Notre confrère Hamid Yacine, journaliste au quotidien arabophone El Khabar, a été officiellement inculpé, lundi 13 juin 2011, par le juge d’instruction en charge de l’affaire Ali Tounsi.
Tout comme notre confrère, le Syndicat national des journalistes exprime sa surprise de ce que le concerné, cité comme simple témoin en raison d’un article sur l’affaire qu’il avait rédigé le 16 mars 2010, se voit signifier son inculpation à l’issue de son troisième passage chez le juge d’instruction, lundi dernier. Et ce, en vertu de l’article 301 du code pénal, lui signifie-t-on. Plus d’une année après les faits et la parution de l’article incriminé, il est ainsi reproché à Hamid Yacine d’avoir violé le secret d’instruction. C’est d’autant plus surprenant comme mutation dans le statut du prévenu de témoin à accusé que, depuis le dramatique assassinat de l’ex-directeur général de la Sûreté nationale, des centaines d’articles de presse sont parus dans les colonnes des journaux algériens au sujet de cette affaire-là, sans qu’aucun média ni journaliste ne soit inquiété par la justice. La gravité de l’affaire, les circonstances de son avènement et l’importance et le rang du défunt Ali Tounsi exigeaient naturellement de la presse algérienne de s’y intéresser de près, de la commenter et, surtout, d’accomplir son devoir envers l’opinion publique. La quête de la vérité, c’est aussi le travail de la presse. Pour quelle raison alors inculper un confrère qui n’a fait que son travail de journaliste ? Le rebondissement de lundi dernier inquiète le Syndicat au plus haut point. Cela nous replonge dans l’ambiance frénétique du harcèlement judiciaire contre la presse des années 2003, 2004 que permettait un code pénal liberticide et qui l’est finalement resté en dépit de l’engagement du pouvoir, et à plus haut niveau de dépénaliser les délits de presse. Le Syndicat, qui assure notre confrère de son entière solidarité, interpelle les pouvoirs publics pour qu’ils mettent fin immédiatement au recours au tristement célèbre code pénal et de revenir, comme ils s’y sont engagés publiquement, à des normes universelles régissant la presse. L’ère des procès politiques contre les journalistes appartient à un passé à jamais révolu.
P/ le Syndicat national des journalistes, le secrétaire général Kamel Amarni