Lakhdar Bouregaâ, ancien commandant de l’ALN, à TSA :
Mohamed Belalia
Lakhdar Bouregâa a sévèrement critiqué, dans un entretien à TSA Arabi (lire l’intégralité de l’entretien), le dialogue politique initié par le président Abdelaziz Bouteflika. « Le pouvoir dialogue avec lui‑même. Nous avons vu Abdelaziz Belkhadem discuter avec Abdelkader Bensalah et ce dernier recevoir Ahmed Ouyahia », explique l’ancien commandant de l’ALN et membre fondateur du FFS.
M. Bouregaâ estime que « le véritable dialogue devait être mené avec ceux qui portent un autre avis, qui ne sont pas convaincus, pour arriver à des résultats consensuels ». « Ces discussions, ces réformes et l’Alliance présidentielle se font sur le dos des imbéciles qui croient encore aux promesses et aux engagements de ce pouvoir », a‑t‑il ajouté. Pour Lakhdar Bouregaâ, le pouvoir a lancé le dialogue actuel pour se maintenir. L’ancien commandant de l’ALN se prononce en faveur d’un dialogue sans exclusion, y compris avec l’ex‑FIS.
Pour lui, la corruption s’est démocratisée sous le règne de Bouteflika. « Du temps du président Boumediene, la corruption était centralisée et Boumediene connaissait les corrompus. Avec Chadli, la corruption s’est décentralisée. Sous le règne de Bouteflika, la corruption et les passe‑droits se sont généralisés », a déclaré Bouregâa qui a dénoncé l’impunité des corrompus et le silence des députés et de la justice sur le développement de ce phénomène. « Durant la révolution, des moudjahidine ont été exécutés et accusés de haute trahison pour deux dinars et aujourd’hui des milliards sont volés et personne n’en parle », a‑t‑il regretté. M. Bouregâa estime que le scandale de Sonatrach a été traité comme une affaire familiale. « Chakib Khelil fait partie de la famille de Bouteflika. Il n’a pas été inquiété et personne ne lui a demandé des comptes », a‑t‑il ajouté.
Pour Lakhdar Bouregaâ, après un demi‑siècle d’indépendance, il est inconcevable qu’on continue à parler de la légitimité historique qui doit laisser la place, selon lui, à la légitimité populaire. « C’est au peuple de choisir ses dirigeants et non le contraire. Aujourd’hui, on voit que ce sont les dirigeants qui choisissent leur peuple », a‑t‑il remarqué.
L’ancien commandant de l’ALN a enfin déploré l’inexistence d’une véritable société civile en Algérie. « Il y a chez nous un peuple et un régime, avec une administration au milieu. Cette administration avec sa lourdeur s’est retrouvée, seule en face du peuple, en l’absence d’une société civile », a‑t‑il expliqué.
Dans cet entretien, Lakhdar Bouregaâ revient également sur les dernières déclarations de l’ancien président Ahmed Benbella, la polémique entre Yacef Saadi et Louisette Ighilahriz ainsi que le conflit au sein du FLN.