QUADRILLÉE PAR UN DISPOSITIF POLICIER IMPRESSIONNANT
Alger a vécu une journée d’état de siège
Jusqu’à seize heures, le dispositif policier mis en place tôt dans la matinée d’hier était encore en place. Au niveau de la rue Didouche-Mourad, tous les magasins ont baissé rideau. A quelques mètres du siège régional du RCD d’Alger, une quinzaine de camions et de chasse-neige de la police ont pris position.
Abder Bettache - Alger (Le Soir) - Les signes d’un dispositif policier «musclé » étaient remarqués depuis déjà une semaine, soit depuis que le parti du RCD a décidé de maintenir l’organisation de sa marche. Durant ces dernières quarante-huit heures, le dispositif a été considérablement renforcé, démontrant à quel point les pouvoirs étaient déterminés à empêcher la tenue de la marche. En pleine nuit, des dizaines de véhicules blindés étaient déjà en position dans les principaux quartiers d’Alger. La marche à laquelle a appelé le RCD devait s’ébranler de la place du 1er-Mai vers l’Assemblée nationale. Des barrages de police ont aussi été érigés à l'entrée Est de la capitale. Hier, second jour de week-end, la circulation routière était dense. Tant à l’est qu’à l’ouest, tous les accès à Alger étaient sous haute surveillance. Les véhicules et autres bus sont filtrés. C’est à l’est de la capitale, plus exactement au niveau du barrage de police situé à la sortie de la cité des Bananiers, que le premier contrôle «sévère» s’effectue. Quatre kilomètres après, soit au niveau de la route de l’ALN, près du port d’Alger, un point de contrôle est dressé. Les policiers sont sur le qui-vive et à l’affût du moindre mouvement. Les véhicules immatriculés dans les wilayas de Tizi-Ouzou, Béjaïa, Boumerdès, Bouira, ou encore Bordj- Bou-Arréridj et Sétif sont arrêtés. Au niveau de la place du 1er-Mai, communément appelée place de la Concorde, des dizaines de véhicules blindés étaient stationnés et des centaines de membres de la Protection civile et de la police étaient postés dans la matinée. Devant l’hôpital Mustapha-Pacha et le long de l’édifice de la Cour des comptes, un dispositif à n’en plus finir, y compris des forces anti-émeutes et des policiers en civil. Idem aux alentours du siège de l’UGTA et de la Maison de la presse, sise place du 1er-Mai. Ceux qui empruntent l’autoroute pour rentrer sur Alger ont eu toutes les peines du monde à y arriver. Il faudra pratiquement deux heures pour parcourir le trajet Bab-Ezzouar—Alger, alors que des usagers du transport public se sont vu soumis à la vérification de leur identité. La circulation ferroviaire était quasi absente ce jour. La SNTF, a-t-on appris de source sûre, aurait reçu des instructions pour «geler ses activités durant toute la matinée de ce samedi». Même décor au niveau de la localité d’El-Mouradia. A quelques encablures de la présidence de la République, une douzaine de véhicules blindés armés de canons à eau veillaient au grain également. Pendant ce temps, dans le ciel, un hélicoptère surveillait la situation. Son vol à basse altitude a généré, durant toute la journée des bruits assourdissants. Dans certains lieux, même les attroupements ont été dispersés, avec également vérification de papiers. En ce 22 janvier 2010, Alger aura ainsi véritablement vécu une matinée d’état de siège. Quadrillée de toutes parts, elle a rappelé à certains octogénaires la situation vécue durant la guerre de Libération, plus exactement lors de la Bataille d’Alger.
A. B.