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MARCHE DE LA CNCD Les manifestants agressés



Heureux les martyrs qui ne voient pas ce qui est advenu de l’Algérie pour laquelle ils ont consenti le sacrifice suprême. Un demi-siècle après l’indépendance, les manifestations publiques sont interdites et réprimées à coups de matraques et de renforts de «baltaguia». La levée de l’état d’urgence, officielle désormais, n’y a rien changé.
Sofiane Aït-Iflis - Alger (Le Soir)- Pour empêcher que des Algériens, répondant à l’appel de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), ne battent le pavé dans Alger, la police a barricadé au sens propre du terme les accès à la place des Martyrs. Bouclier au bras et matraque en main, les forces anti-émeutes ont, dès les premières lueurs du jour, dressé le siège de la place des Martyrs, bouclant en même temps les accès y menant. La veille, c’était aux élus des communes limitrophes de la placette de travailler le lâcher de «baltaguia», des jeunes versés dans les petits commerces informels ou carrément désœuvrés, recrutés à coups de billets de banque. Ces jeunes, qui louent leurs voix et leurs bras pour casser du marcheur, sont, autant que ceux qui, chaque samedi, se mobilisent pour manifester pour le changement, des victimes du système. Un système qui non seulement a sécrété les pires détresses sociales mais pousse aussi son machiavélisme jusqu’à les exploiter à son profit propre, en dressant des Algériens contre d’autres Algériens. Le procédé, pour le moins qu’on puisse dire, est criminel. L’image de ces jeunes Algériens encadrés par la police s’en prenant avec une rare violence à d’autres Algériens venus manifester pacifiquement est affreuse. Elle augure des pires dérives pour la nation. Que le gouvernement ne crée-t-il pas de l’emploi pour ces jeunes réduits à squatter un bout de trottoir pour écouler quelques menues marchandises et, les samedis, à louer ses bras pour casser du marcheur ! Le procédé, condamnable, inventé par le président de l’APC de Sidi M’hamed, semble faire recette. Hier, à la place des Martyrs, «baltaguias » et forces antiémeutes ont travaillé dans une communion parfaite à molester du manifestant. Si les forces antiémeutes ont opéré de manière sournoise, usant de coups de rangers aux tibias, les «baltaguias», eux, ont violenté à tous vents, assurés qu’ils étaient de l’impunité. Ces derniers ont usé de jets de pierres à l’endroit des manifestants sans que la police daigne intervenir. L’Etat encadre la violence quand cette dernière le sert. Affligeant spectacle que celui qui a eu pour théâtre la place des Martyrs hier samedi. Des policiers et des «baltaguia » se prêtant mainforte pour empêcher que des Algériens ne marchent pacifiquement. Rien ne justifie cette violence, ni encore cette interdiction opposée à la marche. L’état d’urgence, qui aurait pu servir d’artifice légal à cette interdiction, n’est normalement plus de mise. Mais il semble que sa levée est une chimère, une de plus. Puisque le siège est maintenu sur la capitale et d’autres villes du pays.
S. A. I.

 

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