L'Algérie malade de son image
Yazid Slimani
L'Algérie vient de faire une entrée fracassante sur la liste noire américaine des pays à surveiller pour trafic d'êtres humains. L'information est inquiétante et met une nouvelle fois l'accent sur les manquements de la justice algérienne. Mais elle vient surtout s'ajouter à une longue liste de domaines dans lesquels l'Algérie est pointée du doigt au niveau mondial.
Il y a d'abord les études qui montrent l'absence de progrès réel dans la lutte contre la corruption. Ainsi, selon un rapport de février dernier de l'organisme Global Financial Integrity, l'Algérie est un des pays où l'exportation de devises issues de la corruption ou de l'évasion fiscale est la plus importante. Entre 2000 et 2008, ce seraient près de 13,7 milliards de dollars qui auraient ainsi quitté le pays. Selon l'ONG Transparency international, l'Algérie était classée en 2010 au 105e rang mondial sur 178 en matière de corruption.
Les performances de notre pays ne sont pas plus fameuses en terme de niveau de la formation et du savoir. Plusieurs classements internationaux révèlent la faiblesse des établissements algériens d'enseignement supérieur, les universités en tête. Un exemple, en ce qui concerne l'utilisation des NTIC, le classement de l'Internationale des Collèges et Universités ne fait figurer la première université algérienne qu'à la 49ème place. L'USTHB n'arrive ainsi qu'à la 52e place.
Une situation qui rejaillit également sur l'évaluation internationale de la gouvernance et de la pratique démocratique dans le pays. Là encore, les ONG sont très critiques dans leurs rapports. Régulièrement, Amnesty international ou d'autres dénoncent les manquements démocratiques et les contraintes sur la liberté d'expression, d'association etc.
Sur le plan sécuritaire enfin, l'Algérie, même si elle a réussi à contrecarrer le terrorisme islamiste, ne s'est pas encore complètement débarrassée de ce problème. Le sud du pays et certaines régions comme la Kabylie, continuent de faire l'objet d'avis défavorables par les diplomaties occidentales qui interdisent ou déconseillent fortement à leurs ressortissants de s'y rendre.
Conséquence : selon la revue française Globeco qui publie chaque année un Indice mondial du bonheur, l'Algérie est un des pays du monde où la population est la moins heureuse. Le pays se classe à la 42e place sur les 60 pays étudiés qui représentent 85 % de la population mondiale.
Tout cela renvoie une bien mauvaise image du pays, qui est fréquemment montré du doigt pour ses mauvaises performances. Cela explique sans doute pourquoi l'Algérie a autant de mal à attirer les investisseurs ou les touristes étrangers, dont les décisions sont très dépendantes de cette image.