La confrontation dans le secteur de la santé est désormais inévitable. Les ingrédients d’un bras de fer entre les représentants des travailleurs et les responsables du département de la santé sont réunis. La position affichée par le premier responsable du département de la santé à l’égard de la représentation syndicale illustre parfaitement cet état de fait.
Abder Bettache - Alger – (Le Soir) - Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière vient de franchir un pas, qualifié de «grave» dans ses rapports conflictuels avec les représentants des travailleurs du secteur. Un protocole d’accord ayant sanctionné une réunion d’évaluation, tenue le 10 janvier et qui a regroupé le secrétaire national chargé des conflits sociaux à la Centrale syndicale et le ministre de la Santé, M. Ould Abbès, devait aboutir à la mise en place d’une démarche portant «règlement de toutes les questions du secteur jusque-là restées en suspens». D’ailleurs, les deux parties ont convenu du «dépôt de trois avant-projets de statuts relatifs aux paramédicaux, aux biologistes et aux sages-femmes, de la mise en place d’une commission pour la relance de l’avant-projet du statut particulier des praticiens médicaux titulaires d’un certificat d’études spécialisées, de la relance du processus des statuts particuliers et des régimes indemnitaires pour faire bénéficier les travailleurs de la santé concernés dans les meilleurs délais et de l’installation des commissions mixtes chargées de traiter les autres dossiers sensibles ». Or, à la grande surprise de ses partenaires sociaux, le ministre de la Santé s’est rétracté. Il demande à son secrétaire général de ne pas reconnaître le communiqué commun et ce dernier a donc refusé de le parapher. Une situation qui a soulevé moult interrogations, d’où la question de savoir si ce «refus est momentané» ou «s’agit-il d’un choix délibéré de la part du département de la santé ?»
Volte-face
Une semaine après, soit le 17 janvier dernier, le ministère de la Santé saisit toutes les directions de wilaya de la santé et de la population (DSP), leur demandant de «désigner un paramédical de (votre) établissement non affilié à aucun syndicat pour participer à une réunion sur les statuts des paramédicaux», qui aura lieu le jeudi 20 janvier 2011 à 9h au niveau de l’Institut Pasteur d’Algérie, à Dely-Brahim, à Alger. Ces structures ont été saisies dans une correspondance, dont nous détenons une copie. Mieux, il est exigé de communiquer «le nom du paramédical désigné qui doit parvenir à (mes) services au plus tard lundi 17 janvier 2011.» Cette volte-face du département de la santé est qualifiée de «véritable provocation à l’adresse des travailleurs du secteur et particulièrement de leurs représentants syndicaux». «Peut-on faire confiance à un ministre qui fait une chose et son contraire. Un ministre inconscient qui à travers ses agissements perturbe le secteur de la santé et ce, malgré toute la volonté du premier responsable de la Centrale syndicale et des structures du secteur. Il est indigne d’un ministre de la République», commente un syndicaliste de la Fédération de la santé.
90 000 paramédicaux mobilisés
Face à cette situation, la Fédération des travailleurs de la santé s’est réunie en session extraordinaire et a décidé d’un dépôt de préavis de grève pour dimanche prochain. Ainsi 90 000 paramédicaux affûtent-ils leurs armes et se préparent à une grève générale. Cette dernière devait avoir lieu la première semaine du mois de février prochain. Pour rappel, lors de ses différentes sorties médiatiques, voire depuis son installation à la tête du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould-Abbès n’a cessé d’annoncer en grande pompe que les augmentations salariales sont imminentes. Cependant, il ne peut y avoir de revalorisation salariale tant que les régimes indemnitaires n’ont pas été finalisés. Seuls les chercheurs hospitalo-universitaires et les fonctionnaires relevant du corps des administrateurs des services de santé publique sont pour le moment concernés. Les autres fonctionnaires, dont les paramédicaux, les sages-femmes et les biologistes, ne seront pas augmentés tant que la question des régimes indemnitaires n’est pas finalisée. Pour rappel, en date du 13 décembre dernier, le secrétaire national en charge des conflits sociaux avait imputé la responsabilité au ministre de la Santé. «Des propositions qui reposent sur la dynamique du dialogue social n’ont reçu jusqu’à présent aucune réponse positive de la part du ministre de la Santé», lit-on dans la lettre, dont une copie est en notre possession. Et d’ajouter : «Bien au contraire, nous relevons une volonté délibérée d’éloigner de ce processus de négociations la représentation syndicale de l’UGTA. Tout en condamnant cet acte, il y a lieu de remédier à cette situation qui risque de porter préjudice au climat social et aux relations mutuelles», lit-on dans une lettre dont nous détenons une copie.
A. B.