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: ACCUSÉE DE SOUTENIR LE RÉGIME DE KADHAFI L’Algérie dans le guêpier libyen


Accusée par les insurgés libyens d’aider Kadhafi, l’Algérie a certes démenti, mais pas avec suffisamment de fermeté, disons avec une certaine mollesse. Vraies ou fausses, les accusations pleuvent.
Au tout début du conflit libyen, des officiers pilotes opposés à Kadhafi ont affirmé devant les caméras de nombreux médias arabes et anglo-saxons avoir vu des avions algériens livrant des armes au régime de Khadafi. L’Algérie encaisse et ne dément pas. Ensuite, ce sont des chefs de l’opposition armée qui, à leur tour, ont réitéré ces accusations, affirmant que l’Algérie a aidé à transporter des «mercenaires» africains en Libye. D’autres se sont fait plus précis, assurant avoir tué 15 Algériens à Ajdabiya et en avoir capturé trois ! Ni l’identité de ces «morts» n’a été révélée, ni des images montrant ces prisonniers n’ont été diffusées, alors que les insurgés libyens s’étaient fait un principe d’exhiber devant des caméras occidentales des «mercenaires africains». Seules images à l’appui de leurs accusations, cette vidéo diffusée par les insurgés sur la toile, reprise par Al Jazeera, montrant un jeune gravement blessé, soigné dans un hôpital de Benghazi, comme étant un «mercenaire » algérien ! La Libyan Human Rights Solidarity (LHRS), ONG basée à Genève en Suisse, va plus loin : citant une copie du mémorandum adressé par le CNT à la Ligue arabe, documents à l’appui, elle parle de 15 vols effectués par l’Algérie ! Curieux que l’Otan, qui surveille de jour comme de nuit le ciel libyen décrété «zone d’exclusion aérienne», ne les ait pas interceptés ou abattus ! En bref, de jour en jour, la liste des accusations s’allonge, avec chaque jour de nouvelles charges contre l’Algérie, seul pays accusé publiquement par le président du CNT, Mustapha Abdeljalil, le 11 avril dernier, de soutenir Kadhafi. Et que dire de cet entretien téléphonique révélé par le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, au cours duquel Mourad Medelci lui a assuré que l’Algérie n’a pas aidé le régime de Kadhafi contre le CNT ! De fait, l’Algérie s’est retrouvée dans une position d’accusée et contrainte de démentir, voire de se justifier. Sans convaincre. Au point où le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, s’est vu obligé de monter au créneau pour opposer publiquement «un démenti catégorique à ces allégations infondées», qualifiant d’acharnement irresponsable «la campagne visant à impliquer l’Algérie dans un prétendu parrainage d’activités de mercenariat en Libye». A l’évidence, avant que la polémique n’enfle à propos de la Libye, la diplomatie algérienne, pour ne pas dire le pouvoir politique, au nom de la «non-ingérence dans les affaires internes» des pays tiers, dissimulait difficilement son embarras sur ces révolutions arabes qui ont emporté Ben Ali et Moubarak et menacent Bachar Al- Assad et Abdellah Ali Saleh. Les Tunisiens, par exemple, ne comprennent pas le peu d’empressement du pouvoir algérien à admettre que la Tunisie de Ben Ali, «c’est fini» ! S’agissant de la Libye de Kadhafi, qui n’a pourtant pas cessé de créer des problèmes à l’Algérie quand en avril 2006, le guide libyen avait lancé à partir de Tombouctou au Mali un appel aux populations du Sahara pour fonder un grand ensemble sahélo-saharien englobant le Sud algérien, le pouvoir algérien a choisi de regarder ailleurs ! Pire, des journalistes d’ Echourouk qui avaient évoqué cette affaire ont été condamnés par la justice algérienne sur plainte de Kadhafi !Au lieu de prendre la mesure des évolutions du monde arabe, voire d’anticiper les évènements, en Tunisie d’abord, puis à l’égard de la Libye, l’Algérie de Bouteflika s’est entêtée à ne pas comprendre qu’une lame de fond populaire est en train de secouer les pays arabes et maghrébins. Elle ne semble pas du tout avoir réalisé que la donne a changé, que la configuration géopolitique arabe n’est déjà plus et ne sera plus la même dans les mois à venir, que le temps des autocrates, celui de ces sommets arabes, ridicules du point de vue du fond et de la forme, appartient d’ores et déjà au passé ! De ce fait, aux yeux de nombreux libyens et de démocrates arabes, les inquiétudes algériennes concernant l’Aqmi s’approvisionnant en armes en Libye, n’ont guère convaincu. Une chose est sûre, l’image de l’Algérie dans le monde arabe en sort écornée. A terme, c’est le crédit hérité de notre guerre de libération nationale qui risque à jamais d’être compromis. Car, désormais, ce sera la révolution tunisienne qui servira de référent aux peuples arabes et non le million de martyrs algériens de la guerre de libération nationale. Ce temps-là est fini.
Hassane Zerrouky

Commentaires

  • Le pire des tyrans est toujouirs celui qui se croit indispensable dans les affaires des autres, dit un vieil adage.
    C'est encore pire lorsque les tyrans veulent s'imposer par la force dans les affaires d'une autre nation.
    Les ingérences militaires de force ne rapportent toujours que des déboires à court ou à long termes.
    Cette ingérence militaire de l'otan en Libye va surtout profiter aux intégristes islamistes, qui seront les seuls gagnants de cette guerre. Voilà ce que la France aura gagné à vouloir entraîner l'otan dans une croisade. Une occasion inespérée pour qu'al-quaïda décuple sa puissance et sa spirale.

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