Les forces de la Gendarmerie Nationale ont violemment réprimé dans la nuit de mercredi à jeudi des dizaines de chômeurs qui ont manifesté à l’entrée de Hassi Messaoud pour protester contre la corruption qui ronge les services du bureau de main-d’oeuvre de leur daïra, a appris jeudi elwatan.com de la part de Tahar Belabes, porte-parole du Comité national de la défense des droits des chômeurs.
« Une quinzaine de jeunes chômeurs ont été grièvement blessés et au moins deux autres demeurent en état d’arrestation. Les forces anti-émeutes de la Gendarmerie ont roué de coups de nombreux chômeurs qui ont manifesté pacifiquement », s’indigne notre interlocuteur.
Joint par téléphone, Sid Ahmed Daha, l’un des représentants des chômeurs de Hassi Messaoud, a confirmé jeudi à elwatan.com que de nombreux jeunes chômeurs ont subi un violent passage à tabac vers les coups de minuit. « Mercredi matin, nous avons fermé la route qui mène à l’entrée de Hassi Messaoud pour demander à rencontrer le chef de daïra afin de lui faire part de notre ras-le-bol contre le clientélisme et le népotisme du bureau de main-d’oeuvre de la ville la plus riche d’Algérie. Nous avons pacifiquement manifesté et à aucun moment nous n’avons cherché à provoquer les forces de l’ordre », explique Sid Ahmed.
Notre interlocuteur assure que les 500 chômeurs qui ont fermé la route n’ont nullement utilisé des pneux brûlés ou des armes dangereuses. « Nous avons uniquement érigé des barricades en plaçant des pierres sur la route », confie encore Sid Ahmed selon lequel les chômeurs sont restés mobilisés durant toute la journée à l’entrée de la ville de Hassi Messaoud.
Et quand la nuit est tombée, le chef de daïra s’est déplacé finalement pour rencontrer les chômeurs en colère avec la promesse de prendre en charge leurs revendications. « Nous avons calmement discuté avec lui. Nous avons dialogué autour de nos problèmes notamment le chômage qui frappe de plein fouet tous les jeunes de Hassi Messaoud. Le Chef de daïra s’est montré compréhensif et nous a promis des solutions. Nous avons décidé, des lors, de suspendre notre protestation », raconte Sid Ahmed Daha.
Toutefois, à minuit, lorsque la route est débloquée et une grande partie des chômeurs sont rentrés chez-eux, un groupe d’une cinquantaine de manifestants a été encerclé par une centaine d’éléments des forces anti-émeutes de la Gendarmerie Nationale.
« Ils nous ont empêchés de regagner nos quartiers. Et pourtant, on leur a dit que tout est réglé puisque nous avons conclu un accord avec le Chef de Daïra. Mais les gendarmes n’ont rien voulu comprendre. Ils nous ont dit : à cause de vous, nous avons été mobilisés jusqu’au bout de la nuit ! Alors, ils se sont vengés contre nous », s’écrie Sid Ahmed qui n’arrive toujours pas à se relever du choc psychologique que lui a causé ce traitement musclé.
« Ils nous ont battus de tous les côtés. Les coups pleuvaient sur nos coprs. Beaucoup d’entre-nous se sont retrouvés avec une jambe ou un bras cassés. D’autres ont été blessés à la tête », témoigne, d’une voix émue, le jeune chômeur âgé de 33 ans. « Nous avons, poursuit-il, pris la fuite par le désert en pleine nuit. Ils nous ont pourchassés pendant quelques minutes avant de nous laisser partir avec les visages en sang ».