Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La "Baltaguia" à l'algérienne ! ou les Mercenaires du Pouvoir


La levée d'état d'urgence annoncée au Conseil des ministres par le Président Bouteflika règlera-t-elle la question démocratique ? Certainement pas, puisque les pratiques autocratiques et liberticides sont toujours de mise et Bouteflika, lui même, a déclaré que les manifestations restent interdites à Alger et l'ouverture des médias publique à l'opposition demeure limitée et contrôlée.

C'est une manœuvre, plutôt une arnaque à travers laquelle le pouvoir tente de déposséder l'opposition d'une de ses revendications en la vidant de son contenu. Il n'avait pas entièrement tort, car l'application des dispositions de l'état d'urgence n'ont pas été appliquées avant son arrivée au pouvoir.

Sous la présidence de Zeroual, les manifestations et marches autorisées ou pas se déroulaient chaque jour à Alger et sans incidents graves : manifestations des journalistes, de partis politiques dénonçant la fraude électorale ou le terrorisme, des familles de disparus comme celles des familles de victimes du terrorisme et jusqu'aux actions de revendications syndicales que ce soient emanantes du syndicat unique ou les organisations autonomes.

Il y a lieu de rappeler que Bouteflika a inauguré son mandat en réprimant violemment le 19 mai 1999 la marche des travailleurs d'Asmidal de Annaba. Le tandem Zerhouni-Bouteflika ( sans exclure tout le régime ) a institutionnalisé la répression en introduisant le musellement des médias et de mater toute voix discordante dans les mœurs de l'Etat algérien.

Pour mener  bien cette mission, il fallait créer une sorte de " Baltaguia" algérienne : une police à deux têtes en recrutant des nervis ( des groupes qui échappent au contrôle de la DGSN et obéissant à Zerhouni et Said Bouteflika, par le biais du procureur général, Beradja ) et des médias lourds ou journaux pseudo-privés de propagande pour justifier toute forme de répression. C'est dans le cadre de cette stratégie de confiscation des libertés que l'épisode de 14 juin 2001 a été fabrique comme point de fixation pour justifier toutes les atteintes d'interdiction de s'exprimer, de manifester ou de s'organiser.

Said Sadi vient d'adresser un courrier au ministre de l'intérieur pour dénoncer le scénario qui était préparée par des officines pour perturber la marche à laquelle il avait appelé le 24 janvier.
Il a également rappelé des faits similaires qui se sont produits à travers d'autres régions visant son parti. Et comme le ridicule ne tue pas, l'ancien ministre de l'intérieur, Yazid Zerhouni  vole au secours de son successeur pour justifier l'interdiction des manifestations à Alger en invoquant le risque de dérapage  et la sécurité des participants.

Pour étayer ses arguments, il "convoque" à l'occasion sa mémoire pour rappeler l'épisode de la grande manifestation du Mouvement Citoyen du 14 juin 2001. Or, c'est lui même qui était derrière le plan machiavélique, programmé à faire de la place 1er Mai un bain de sang et " cimetière" des kabyles ayant oser le défier et exiger d'être reçu par Bouteflika.

Les « nervis « de Ben Ali et les « Baltaguia » de Hosni Moubarek sont des enfants de cœur face à ceux que Zerhouni avait armés pour lyncher le kabyle ou tuer les journalistes, considérés par son département comme "subversifs".
 Finalement, le pouvoir égyptien s'est initié à l'école de Zerhouni et de Bouteflika qui portent en eux, comme le bébé de Frankchtein porte le monstre, la haine envers ceux qui tentent de  redresser la tête et de leur peuple en général. Et ce n'est donc pas fortuit qu'en Egypte, les "hommes d'affaires", arrivistes de tout bord et d'autres spéculateurs dont l'existence est liée uniquement au système qui les a enfantés, se rangent aux côtés de Moubarek et deviennent les recruteurs et les financiers de l'armée de "Baltaguia" lancée contre le peuple occupant héroïquement depuis quelques jours La Place Tahrir au Caire.

C'est comme pour donner le starter des débuts des hostilités à leur encontre et bizarrement, c'est un ami de Bouteflika, le patron d'Orascom, Nadjib Sawarris qui intervient juste après le discours de Moubarek à la chaîne d'Etat Al Massriya pour soutenir son "géniteur", au sens des affaires, et pour s'attaquer au nom du patriotisme aux manifestants qui seraient manipulés par Al Djazira.

Une Chaîne qui a professionnellement damé le pion à la télévision de Moubarek, qui ressemble étrangement, contenu et contenant, à l'ENTV de Bouteflika. La Chaîne égyptienne, inféodée comme le journal Ahram au fils de Moubarek, qui serait actionnaire dans Orascom, a ouvert le micro aux pseudo-artistes, aux éditorialistes de palais et certains sportifs, ceux-là mêmes ont été instrumentalisé dans la campagne anti-algériens lors du match de qualification à la coupe du monde, pour distiller leur venin à l'encontre des dignes enfants de l'Egypte qui se battent pour leur honneur et celui de leur pays contre la dictature et parmi les quels, dont le blogueur Marwan, la télévision des Moubarek aurait trouvé des étrangers qui parlaient arabe, pas le dialecte égyptien.

C'était au stade d'embrigadement pour préparer l'assaut du lendemain auquel ont participé des prisonniers de droits communs, fraichement libérés, al mokhabaretes ( la police d'Etat), des policiers en civils, des fonctionnaires, des militants du parti-Etat, et certains employés travaillant chez "des hommes d'affaires" liés à Moubarek et son parti ainsi que des travailleurs de la télévision appelés en renfort par le biais d'un communiqué du ministre de l'information.

Au fait, ces "Baltaguia" made Moubarek n'ont rien à envier à ceux de Zerhouni lancés, avec la complicité de l'ENTV, à l'assaut de la place de 1er mai le 14 juin 2001 pour désormais interdire à jamais toute manifestation d'opposition à Alger. Depuis, donc cette manifestation du Mouvement Citoyen est devenue la "chemise d'Otheman", brandie à la  face à chaque tentative d'une expression discordante voulant entendre sa voix dans les rues d'Alger.

Youcef Rezzoug. Ancien journaliste, Le Matin

Les commentaires sont fermés.