Dépêche (texte)
AFP - Plusieurs mouvements d'opposition appellent les Egyptiens, en particulier les jeunes, à manifester mardi, espérant que l'écho du soulèvement tunisien favorisera la mobilisation pour des réformes économiques et un changement politique en Egypte.
Ces manifestations sont les premières du genre en Egypte depuis la chute du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier, à la suite d'une révolte populaire.
L'idée a été lancée par le "Mouvement du 6 avril", un groupe de militants pro-démocratie, et coïncide avec la très officielle "Journée de la police", jour férié à l'occasion duquel les dirigeants multiplient les éloges aux forces de l'ordre et les engagements à maintenir la stabilité.
Les organisateurs comptent sur l'effet d'entraînement des événements de Tunisie, très commentés notamment par les jeunes Egyptiens ayant accès aux réseaux sociaux sur internet.
L'opposant Mohamed ElBaradei, ancien haut fonctionnaire international, a exprimé sur sa page Facebook son soutien à "l'appel à manifester contre la répression" et a dénoncé "les menaces d'utiliser la force venant d'un régime qui tremble devant son peuple".
"Si les Tunisiens l'ont fait, les Egyptiens devraient y arriver", a également déclaré au magazine allemand Der Spiegel de lundi l'ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Les manifestations ont reçu l'appui d'autres formations politiques, mais sur un mode relativement prudent.
Les Frères musulmans, à la forte capacité de mobilisation, et le Wafd, premier parti d'opposition laïque, n'ont pas lancé d'appels formels à défiler, mais ont indiqué que leurs jeunes militants pourraient se joindre aux cortèges.
L'Egypte connaît des difficultés économiques et un mécontentement social qui présentent de nombreuses similitudes avec la Tunisie.
Plusieurs immolations par le feu ont eu lieu ces derniers jours en Egypte, rappelant celle d'un jeune Tunisien en décembre qui avait déclenché la révolte.
Sur le plan politique, le régime est dominé depuis près de trente ans par le président Hosni Moubarak, 82 ans, à la santé incertaine. Sa succession est au centre d'une sourde rivalité entre son fils Gamal 47 ans, proche des milieux d'affaires, et la "vieille garde" du pouvoir liée au puissant appareil militaro-sécuritaire.