Par : Hana Menasria
“Nous avons engagé des avocats pour que la vérité fasse surface. Ces avocats vont ouvrir une enquête pour trouver les documents qui nous ont été cachés. Nous n’avons pas les bonnes informations”, a déclaré Chérif, résidant à la cité Bois-des-Pins d’Hydra. Cette déclaration a été faite, hier, sur la place de la cité, lors d’une conférence de presse tenue par les habitants du Bois-des-Pins. La rencontre entre dans le cadre des évènements survenus dimanche dernier, après l’abattage des arbres de la forêt, qui a provoqué un affrontement sans précédent entre les casques bleus et les habitants de la cité. Et d’ajouter : “Les autorités n’ont pas respecté le cadre juridique. Avant d’entreprendre des constructions, il faut l’accord des habitants. Il n’y a eu aucune affiche et, pire, on n’a vu aucun élu sur les lieux.” Les résidents de ce quartier fort nombreux, hier, lors de la conférence de presse, se plaignaient de ne pas être informés du projet. “Nous ne savons pas s’ils vont construire un parking ou alors un centre commercial !” s’insurgent-ils.
En colère et en désarroi sur “ce carnage écologique”, ils se demandent où sont passées les autorités concernées. “Où est Chérif Rahmani, le ministre de l’Environnement et les associations concernées ? Que font-ils ? Le seul objectif de ces quatre mille habitants est de protéger cette forêt, on ne sait pas qui détient ce projet ! Nous sommes dans l’ignorance totale.” Ayant reçu des coups de matraque, le jeune Mohamed insiste : “s’il le faut, on replantera les arbres nous-mêmes. On se battra jusqu’à notre dernière goutte de sang pour ce parc.” “Ils ont mis une affiche, mais la nature des travaux n’était pas spécifiée. Alors on a créé un comité de quartier et une pétition de 4 500 personnes a été signée. Le wali délégué de Bir-Mourad-Raïs avait promis d’ouvrir une enquête”, a déclaré Abdelghani, membre du comité. Et d’ajouter : “Après 17 jours, le médiateur du wali nous a demandé de patienter un peu ; quelques jours après les travaux ont commencé.”
Pour rappel, dans la nuit du 10 juillet, des affrontements violents ont eu lieu entre les habitants de la cité aux forces de police qui avaient “envahi” le quartier. Le 10 du mois courant, un millier de casques bleus ont débarqué au Bois-des-Pins pour “protéger” les ouvriers armés de leur scie et qui ont fini par couper 80 arbres centenaires. “Les policiers se sont introduits dans nos maisons, ils ont insulté nos femmes et nos mères. Ils ont même tabassé des femmes et des enfants. On était pacifique, nous voulions seulement protéger nos arbres”, a déclaré Mohamed. Lors de cette intervention musclée, des dizaines de personnes ont été gravement blessées. “Quand on a entendu qu’ils coupaient les arbres, nous sommes sortis pour voir. Ils nous ont frappés et criaient : Nous allons dire que vos jeunes sont des voyous. Ils ont fait pire que les colons”, a signalé une femme âgée avec plusieurs hématomes sur le visage. La destruction de ce parc, qui existe depuis plus d’une quarantaine d’années, a provoqué le malheur de ses habitants. “Nous ne demandons pas de logements ou du travail, nous voulons seulement retrouver notre forêt. Je pense que nous sommes les seuls Algériens à nous battre pour des arbres. C’est le poumon d’Hydra”, a signalé Chérif, avec amertume. En attendant de voir la situation se régler, une lettre ouverte a été adressée au président de la République pour tirer cette histoire au clair.
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kj