Les préparatifs vont bon train à Bouira pour la marche du RCD prévue pour ce samedi. Selon le président du bureau régional du RCD, Boutata Ahmed, l’écho favorable qu’a eu cet appel est perceptible surtout, et pour la première fois, dans les régions arabophones, jusque-là très réticentes vis-à-vis de tout ce qui est entrepris par le RCD.
Ce mercredi, ils étaient des centaines de militants du RCD, mais également des sympathisants, à se rendre au bureau régional du parti pour prendre les affiches et les acheminer vers les lointaines communes comme Guerrouma, Boukram, Bouderbala, Maâla, mais aussi Ridane et El-Hakimia et d’autres encore ; des communes réputées parmi les plus réfractaires au niveau de la wilaya, non seulement au RCD, mais aussi à tout ce qui s’apparente à une revendication ou une protestation. Côté logistique, le président du bureau régional du RCD a indiqué que chaque section locale est chargée de procéder à la mobilisation de son parc roulant disponible auprès des militants, ainsi que de la location des microbus pour les militants et les sympathisants qui désireraient se déplacer ce samedi à Alger pour une marche qui sera historique. Historique surtout grâce à ses slogans qui sont plus que mobilisateurs. Le RCD a, vraiment, voulu mobiliser toutes les forces vives de la nation pour se rassembler autour de ce minimum démocratique et républicain illustré par le triptyque : «Dignité, Justice, Liberté» et dans lequel se reconnaissent des centaines de milliers, voire des millions d’Algériens qui ne cessent, d’ailleurs, de témoigner verbalement leur soutien indéfectible à cette marche. Reste maintenant à savoir si ces démocrates, ces républicains, ces intellectuels joindront le geste à la parole en bravant l’interdit et en dépassant les calculs mesquins qui les ont toujours divisés. La réponse, nous la connaîtrons samedi prochain.
Y. Y.
Djenouhat accusé de vouloir perturber la marche
Vingt-quatre heures après avoir dénoncé le bureau d’Alger du RND qui fomentait de perturber la marche à laquelle le parti a appelé pour le samedi 22 janvier, le RCD pointe du doigt et accuse Salah Djenouhat, membre du secrétariat national de l’UGTA et député sous les couleurs du RND, d’activer à provoquer les incidents lors de la manifestation populaire. «Pendant que l’UGTT accompagne et structure le mouvement social en Tunisie, l’UGTA installe des groupes de miliciens pour protéger les privilégiés de la rente», écrit le RCD dans un communiqué rendu public hier en fin de journée. Le parti de Saïd Sadi ne reste pas sur une vague dénonciation. Il informe que «parmi les responsables les plus zélés de cet appareil, Salah Djenouhat, baron de l’UGTA et activiste du RND, n’a rien trouvé de mieux que de payer onze délinquants de Sidi M’hamed pour les inciter à provoquer la marche populaire du 21 janvier qu’il a décrite lors de la réunion tourmentée de l’UGTA, tenue le 18 janvier, comme une «action des ennemis de l’Algérie», a dénoncé le RCD ajoutant que «malheureusement pour lui, des syndicalistes, ayant le souci plus digne de leur mission, se sont opposés à sa position en lui disant qu’eux se rendraient à la marche». Le RCD, vraisemblablement bien informé de ce qui s’est dit lors de la réunion de la Centrale syndicale du 18 janvier, a souligné, par ailleurs, que les opposants à Djenouhat lors de ce conclave «ont aussitôt appelé les jeunes soudoyés pour les dissuader de se faire les complices de la manipulation». Le RCD a informé, en outre, que l’un de ces jeunes approchés par Djenouhat a avoué qu’il avait reçu la promesse qu’il disposerait d’une table commerçante au niveau du marché Ali Mellah. «Voilà comment l’un des hommes les plus corrompus du système abuse de la détresse de la jeunesse», a dénoncé encore le RCD. A Djenouhat, le parti de Saïd Sadi répond : «Oui, nous sommes vos ennemis. Pourquoi est-ce que vous-même, qui avez pourtant de bonnes raisons de vous opposer à la marche dirigée contre le système qui vous engraisse, ne venez pas affronter la foule samedi à la place du 1er Mai ?». Le parti de Saïd Sadi a considéré, enfin, que «ces agitations de groupes qui ont pillé et déshonoré le pays sont pitoyables et méprisables. Elles ont cependant le mérite d’informer, si besoin est, sur l’état d’esprit actuel et la nature des individus et des clans qui veulent imposer le statu quo. Ce qui, a contrario, rend encore plus impérative une alternative urgente au régime de la rente ; une alternative qui commence par la marche populaire du 22 janvier».
S. A. I.
Les étudiants de Tizi-Ouzou seront de la manifestation de samedi
Il fallait s’y attendre. Il était, en effet, inconcevable que de l’Université Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou ne parvienne pas une réponse à l’appel pour une manifestation ayant adopté les mots d’ordre pour lesquels les étudiants, depuis plus de trois décennies, se sont faits parmi les plus ardents défenseurs.
Désormais, à travers le Comité estudiantin de soutien à la marche d’Alger, les étudiants de Tizi-Ouzou ont exprimé leur adhésion à l’initiative du RCD. Un soutien assorti d’une déclaration rendue publique hier, à travers laquelle ledit comité s’est attardé pour expliquer son implication dans la manifestation projetée pour samedi. «L’expression violente des jeunes dans différentes régions du pays n’est que le résultat d’un demi-siècle d’autoritarisme, d’oppression et de mépris envers un peuple qui s’est sacrifié pour libérer la nation du joug colonial. Depuis le recouvrement de l’indépendance, le régime algérien, obsédé par son maintien au pouvoir, n’a eu pour objectif que le détournement de la richesse nationale. Les luttes du peuple algérien, qui aspire à vivre dans la dignité, le progrès et la modernité ont toujours eu pour réponse la répression, la fraude électorale et la corruption. » C’est ainsi que le Comité des étudiants de l’Université de Tizi-Ouzou a entamé le quasi-réquisitoire ayant motivé son implication dans la marche initiée par le parti du docteur Sadi. Pour les rédacteurs de la déclaration, la conjoncture que traverse le pays est un moment fort, comme l’ont été les précédents «soulèvements» depuis le Printemps berbère de 1980 aux événements de Kabylie d’il y a dix ans en passant par la révolte d’octobre 1988, un moment qui interpelle les consciences et exige l’union de toutes les forces démocratiques que les étudiants de Tizi estiment «autant un devoir qu’une nécessité pour éviter à la nation le naufrage». «La chute du régime de Ben Ali résonne dans tout le territoire nord-africain et annonce, comme ce fut le cas hier avec la dynamique de la décolonisation, la fin des dictatures dans cette région qui a su surmonter, avec admiration, les épreuves difficiles. L’impressionnante mobilisation du peuple tunisien, particulièrement celle de la jeunesse, qui ne voulait pas renoncer, doit inspirer et motiver tous les patriotes de l’Afrique du Nord qui luttent héroïquement pour le renouveau démocratique et l’Etat de droit dans nos pays respectifs. C’est aussi une preuve irréfutable que la tyrannie n’est jamais pérenne», argue le Comité estudiantin de l’Université de Tizi-Ouzou qui ne manque pas d’appeler les Algériennes et les Algériens «soucieux du devenir et de l’honneur de la nation» de se joindre à la marche prévue samedi à 11 heures à Alger.
A. M.