L’argent des Algériens sent-il si mauvais? Selon la chaîne satellitaire Alarabya, l’Autorité des Services Financiers de Dubai (DFSA) a instruit les banques installées dans l’Emirat de ne pas accepter les capitaux privés provenant de Tunisie et… d’Algérie. L’Autorité explique sa décision par les «troubles sociaux» que connaissent les deux pays.
Alarabya affirme sur son site internet que l’organisme indépendant a conseillé, par mail, les entreprises du centre international de Dubaï de «mettre à jour leurs relations avec les Algériens, notamment les responsables politiques».
Le journal électronique Tsa qui a repris l’information a estimé hier que «Dubaï est connu pour être une plaque tournante des affaires internationales » et que «plusieurs dirigeants arabes ont placé d’importantes sommes dans les banques de cet émirat connu pour être peu regardant sur la provenance des fonds».
Ainsi donc, les banques des Emirats arabes unis ont été instruites de «durcir les conditions d’ouverture de comptes et d’approfondir les enquêtes d’habilitation pour mieux connaître la provenance des fonds, avant d’accueillir de nouveaux clients». Si l’on se fie au même journal électronique, qui cite des experts financiers internationaux, «les avoirs d’Algériens (à l’étranger) représentent au moins 25 milliards de dollars sur les seuls dix dernières années».
C’est un chiffre auquel les experts sont parvenus en s’appuyant sur ce qu’auraient pu être «les montants des commissions perçues dans les opérations d’importation et de passation de contrats publics». Les calculs ont été faits sur la base d’une importation moyenne de 35 milliards de dollars par an, sur dix ans, soit un total de 350 milliards de dollars.
De plus précise-t-on, «ces calculs ne tiennent pas compte des surfacturations pratiquées par des entreprises algériennes, publiques et privées, pour leurs opérations d’importation d’équipements, de matière première ou de service», ce qui permet à «des dirigeants d’entreprise de transférer d’importantes sommes d’argent sur des comptes personnels ou appartenant à des proches établis à l’étranger».
Il y a lieux de rappeler ici que pour nombre d’observateurs et de spécialistes, y compris au sein de la cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) Algérie, «les atteintes à l’économie nationale» battent leur plein dans le pays comme en témoignent les nombreux biens immobiliers saisis par mesure conservatoire dans le cadre de plusieurs affaires de détournements de deniers publics.
«Dans la seule affaire du transfert illégal de 15 millions de dollars américains et 6 millions d’euros élucidée récemment par la brigade de recherches relevant du groupement d’Alger de la Gendarmerie nationale, les investigateurs ont répertorié, comme blanchiment d’argent, l’achat de plusieurs villas à Hydra et Bir Mourad Rais, sans compter les dizaines de véhicules de luxe, dont la plus grande partie sont des véhicules 4?4 et deux yachts, selon une source judiciaire», liton dans un article paru en 2010.
Le colonel Mustapha Taibi, commandant du groupement de la wilaya d’Alger de la Gendarmerie nationale, avait annoncé, il y a un an, précisément en janvier 2010, dans le cadre du traitement d’une «grosse affaire de sous» que «plus de 43 milliards de centimes, 20.750 euros, 1.538 kilogrammes de bijoux en or, cinq voitures de luxe, cinq villas luxueuses, quatre appartements haut standing, dix lots de terrain, dont une grande partie se trouve à Alger, certains atteignant 5.000m2 de superficie, et deux locaux commerciaux ont fait l’objet de saisies conservatoires ».
Pour la destination du «sale argent» vers l’étranger, des sources affirmaient à un confrère, Echorouk en l’occurrence, que «l’argent des Algérien prend la direction de l’Europe notamment la Suisse, la France et la Grande Bretagne, mais aussi les pays du Golf arabe comme les Emirats et l’Arabie Saoudite, avant que d’autres pays comme la Malaisie et des pays du Maghreb arabe et d’autres pays africains tel le Mali et Niger ne s’ajoutent à la liste».
Au vu de ces données, ils sont sans doute nombreux à s’interroger sur le sort qui sera réservé aux milliards engagés par l’Etat dans de nombreux grands projets, surtout ceux faisant appel à des groupes étrangers.