassin ! La Tunisie n’est pas à toi ! » J’ai lu sur le visage de nos frères et sœurs tunisiens une détermination indéniable, un courage exemplaire et enfin une organisation impeccable. Et j’ai commencé à compter les heures qui restent à Ben Ali au pouvoir.

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