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en Algérie : indignation et interrogations

 

Si riche, si instable. Syndrome de la malédiction des richesses qui frappe l’Algérie ou simple paradoxe qui renseigne bien du drame du pouvoir, coincé entre la posture défensive et sécuritaire et la réponse politique.

Par Djalal Firas FERHAT

Depuis Octobre 1988, jamais les représentants de l’Etat et des pouvoirs publics n’ont paru si distants avec la jeunesse du pays qu’en ces jours d’émeutes et de contestation sociale en Algérie et pour cause , la culture de la violence symbolique par la corruption généralisée , le clientélisme et l’injustice sociale a eu comme conséquences logique un seul mode d’expression privilégié allant de la résistance passive et le boycott des rendez-vous électoraux jusqu’au suicide.

Alors, il est venu le moment de mettre des mots sur les maux dont souffre le pays, le moment est plus que propice de dire clairement que le politique doit reprendre sa place sur le sécuritaire et que la menace terroriste constamment avancée et brandie par le régime ne peut pas éternellement servir de quitus au verrouillage des espaces d’expression pacifiques et démocratiques et au maintien injustifié de cet état d’urgence qui plombe le pays et la jeunesse avec dans le fatalisme.

D’ailleurs ce fatalisme nourrit les démonstrations les plus contreproductives sur l’échelle d’observation de la manipulation et de la récupération. A chaque émeute, on devient paranoïaque et on imagine des mains manipulatrices, certes la manipulation des masses existe, la spontanéité des mouvements aussi, ceux-ci sont caractérisés malheureusement en Algérie par leur faiblesse d’organisation et d’encadrement.

Donner du crédit à la thèse de la manipulation, c’est soustraire aux jeunes toute faculté d’analyse et de prise de conscience, c’est donner à ce régime les attributs de la prospective, alors que cette gérontocratie vieillissante ne contrôle plus rien.

Face aux évolutions de cet hypothétique troisième mandat (le mandat de trop), et face à la stratégie délibérée de pourrissement adoptée par le pouvoir, et après avoir fait le constat de la situation grave que traverse le pays , il est du devoir national de toute les forces politiques de la mouvance démocratique et Républicaine , des dynamiques  de la société civile, des comités d’initiatives et de vigilances  citoyennes, des organisations des droits de l’homme, des forums sociaux et syndicats autonomes de s’intéresser d’avantage aux propositions de sortie de crise à travers une période de transition mettant le citoyen au centre de toute les préoccupations.

Il est absolument important de saisir premièrement le terme « transition », communément, le terme désigne toute transformation politique majeure qui survient dans une période donnée, les penseurs de la transition, anticipent à travers un projet toujours mémorable, le passage du régime d’une cohérence à une autre.

Deuxièmement , la traduction du terme en question ,en action politique ne peut devenir opératoire, sans pour autant glisser ensemble et dans le rassemblement vers une situation de fluidité politique de contestation et de clarté des griefs , aussi, il est important d’éviter que les demandes catégorielles , clairement exprimés par les syndicats et les partis politiques de la mouvance démocratique soit encore une fois brouillées par l’introduction de la revendication dogmatique au détriment d’un minimum démocratique, d’un discours politique consensuel et mutualisé et enfin  d’une stratégie procédurale de protestation.

Il faut voir les acteurs des mobilisations de transition comme des réseaux sociaux , politiques et citoyens changeants, contingents, qui se construisent en tant qu’acteurs dans le processus même de mobilisation.

A ce titre il serait commode que les forces du changement appellent ensemble à une démonopolisation de la vie politique à travers les points suivants :

1- Abrogation de l’état d’urgence et rassemblement des forces vives de la nation autour de l’idée d’une transition fondatrice d’une nouvelle République plus soucieuse des libertés individuelles et collectives et de l’égalité des citoyennes et des citoyens devant la loi.
2- Retour à la légalité constitutionnelle par l’élection d’une assemblée constituante comme finalité de la phase de transition et réintroduction du verrou de limitation des mandats.
3- Délégitimation du pouvoir et cristallisation des luttes autour de la dénonciation de la corruption, le népotisme, le despotisme et le clientélisme.
4- Dissolution de l’ensemble des assemblées populaires au cours de la période de transition et arrêt du processus électoral jusqu'à la fondation d’un Etat viable et d’institutions crédibles.
5- Assurance de sécurité des personnes et des biens dans l’ensemble du territoire national, abolition de la peine de mort, recherche active des disparus de la tragédie nationale et élargissement du Moudjahid Mohamed GHARBI.
     
L’exigence de rassemblement des forces démocratiques devrait servir premièrement à redonner espoir et idéal, pour le devoir de dire ce que l’on croit juste  (devoir de vérité définissant l’élite) et deuxièmement pour servir de cadre de référence et de choix auprès de la jeunesse et de la société en général et in fine compléter son parcours initiatique. 
Ce qui importe finalement, c’est moins des mécanismes de réforme ou de refondation perpétuelle, que  l’esprit de la démocratie, dont tous les régimes modernes revendiquent la défense. Or, il est patent de voir que les fonctionnaires du statu quo du régime Algérien n’ont ni su ni voulu transformer cette démocratie balbutiante en une démocratie ou chacun, à la fois citoyen et acteur conscient ou non de sa démarche historique pour le changement, puisse exercer dans les faits sa part de responsabilité.

Les pesanteurs idéologiques d’une histoire patrimoinialisée comme fonds de commerce,  la volonté de sauvegarder les positions acquises , la défense acharnée des intérêts et privilèges et, à cet égard , les responsabilités des partis politiques , petits ou grands, dans la légitimation du processus électoral , tels sont assurément les obstacles opposés à la formation d’un Etat de droit, d’une justice sociale et d’une vraie communauté nationale solidaire et tolérante face au vivre ensemble , à la diversité et aux particularismes , certains dirait justement, une « moralité collective ». Ces mêmes obstacles évoluent malheureusement dans un pays ou depuis quarante huit ans on célébrait son indépendance chèrement acquise, alors, qu’il est devenu aujourd’hui, l’un des pays les plus dépendant de part la demande énergétique mondiale.  Pour dépasser ce paradoxe du développement, qui conduit à cette  explosion des inégalités dans la répartition des ressources et des richesses en Algérie et à cet optimisme bureaucratique dans l’assurance des mensualités d’importations, il faudrait poser le problème en terme politique à savoir :

- une démocratie peut-elle exister sans vertus civiques ? sans citoyens ?
- pourquoi le système en général (toute les forces participationniste du statu quo) ne s’inquiète-il pas de l’érosion des valeurs démocratiques, illustrée par la violence et les émeutes, l’absentéisme électoral, la perte d’adhérents des associations, syndicats et partis ?
- pourquoi la position de pouvoir en Algérie ne résulte pas de délégations consenties démocratiquement par des citoyens à des dirigeants à titre temporaire et contrôlé, circonscrit et réversible ?


La première République, tout compte fait, va certainement agoniser de ce qu’elle n’a pas su construire progressivement, la République sociale et démocratique dont elle avait, dès sa naissance tumultueuse, pervertie les missions sous la botte du parti unique et de la pensée unique.  

Djalal Firas FERHAT
Bureau d’Oran de l’ANR
Janvier 2011

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