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PRÈS AVOIR CAUTIONNÉ LE PRÉVISIBLE DÉVELOPPEMENT MILITAIRE Les réserves hypocrites de Amr Moussa

Deux vieux briscards de la politique en perte de vitesse qui cherchent à se refaire une virginité sur le dos du peuple libyen

Amr Moussa a peu apprécié les bombardements de la coalition internationale sur la Libye, estimant qu’ils s’écartent «du but qui est d’imposer une zone d’exclusion aérienne». A quoi s’attendait-il?

Les frappes contre la Libye présentées par l’Occident comme nécessaires pour «protéger» la population libyenne, excessives par la Ligue arabe qui, après coup, semble s’apercevoir qu’il y avait erreur sur la «marchandise». En fait, sous couvert de venir au secours de la Libye et de son peuple qui plient sous le joug du «fou» de Tripoli, les uns (Sarkozy, pour la camp occidental) et les autres (Amr Moussa, dans le camp arabe) poursuivent en fait des objectifs très terre à terre de politique interne.
Ainsi, le président Sarkozy dont l’aura est en berne - il serait dans tous les cas de figure, selon des sondages des médias français, battu et risque même de ne pas atteindre le second tour - avait besoin de donner un «coup de fouet» à son personnage pour reprendre son destin en main.
Dans un tout autre chapitre, mais pour les mêmes raisons électoralistes, Amr Moussa, qui s’est placé en réserve de la république et ambitionne de briguer le poste laissé vacant par Hosni Moubarak, tente de se donner une dimension politique, en campagne avant l’heure, faisant déclaration sur déclaration. Aussi, l’on est quelque peu surpris par les critiques que Amr Moussa a émises hier suite aux frappes contre des cibles militaires du régime d’El Gueddafi.
Le secrétaire général de la Ligue arabe a ainsi estimé hier que «ce qui s’est passé en Libye diffère du but qui est d’imposer une zone d’exclusion aérienne, et ce que nous voulons c’est la protection des civils et pas le bombardement d’autres civils». Et Amr Moussa d’ajouter: «Nous avons dès le début demandé qu’une zone d’exclusion aérienne soit instaurée pour protéger les civils libyens et pour prévenir tous développements ou mesures supplémentaires».
Comment? M.Moussa qui sait que l’on ne fait pas d’omelettes sans casser les oeufs devait tout aussi uniment savoir que l’on n’instaure pas une zone d’exclusion (ou «no fly zone») sans réduire au silence les unités de défense de «l’ennemi», El Gueddafi en l’occurrence.
Si Amr Moussa qui a blanchi sous le harnais ne sait pas ça, on se demande ce qu’il fait à la tête de la Ligue arabe, d’autant plus que sa présence au sommet diligenté à Paris par le président français, Nicolas Sarkozy, outre d’engager les pays arabes dans l’action en cours contre la Libye, engage de même l’Algérie laquelle lors de la réunion la semaine dernière des chefs de la diplomatie arabes au Caire, a fait part de ses réserves quant à la mise en place d’une zone d’exclusion avec tout ce que cela pouvait impliquer. Mais le fait est là: Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, a, outre sa caution, appelé instamment à l’instauration d’une zone d’exclusion en Libye, tentant par un activisme débordant de faire oublier sa collaboration et sa compromission avec le régime honni de Hosni Moubarak.
Le secrétaire général de la Ligue arabe fait également savoir qu’il est «en ce moment en consultation pour une réunion (de la Ligue des Etats arabes) destinée à suivre tous les évènements arabes».
Pour M.Sarkozy, c’est plus simple: il lui fallait remonter le courant du fleuve qui l’emportait vers le néant.
Dès lors, les événements survenus en Libye, étaient du «pain bénit», et lui donnaient l’opportunité de sortir sa tête de l’eau. Il était tout faraud, samedi, devant les caméras de télévision bombant le torse et annonçant l’imminence de frappes contre des cibles en Libye.
Or, son véritable objectif, au-delà de mettre à la raison le psychopathe de Tripoli, était d’abord, celui de reconquérir une stature politique perdue.
Si, parallèlement à cette reconquête, faire coup double en déboussolant El Gueddafi, tout en réhabilitant une diplomatie française bien malade, c’est bien sûr tout bénéfice pour ses propres projets politiques à l’horizon 2012. Cqfd. Aussi, la Libye sert d’alibi à deux vieux routiers de la politique en perte de vitesse qui cherchent à se refaire une virginité sur le dos du peuple martyr de Libye.

Othmane SIDDIK

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