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Les concessions de Bouteflika laissent les Algériens perplexes.



© Ipon-Boness / Sipa
Le vent de la contestation souffle aussi en Algérie. Sur internet, la mobilisation s’organise. Vidéos et adresses de blogs s’échangent via Facebook… et les contenus qui font le buzz ne sont pas tendres à l’égard du président Abdelaziz Bouteflika et de son régime. Petite revue de web.

Jour J moins sept. La Coordination pour le changement et la démocratie doit se réunir le 5 février pour statuer sur le maintien ou non de la marche de l'opposition du samedi 12 février. Aura-t-elle lieu malgré la promesse faite par le président algérien Abdelaziz Bouteflika, le 3 février, de lever prochainement l’état d’urgence, qui est la principale revendication de ce mouvement ?

Quoi qu'il en soit, l’annonce du chef de l’État n’a pas vraiment calmé les ardeurs des militants qui s’expriment depuis plusieurs semaines sur la toile. Les internautes envoient des invitations de soutien aux manifestations à travers tout le pays. Cinéastes, journalistes, photographes, blogueurs et anonymes : ils adhèrent par milliers aux groupes Facebook créés par des collectifs tels que Barakat (assez), Bezzzef (trop) ou ACA (action pour le changement en Algérie).

Malgré un faible taux de pénétration de l’Internet en Algérie (13e au classement des 17 pays arabes), l’information circule dorénavant grâce aux réseaux sociaux. Sur 4,5 millions d’internautes algériens, 1,2 million possèdent un compte Facebook (selon l’enquête Webdialna réalisée entre le 19 juillet et le 21 août 2010 sur un échantillon de 18 064 internautes).

Divers moyens d’expression

Comme partout dans le monde arabe, les internautes algériens voient en Facebook un moyen d’exprimer leurs opinions. Pour en juger, il suffit de compter le nombre d’étendards qui remplacent les photos de profil. L’emblème tunisien est celui qui a le plus de succès parmi les maghrébins. Le drapeau égyptien n’est pas en reste et figure dans les nombreux montages d’images également utilisés comme photo de profil. Des variantes existent : les couleurs nationales peintes sur des visages, un œil dont l’iris est remplacé par un croissant de lune et une étoile, etc.

L’humour est également un moyen d’expression apprécié des internautes. Les caricatures, notamment celles signées par Ali Dilem, le dessinateur de presse le plus célèbre d’Algérie, sont reprises quasi-quotidiennement sur les murs Facebook et les blogs. La photo d’Abdelaziz Bouteflika barrée avec l’inscription « dégage » a aussi beaucoup de succès. De même que les images des marionnettes des Guignols de l’info de Canal + représentant les présidents des pays arabes.

Le vent de la contestation se manifeste aussi par le changement des noms d’utilisateurs. Il est possible d’avoir des amis qui, soudainement, deviennent « citoyen algérien révolté » ou « liberté démocratie »… Mais un des vecteurs les plus importants de la mobilisation reste la diffusion de vidéos.

Ras-le-bol de la population

Face à la censure de la télévision nationale algérienne qui ne retransmet aucune image des manifestations en Tunisie et ailleurs dans le monde arabe, il y a le mastodonte Al-Jazira et les sites de partage de vidéos comme Youtube ou Dailymotion. Les internautes s’en servent et chacun y va de son message : prévention, mise en garde, appel, etc.

Les vidéos les plus relayées restent des archives montrant les massacres perpétrés par les terroristes islamistes, « pour ceux qui ont la mémoire courte », commente un expéditeur. Mais elles sont de plus en plus concurrencées par des scènes de la vie quotidienne, filmées à l’aide de téléphones portables, qui expriment le ras-le-bol d’une population désespérée et en mal d’expression.

Pour l’instant, il semble que cet espace de liberté échappe à la censure. Contrairement à la Tunisie où, avant le départ de Ben Ali, Youtube n’était pas consultable et Facebook piraté. Ou encore à l’Égypte : les sites comme Facebook et Twitter y ont été bloqués un moment par le gouvernement avant d’être rétablis par Google.

Mieux encore, les révoltes chez les voisins de l’Algérie ont incité le président algérien à prendre les devants : il a annoncé, le 4 février, l’ouverture de la télévision nationale aux opposants qui n’y avaient jusque là pas accès. Reste à voir si ces velléités seront prises au sérieux par les internautes et plus largement, par les citoyens algériens.

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