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Entretiens collatérales qui soutiennent le régime dictatoriale d'alger

Entretien avec Jean-François Copé, Secrétaire général de l’UMP

 

 
Vous venez à Alger pour donner une conférence sur la France et les valeurs de la république face à la mondialisation. Vous allez également rencontrer plusieurs responsables politiques algériens. Qu'attendez-vous de cette visite? Quel message venez-vous faire passer en Algérie?
 
Je remercie M. Rachid Harraoubia, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique, de son invitation que j’ai acceptée sans aucune hésitation. Je viens rencontrer des décideurs, des membres de la société civile pour comprendre l’Algérie d’aujourd’hui et nouer ainsi des relations fortes et durables. Je me réjouis de rencontrer les plus hautes autorités de l’Etat et la conférence à l’Ecole Nationale Supérieure des Sciences Politiques sera pour moi l’occasion d’un échange libre avec des étudiants, des enseignants, des chercheurs… Je souhaite aussi, à travers ce déplacement, témoigner de mon attachement à l'approfondissement de nos relations bilatérales et contribuer ainsi à la construction du partenariat d'exception qui doit demeurer notre objectif majeur. Nos relations historiques, la densité et la richesse de nos liens humains sont à mes yeux une chance unique que nous n'avons pas su suffisamment exploiter. Nous devons favoriser un rapprochement entre nos sociétés civiles, sortir des sentiers battus, aller de l’avant, être audacieux !
 
Votre visite intervient dans un contexte de protestation politique et sociale en Algérie et dans le monde arabe. Quel regard portez-vous sur le printemps arabe, particulièrement dans les pays du Maghreb ?
 
J’ai naturellement beaucoup de sympathie pour ce mouvement en faveur de l’ouverture politique, de la liberté et de la dignité retrouvée. Les valeurs dont s’inspirent ces peuples sont aussi les nôtres, elles sont universelles. Néanmoins chaque pays a ses spécificités et doit trouver les moyens les plus adaptés de parvenir à la démocratie.
 
Au début des révolutions arabes, une crainte était perceptible en Europe, notamment en France. Comment l’Europe peut-elle accompagner ces changements démocratiques ?
 
Les révolutions arabes ou plutôt la rapidité avec laquelle elles ont abattu des régimes qui paraissaient bien établis ont surpris tout le monde. Il existait un sentiment diffus que le statu quo n’était plus tenable.  Mais personne ne connaissait le scenario. C’est probablement le sentiment qu’une ouverture graduelle n’était plus possible qui a poussé les peuples à agir avec tant de détermination.
 
L’Europe soutient ces processus démocratiques et se tient prête à répondre aux demandes qui lui seront formulées. Nous pourrions apporter une aide pour le bon déroulement des scrutins électoraux à venir. Dans le domaine de l’organisation de l’Etat, il existe une volonté en Tunisie et en Egypte d’évoluer vers plus de déconcentration ou de décentralisation. Nous avons une certaine expérience dans ce domaine. Enfin, nous avons la possibilité de proposer des formations aux nouveaux acteurs, notamment en matière de structuration des partis politiques. J’ai déjà commencé à le faire en ma qualité de Secrétaire général de l’UMP.
 
Le soutien économique est également une impérieuse nécessité dans ce contexte particulier si nous ne voulons pas que les extrémistes confisquent la démocratie. C’est tout le sens du « partenariat de Deauville » lancé par le Président de la République  à l’occasion du G8 qui s’est tenu les 26 et 27 mai derniers.
 
Comment percevez-vous l’évolution de la diplomatie française à l’égard des partis islamistes dans le contexte actuel ?
 
Le printemps arabe a été l’occasion d’une prise de conscience pour la diplomatie française : les relations bilatérales ne peuvent se limiter à leur dimension purement étatique. Une place plus importante doit être accordée à la société civile, aux ONG, aux réseaux sociaux… Faut-il inclure les extrémistes parmi les forces auxquelles il faut parler ? Je m’interroge, veillons à ne pas basculer d’un extrême à l’autre. Je voudrais rappeler que les extrémistes ne sont en rien à l’origine du « printemps arabe » qu’ils tentent aujourd’hui de récupérer.  En outre, le dialogue suppose au préalable un accord sur le respect effectif des règles et de la culture démocratique, notamment la place et le rôle de la femme dans la société.
 
L’UPM est-elle toujours d’actualité dans le contexte actuel né des révolutions arabes ?
 
Le printemps arabe vient confirmer que l’UPM est un projet visionnaire car il rapproche encore davantage la rive nord et la rive sud déjà unies par une histoire et une culture communes. Néanmoins, les pays de la rive sud, confrontés à la délicate transition politique, concentrent logiquement leurs efforts sur la situation interne. Une fois cette phase achevée et notamment la tenue d’élections libres et sincères, il sera opportun et nécessaire de relancer l’UPM.
 
Depuis quelques mois, les relations algéro-françaises connaissent un nouveau départ. Mais les échanges se concentrent uniquement sur l’aspect économique. La France ne commet-elle pas l’erreur de réduire sa relation avec l’Algérie à la négociation de contrats commerciaux ?
 
Je pense qu’il ne faut pas opposer les aspects économique et humain.  J’en veux pour preuve le grand succès de la mission conduite par M. Raffarin côté français et M. Benmeradi côté algérien. L’objectif est d'accompagner de grands projets d'investissements français en Algérie. Chacun de ces projets est créateur d'emplois, de formation professionnelle, de transfert de technologie et pourrait constituer la base sur laquelle se crée une véritable filière industrielle. Les projets se débloquent, avec à la clé des emplois et de la formation pour les Algériens ; le Forum des PME a permis de nouer 4.300 contacts d'où naîtront de futurs investissements. On peut aussi relever que, dans l'ensemble, les 430 entreprises françaises présentes en Algérie réinvestissent 80% de leurs bénéfices dans le développement du pays. A mon sens, c'est la meilleure réponse que la France puisse apporter pour être aux côtés de l'Algérie, face aux attentes qui s'expriment. Dans le même temps cette mission a permis de créer un climat de confiance qui explique en grande partie l’embellie réelle de notre relation bilatérale.
 
En Algérie, la politique française en matière de circulation des personnes et d’immigration est souvent critiquée…
     
La France délivre près de 140 000 visas par an, pour environ 200.000 demandes. Le taux de refus diminue, nous délivrons de plus en plus de visas de circulation et nous avons fait un effort important pour améliorer les conditions d'accueil, notamment par le recours au prestataire Visa France. L'Algérie bénéficie en outre d'un régime favorable pour les visas de longue durée et pour le séjour, conformément aux accords de 1968 que nous sommes prêts à améliorer encore, pourvu que nos préoccupations soient prises en compte, conformément au principe de réciprocité. D’un point de vue personnel, je pense que la renégociation de l’accord de 1968 doit être l’occasion d’améliorer la mobilité des chefs d’entreprise, des chercheurs, des artistes.
 
Votre parti, l’UMP, a organisé des débats en France sur la laïcité et l’identité nationale, perçus - malgré vos démentis- comme une manière de stigmatiser les Français d’origine maghrébine….
 
Dire que nos débats ont stigmatisé les Français d’origine maghrébine, c’est reprendre mot pour mot la campagne de désinformation du PS… La réalité est tout autre : débattre sur l’identité, c’est se demander ensemble sur ce que signifie être Français aujourd’hui. Cette réflexion vaut pour tous les Français d’origine maghrébine ou non, sans discrimination. Nous avons réfléchi sur le concept de la laïcité qui n’est pas une « arme » contre les Français musulmans, mais un principe fondateur de notre République qui s’applique à tous les Français, croyants ou non croyants, sans aucune stigmatisation.  Notre but est d’établir des règles claires afin d’organiser un Islam de France qui permette à nos compatriotes musulmans d’exercer leur culte en toute liberté, au même titre que les catholiques, les juifs ou les protestants. C’est une question d’égalité républicaine et de justice parce que la majorité silencieuse des Français musulmans n’en peut plus d’être la cible d’amalgames à cause des pratiques inacceptables d’une poignée d’extrémistes  et de l’exploitation outrancière qu’en fait le FN qui en profite pour véhiculer un message outrancier de rejet total de l’Islam.
 
La vérité, c’est que si l’UMP ne s’empare pas de ces thèmes avec mesure, elle les abandonne au FN, qui, de son côté n’hésitera pas un instant à utiliser tous les amalgames et toutes les outrances pour diviser les Français en désignant nos compatriotes musulmans comme des boucs-émissaires. Ce n’est pas ce que nous voulons. A l’UMP, nous avons toujours considéré que les Français d’origine maghrébine ou les Français de confession musulmane ne sont pas des Français à part, mais des Français à part entière.
 
Quelle place comptez-vous donner aux Français issus de l’immigration dans votre parti ?
 
L’UMP leur est ouverte comme à tous les Français, sans exception. En revanche, il est clair que quand un Français issu de l’immigration s’impose naturellement comme un leader, nous allons tout faire pour l’aider ! A l’UMP, il n’y a pas de barrière pour ces Français : la trajectoire de Rachida Dati, d’origine algérienne par sa mère, en est l’illustration. Nicolas Sarkozy en fait sa ministre de la Justice. Nora Berra, secrétaire d'Etat à la santé, en est un autre exemple.
 
L’Algérie vient de fêter le 49e  anniversaire de son indépendance. Le FLN vient de demander une nouvelle fois des excuses de la part de la France. Cette demande a-t-elle une chance d’aboutir un jour ?
 
L'histoire est clairement un sujet difficile entre nous. Mais c'est aussi l'histoire qui explique l'exceptionnelle proximité entre nos deux pays aujourd'hui, la dimension humaine de notre relation, la fascination que votre pays exerce sur les Français. C'est donc aussi un atout. Nous sommes prêts à regarder notre histoire en face : le Président de la République a dit, en Algérie (ndlr : à Constantine en 2007), que « le colonialisme était un système injuste qui ne pouvait qu'être vécu comme une entreprise d'asservissement ». Deux Ambassadeurs ont qualifié les massacres du 8 mai 1945 de « crimes inexcusables ». Nous avons mis en place un dispositif d'indemnisation des victimes des essais nucléaires et de leurs ayant-droits, qui est non discriminatoire et auquel les Algériens peuvent prétendre.
 
Je formule le vœu que le cinquantenaire soit un  moment de commémoration mais aussi et surtout de réconciliation entre les acteurs du conflit. J’ai une pensée pour ceux qui ont laissé leur vie dans ces combats et pour ceux qui ont quitté de manière tragique ce pays mais qui ont toujours l’Algérie au cœur. Nous sommes prêts à aller plus loin : l'accès aux archives, en particulier, peut être encore facilité. En revanche, nous n'entrerons pas dans une démarche de repentance, car c'est sortir du champ de l'histoire pour entrer dans celui de la polémique, et ce n'est pas une façon de faire avancer la relation entre nos deux pays. Il grand temps d’aller de l’avant plutôt que de regarder dans le rétroviseur.

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