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HASSAN HATTAB, FONDATEUR DU GSPC ALGERIEN

http://www.recherches-sur-le-terrorisme.com/index.html

HASSAN HATTAB,
FONDATEUR DU GSPC ALGERIEN

Dans cet interview, Hassan Hattab, que les autorités algériennes disaient mort au combat, réapparaît pour dire qu'il ne commande plus son mouvement et travaille à la réconciliation nationale. Encore une étrangeté de la scène algérienne.
 
 Nous avons bien sûr respecté le ton du journaliste, assez favorable à la thèse islamiste. En fin de traduction, une rapide analyse donne notre position.



 Traduction de l'article publié
le 15 octobre 2005
dans le journal arabe " Al Charq al Awsat "
basé à Londres.
" Hattab présente trois revendications
en échange de l'abandon de la lutte armée en Algérie "

Al Charq al Awsat, interview du fondateur du salafisme.

Alger: Boualam Ghamarsah

Le fondateur de la plus grande organisation fondamentaliste armée en Algérie, a présenté trois revendications en échange de l'abandon, par lui et ses compagnons, de la lutte armée. Hassan Hattab, le fondateur du GSPC (Al Jamaa al Salaffiya lil Daawa wal Qital), a dit dans un interview accordé à Al Charq Al Awsat, quelque part à l'est de la capitale algérienne, le premier du genre, qu'il attendait toujours " des actions concrètes " de la part des autorités, après le référendum sur la paix et la réconciliation. Il veut parler de l'annulation de l'accusation de terrorisme contre les frères qui ont porté les armes lors du coup-d'état (1) et de l'égalité de traitement des belligérants afin d'éviter une double approche dans la résolution des problèmes (2). En plus d'arrêter les poursuites contre lui et ses compagnons, Hattab a précisé, qu'il demandait aussi la libération d'Ali Bel Hadj (numéro 2 du FIS) afin de " lui laisser la chance d'assumer un rôle dans la réconciliation nationale. " Enfin, il a réclamé de " ne pas faire porter la responsabilité du conflit sanglant " au FIS dissous.

Hattab a aussi invité ses compagnons à " arrêter les actions militaires, attendre dans leurs positions et continuer de proclamer leurs revendications. "

Durant l'interview Hattab était vêtu du costume afghan et portait un turban. Il avait un ordinateur portable, dont il dit ne jamais se séparer. Il semblait pressé, s'exprimait brièvement et répondait sans s'étendre. Il a demandé (au journaliste) de ne pas insister " car un grand travail l'attendait, " allusion aux efforts qu'il déploie pour amener ses compagnons à abandonner la lutte armée. Il a répondu à beaucoup de questions posées par Al Charq al Awsat, s'excusant d'en éluder certaines " en raison des circonstances qui ne me permettent pas de répondre. Je suis devant un évènement majeur, a-t-il argumenté, et chaque mot de ma part pèsera de tout son poids. "


(en page intérieure)
Hassan Hattab: " Nous voulons abandonner la lutte armée, mais à certaines conditions. "

Al Charq al Awsat interviewe le fondateur du plus grand groupe armé algérien dans une de ses cachettes.

A Alger : Bouallam Ghamarsah

Hassan Hattab, le fondateur du plus grand groupe fondamentaliste armé en Algérie, a déclaré être prêt, ainsi que de nombreux de ses partisans, à abandonner la lutte armée. Mais il a insisté sur la nécessité, du côté des autorités algériennes, de répondre favorablement à ses revendications. Cela s'est passé lors d'un entretien avec Al Charq al Awsat, le premier entretien du genre donné par le fondateur du GSPC à un journaliste.

Durant l'entretien, Hattab a dit qu'il invitait les autorités à lever l'accusation de terrorisme contre ceux qui ont pris les armes et rejoint le maquis en réponse " au coup-d'état, " allusion à l'intervention de l'armée pour annuler les élections législatives que les islamistes avaient gagnées (3) à la fin de l'année 1991. D'un autre côté, il a appelé ses camarades du groupe (GSPC) à " cesser leurs actions militaires et à attendre dans leurs positions en continuant à proclamer leurs revendications. " Hattab, alias Abou Hamza, a dit qu'il attendait toujours des " actions concrètes " de la part des autorités, après le référendum sur l'accord de paix et de réconciliation, " comme lever l'accusation de terrorisme contre les frères qui ont porté les armes après le coup d'Etat et traiter tout les belligérants sur un pied d'égalité afin d'éviter une double approche dans la résolution des problèmes (4). " Il a ajouté, utilisant le pluriel : " Nous attendons toujours la libération du Cheikh Ali Bel Hadj (le numéro 2 du FIS) afin de lui laisser la chance d'assumer un rôle dans la réconciliation nationale. " Hattab a aussi demandé très clairement le retour " du FIS " dissous à la vie politique et réclame " de ne pas lui faire porter la responsabilité du conflit sanglant. "

Al Charq al Awsat a rencontré le fondateur du GSPC dans une modeste maison qui n'attire pas l'attention. Elle est située à 100 kilomètres à l'est de la capitale. C'est la région dans laquelle il a fait campagne pendant de longues années. Dans cette maison, depuis un mois, Hattab reçoit ses camarades qui (NDT eux aussi) ont quitté le groupe du GSPC quand lui-même en a abandonné le commandement. Hattab était vêtu d'une tenue afghane et portait un turban. Il avait un ordinateur portable dont il dit ne jamais se séparer. Hattab semblait pressé, il résumait ses propos et répondait brièvement aux questions. Il a demandé à Al Charq al Awsat de ne pas insister " car un grand travail l'attendait, " allusion aux efforts qu'il déploie pour amener ses camarades à abandonner l'action armée.

Hattab a fondé le GSPC en 1998, aprés avoir fait sécession du GIA. Beaucoup d'hommes armés l'ont suivi car, selon eux, le GIA avait dévié des " règles du jihad légal. " Hattab, âgé de 38 ans, s'est marié dans les montagnes, lieux d'action des hommes armés. Il a eu des enfants. Actuellement, il coopère avec les services de sécurité afin de convaincre les hommes armés d'abandonner le combat et de prendre part au programme pour la paix et la réconciliation, se désolidarisant ainsi du noyau dur du GSPC qui continue ses actions terroristes.

Hattab a aussi évoqué des détails de son itinéraire de combattant et parlé des raisons de la poursuite de sa lutte depuis 12 ans. Il a lié cela au " non respect des pactes conclus par le régime. Mais, aujourd'hui, des facteurs synergiques nous ont convaincus d'opter pour la réconciliation. Nous estimons positifs ces facteurs. Le plus important est l'appel à déposer les armes, lancé aux frères par les " ouléma " de la " oumma " (5) pour se rassembler et se rapprocher du peuple algérien. De plus, nous avons remarqué beaucoup de changements survenus dans la politique intérieure du pays. Le peuple algérien est devenu plus insistant dans son aspiration à la paix. Tous ces facteurs réunis, nous ont convaincus de l'inutilité de poursuivre dans la voie prise au début des années 90. "

En réponse à la question sur les circonstances entourant son abandon du commandement du GSPC, il y a en environ 2 ans, Hattab a dit : " j'ai eu un différend avec le commandement en septembre 2003. C'était de mon propre fait et personne ne m'a contraint (NDT à quitter). Ma décision a été influencée par l'offre de réconciliation (6) qui, à mon sens, ouvre une nouvelle ère. Ma démission à la tête du groupe était le point de départ des efforts que je déploie dans le cadre de la réconciliation et de la fraternisation entre les membres de la société algérienne, sans exclusion, ni marginalisation, de quelque catégorie que ce soit. "

Hattab a accusé la personne qui l'a remplacé à la tête du groupe, Nabil Sahraoui, tué par l'armée au cours de l'été 2004, d'avoir exécuté un jeune imam dans la capitale. Cet imam, alias " Abou Hafs, " était connu pour sa collaboration avec l'armée et ses incitations auprès des gens à renoncer au terrorisme. Hattab a parlé des circonstances de la mort de l'imam: " J'avais rencontré Abou Hafs plusieurs fois en 2000, dans les fiefs du GSPC. Au cours de notre dernière entrevue, j'étais en désaccord avec lui à propos de la trêve qu'il nous avait proposée. Je n'y voyais cependant pas une raison de le tuer. Pourtant, des membres du groupe (NDT GSPC) voulaient le liquider et j'ai dû m'y opposer avec vivacité. Aussi, après mon abandon de la direction du groupe, ils ont trouvé l'occasion d'exécuter leur plan".

Hattab a affirmé que la majorité des membres du groupe voulait s'associer à la dynamique créée par le projet de réconciliation, mais " descendre du maquis dépend de l'étendue de la réalisation de leurs revendications. Convaincre des soldats d'abandonner leurs armes demande un travail conjoint pour leur fournir des conditions favorables, " (NDT à leur réinsertion). Hattab entend par revendications, ce qu'il a déjà évoqué, la levée de l'accusation de terrorisme pesant sur les membres du GSPC, la libération de Bel Hadj et le retour du FIS aux affaires politiques.

A propos de la relation du GSPC avec Al Qaïda, Hattab a dit : " depuis la naissance du groupe et jusqu'à mon départ, nous n'avons eu aucun lien avec Al Qaïda. " Il faut noter que le commandement actuel du groupe, représenté par Abdel Malek Droukdal (alias Abou Moussaab Abdel Aoudoud), avait annoncé son allégence à Al Qaïda et révélé des contacts entre lui et les responsables de l'organisation d'Oussama Ben Laden via Internet.

Hattab s'excuse ici de ne pas pouvoir continuer à répondre à d'autres questions, à propos de la situation intérieure du GSPC, comme le nombre réel de ses membres, 800 selon le ministère de l'Intérieur, et les tentatives d'assassinat, organisées par certains de ses camarades en 2004, " en raison de circonstances qui ne me permettent pas de répondre. Je suis devant un évènement majeur, a-t-il argumenté, et chaque mot de ma part pèsera de tout son poids. "

 
Hattab, 12 ans de lutte armée
(Biographie)


Hassan Hattab est né en 1967. Il a grandi au sein d'une famille de condition moyenne qui habitait la région de Bani Mourad à 20 kilomètres d'Alger. C'était, et est resté, l'un des principaux fiefs islamistes. Il a été partisan du FIS, très admiratif du numéro deux, Ali Bel Hadj. Après le coup d'arrêt du processus électoral en janvier 1992, suite à l'intervention de l'armée pour faire barrage à l'avancée des islamistes, Hattab a rejoint le premier noyau de l'action armée en Algérie, le Mouvement de l'Etat Islamique ( Harakat ad Daoula al islamiyya). A cette époque quatre de ses frères l'avaient suivi dans les maquis. Tous sont morts entre 1993 et 1995, au cours de liquidations internes ou des affrontements avec les forces de sécurité. Il a rejoint le GIA en 1994. Al Charif Qossemi, le chef du GIA, lui a confié le commandement d'un groupe armé " Katiba Al Fath, " puis il a reçu la charge du groupe " Katiba Jound Al iitissam " avant de se faire nommer chef de la " deuxième région, " située à l'est de la capitale.

Parmi les attaques attribuées à Hattab, on compte l'assassinat de l'ancien premier ministre, Kasdi Merbah, tombé dans une embuscade en 1993 dans la région de Bani Mourad.

Aprés la mort de Qossemi, tué par les forces de sécurité, Djamel Zitouni a pris le commandement du GIA. Les relations se sont détériorées entre Zitouni et Hattab à cause de leur désaccord sur les méthodes de combat. Le conflit se précisa entre Hattab et le GIA sous le commandement d'Antar Zouabri, en 1996, en particulier quand ce dernier a essayé de liquider Hattab en tentant de le faire tomber dans une embuscade.

Hattab dit que la raison principale qui l'a poussé à quitter le GIA et à fonder le GSPC est la déviance de Zouabri qui ne respectait pas les règles du " jihad légal " en s'en prenant aux civils non-armés. Tous ceux qui l'ont suivi au GSPC répètent le même argument. Officiellement, le GSPC a été créé le 14 septembre 1998. Plusieurs membres éminents étaient candidats pour prendre le commandement, tel Abdel Aziz Aabi (alias Akacha el Para) tué en 2004, Amari Saïfi (alias Abdelrazzak el Para), en détention actuellement entre les mains des services de sécurité.

Les 1300 membres armés (du GSPC) ont fini par désigner Hattab à leur tête. Il en est resté le chef jusqu'à l'annonce de sa " démission " en 2003. Le "Conseil " du groupe a alors nommé Nabil Sahraoui, appelé Moustafa Abou Ibrahim, comme nouveau chef. Après la mort de ce dernier, en 2004, Abdel Malek Droukdal a pris la suite.


Bouallam Ghamarsah


   NOTES

(1) Il s'agit du gel du processus électoral, le 12 janvier 1992, à la suite du premier tour des élections législatives de décembre 1991, au cours desquelles les islamistes menaçaient de l'emporter.

(2) Hattab évoque là une position souvent exprimée par les islamistes : la demande d'un même traitement pour les exactions des islamistes et celles commises par l'armée.

(3) Il s'agit des élections de décembre 1991. Les islamistes n'avaient pas gagné mais pouvaient l'emporter. Nuance.

(4) Idem note (2).

(5) Ouléma : juristes, docteurs de la loi. Oumma : communauté des musulmans.

(6) Il s'agit du premier référendum sur la réconciliation nationale.
   ANALYSE

Cet interview doit être replacé dans le contexte général de l'histoire du GSPC.

On constate les points suivants :

- Hassan Hattab était supposé tué au combat par les forces de sécurité algériennes. C'est du moins ce qu'affirmaient les autorités de ce pays.

- Depuis septembre 2003, selon ses propos, il a abandonné la direction du GSPC. Il est en outre, de son propre aveu, en relation avec les services algériens. Ceci explique les manipulations des autorités algériennes sur les anciens lieutenants de Hattab, comme Abdelrazzak El Para (voir :" Qui a enlevé les otages du Sahara ? " dans les BREVES, au mois de septembre 2005, " Selon Nicolas Sarkozy, le GSPC serait le grand méchant loup qui menace la France ").

- Hattab confirme qu'il n'a entretenu aucune relation avec Al Qaïda. Cette rumeur de relation entre Al Qaïda et le GSPC est, selon nos informations, complètement fantaisiste.

- Dans ce cadre, il est de plus en plus difficile de parler d'une menace terroriste du GSPC sur la France, comme le font Sarkozy et ses proches. Si menace il y a, elle émane d'une autre source.

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